mercredi 9 février 2022, par
On ne se rend pas toujours compte à quel point une formation peu exposée médiatiquement a pu colorer le son d’une époque. Certes, sa sphère d’influence ne s’est jamais étendue jusqu’au mainstream mais pendant plusieurs années, il était difficile d’écrire une critique en faisant l’économie d’une référence à la formation de Baltimore. Que ce soit littéralement (Leaf House) ou de façon plus diffuse. Et avec le recul, c’est sans doute l’album d’un des membres d’Animal Collective qui a sorti la pierre de touche de l’époque avec Person Pitch.
Cette époque où on pouvait parler de weird folk pour une musique totalement dépourvue d’instruments acoustiques est maintenant révolue et leur évolution est patente. Exit donc le côté Beach Boys sous acide. Plus de mélopées lancinantes non plus, ils poursuivent leur voie plus frontale. Si la forme est volontiers aventureuse, voire expérimentale, le fond est résolument pop, et ce cross-over plait toujours autant. Maintenant plus que jamais. S’ils avaient déjà lancé cette voie avec Painting With, ils dévient maintenant sensiblement du format court. On retrouve donc des pop-songs ensoleillées si on admet qu’elle peuvent faire près de 8 minutes.
C’est toujours de la musique à plusieurs niveaux de lecture. Arrangé au premier degré, il est probable que Strung With Everything ne puisse pas séduire aussi assurément. Les poussées psychédéliques prennent tout leur sens avec une science du son aussi poussée. Il y a toujours ce seuil d’euphorie en dessous duquel on a simplement un morceau plaisant comme Passer-By. Mais ne jamais descendre en-dessous de ce standard est déjà une performance en soi.
Cherokee se présente comme le morceau central de l’album même s’il n’est pas celui qui marquera le plus. Le cheminement de l’album est clair, évoluant vers plus d’apaisement. Placer Royal and Desire au début n’aurait pas incité à la fête. En sortie d’album, il est le morceau de récupération attendu. Prester John lancé il y a quelques semaines était clair sur ces intentions. Il se permet quelques giclées d’euphorie dictées par une basse solide. Et puis qui ose se lancer un single de six minutes et demi qui se termine dans un ambient floydien ? D’ailleurs, le jeune Pink Floyd n’est jamais loin, mais passé au travers d’un demi-siècle d’évolution électronique.
Moins exposé que par le passé, Animal Collective reste un grand groupe. On le sait à leur façon d’évoluer selon leurs seuls critères, sans suivre aucune mode (qu’ils lançaient). Plus aventureuse et plus accessible à la fois, elle garde toute sa pertinence et sa singularité en 2022. Si tous les groupes autrefois de pointe pouvaient garder cette verve, on les suivrait tous avec plus de sérénité.
Bien honnêtement, quand on a découvert Beirut en 2006, on ne se doutait pas qu’on allait suivre le jeune Zach Condon pendant plus de 17 ans. Cette musique fortement influencée par les fanfares balkaniques a suscité d’emblée l’intérêt mais le procédé semblait trop étriqué pour s’inscrire dans la longueur. On avait tort, forcément, et ceci en est un nouveau rappel.
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