mardi 19 avril 2022, par
Watch and Pray est dédié à sa mère Birgitta Åhlén (1940-2021) et à sa sœur Tabita Green (1974-2020). Il ne faut pas longtemps pour noter qu’il est marqué par le deuil. Mais le ton, très mélancolique n’en est jamais plombant pour autant.
La voix du chanteur suédois est haut perchée comme celle qu’on entend chez des auteurs précieux comme Novo Amor, Ed Tullett ou Perfume Genius. Ces altitudes sont fréquentées par des falsettos de haut vol quoiqu’il en soit. Cette délicatesse est aussi rehaussée d’une complexité de bon aloi. Mais l’enrobage plus organique (avec de la harpe, notamment) pour un résultat encore plus intime. Il va de soi que la beauté de ces quatre titres frappe d’emblée. On aime s’y lover et la délicatesse du propos est bien relevée de structures plus fouillées qu’il n’y paraît.
Ce qu’on entend sur le quatrième album de l’Italienne installée à Brooklyn Laura Loriga est définitivement joli, avec un orgue qui donne la coloration de l’album. Balmaha semble ainsi échappé d’un ancien Marissa Nadler mais le résultat peut être un peu psychédélique (August Bells).
C’est une musique un peu hantée, d’obédience folk au sens large, dans l’acception qui peut englober Nadine Khouri, avec une façon de chanter pas toujours éloignée de Marie Modiano, même si la voix monte parfois de façon un peu optimiste (Citizens). Elle peut aussi alterner les façons de chanter, passant d’une voix de tête à quelque chose de plus subtil qu’on préfère (Door Ajar)
Il n’est pas compliqué de faire une place à notre nouvelle copine Laura dans notre discothèque. Le côté moins positif est que ces étagères-là sont déjà bien fournies en chanteuses dont certaines ont sérieusement haussé le niveau.
Le trio formé de Roamin Hoedt, Stéphane Rondia (Leaf House) et Sébastien von Landau (The K), formé à Jérusalem et installé à Liège revient et reprend les choses où on les avait laissées en 2017 pour un premier album qui avait déjà impressionné. Pour être précis, ils étaient déjà revenus en 2021 avec une collaboration avec la chanteuse israélienne Tomer Damsky.
On retrouve avec plaisir ce trip très orientalisant mais dénué des poncifs du genre. La structure de l’album est identique aussi avec deux morceaux de plus de 18 minutes. C’est lent, c’est lourd, c’est majestueux et forcément il y a des soubresauts, mais plutôt en mode tellurique. Les structures de sons de guitare sont appuyées par des cuivres et la majesté emporte forcément l’adhésion. Donc quand ça pousse, ça pousse fort, comme du Godspeed. Evidemment, le public est le même, celui qui sait prendre son temps et trouvera ici un solide voyage à se mettre sous la dent.