mercredi 8 septembre 2021, par
Dans un contexte peu avouable, Pierre Louÿs a parlé du verre d’eau qui désaltère de l’alcool. Si on ne peut pas vraiment parler d’eau tiède pour un album aussi réussi, c’est aussi et surtout en tant que pause bienvenue parmi des écoutes plus rudes que constitue le second album de la Française. Et puis si on en parle, c’est qu’il y a vraiment matière à s’enflammer.
Ce site s’est fait une spécialité des sorties confidentielles. Pas seulement par indécrottable snobisme mais la fréquentation assidue des musiques alternatives pendant 20 ans modifie sensiblement et durablement les goûts. Mais parfois une écoute opportune vient mettre un coup de projecteur sur un album largement diffusé. Il faudra le recul de l’histoire pour le garantir, mais Respire Encore se pose en hymne du déconfinement, en espoir de bribes d’avant retrouvée. Ce morceau a servi de sésame, de porte d’entrée à un album qui n’arrive pas à lasser.
Comment faire pour surmonter un premier album à succès ? En faisant mieux, tout simplement. Si le premier était bien balancé, la comparaison entre ses morceaux et ceux-ci ne laisse pas de place au doute, tout est monté de deux crans. On retrouve un goût prononcé de la belle ouvrage, avec deux tendances françaises, à savoir une nostalgie de la pop orchestrée des années ‘70 mais qui ici s’exprime dans un discret foisonnement, pas une débauche de cordes. Ensuite une place prépondérante pour la basse, instrument qui occupe avant-postes de compatriotes comme L’Impératrice, VKNG ou Isaac Delusion. Le spectre de Françoise Hardy plane sur une bonne partie de l’album (La Place) et si ce n’est pas exactement notre artiste de chevet, force est de constater que c’est une comparaison élogieuse. Et puis on sent un ton ‘adulte’ qui peut aussi faire plaisir.
Tout comme le point de vue féminin. Si La Grenade était devenu l’emblème de causes presque par accident, Cœur est par contre très conscient. C’est suffisamment suggéré pour ne pas être lourd, mais inratable une fois qu’on s’en est rendu compte. Le tout dans un morceau catchy en diable qui lance en fanfare l’écoute. Le Reste en chanson de rupture sans acrimonie achève de nous faire entrer dans l’album et finalement, à chaque fois on ira au bout, jusqu’Au Revoir, logique issue.
Le Chanteur est un peu le pendant féminin de Son Idole, avec la même mise en évidence du miroir aux alouettes. Sa vie sentimentale à elle ne semble pas celle-là comme en témoigne le magnifique J’Sais Pas Plaire qui trouve le ton juste et touchant. Pour le reste, elle sait que le mélange de tempo et d’accords mineurs fonctionne toujours à plein (Bandit). Cet album reste très compact et c’est une force, pour que la cohérence ne se transforme pas en répétition. Pour ça, les variations de tempo sont là aussi, tout comme Julien Doré qui fait le boulot sans cabotiner sur Sad and Slow.
Vous l’avez sans doute compris, cet album qui promettait sur foi de singles est marquant. La Victoire de la Musique 2022 est sans doute d’ores et déjà pliée. Une réussite commerciale, critique et publique, c’est suffisamment rare pour ne pas passer à côté.
Jeanne Cherhal est une chanteuse moderne. Elle n’a en tous cas jamais reculé devant la dualité entre chansons d’amour et chansons sur la condition féminine, on ne décèle ici aucune déviation de sa trajectoire en la matière. Paradoxalement, c’est le conseil mal informé d’un exécutif de maison de disque qui lui a suggéré que ça pourrait être pas mal, pour elle, d’écrire des chansons féministes (…)
“Un disque de rock’n’roll en solo. Tout comme le chanteur sur la pochette n’est pas Chuck Berry, l’oiseau n’est pas un marabout mais un jabiru d’Amérique.”
Même la lacunaire introduction est du Nicolas Jules pur jus, ça ne change pas. Ce qui change, et c’est une excellente nouvelle c’est que ses albums sont disponibles sur Bandcamp, qui reste une façon efficace de soutenir les artistes et (…)
Normalement, on se concentre exclusivement sur l’aspect musical des choses. Même les musiques de film, série ou danse sont vues pas le simple prisme auditif. On va faire une exception ici parce qu’on l’a lu, Mes Battements d’Albin de la Simone. Et on a bien fait tant c’est un bonheur de sincérité et d’humour. Ce sont des anecdotes, un peu, des histoires courtes, des instantanés écrits et (…)
Oui, les choses changent, même pour les compagnons musicaux de longue date. Et même après une dizaine d’oeuvres relatées ici, on constate ce changement dès la pochette. On passera sur le changement de police de caractère pour se concentrer sur les visages, présents pour la première fois. Et puis constater que Laurent Leemans n’est plus seul à bord, même si les autres noms ne sont pas (…)