mercredi 23 mars 2022, par
Le spectaculaire ne devient pompier que quand il est mal fait. C’est une leçon que connait bien Cloud Cult, la formation du Minnesota menée par Craig Minowa. On pense d’abord les retrouver dans une volonté plus intime avant que ce Metamorphosis prenne définitivement son envol.
La voix est plus éraillée que jamais et il y a toujours une profondeur chez eux, un questionnement qu’on ne retrouve que peu ailleurs avec la même acuité. Le tout avec un violon qui vrille, une façon d’instiller l’émotion par petites doses pour que la solution percole à plein (When You Reach The End), sans dériver vers le long morceau pompier. Et l’intimité fait place à l’ampleur, jamais au pathos.
Quand ça parle de paternité, c’est plus poignant que la berceuse standard (Back Into My Arms) et on ne peut qu’être désarmé par la franchise de Victor dédiée au père de Minowa.
There’s an old farm road that’ll lead your ghost to heaven / But I know you’re a little afraid / I wish I could still be that kid in the back of your Buick / Making sure you get there okay.
Ce sont les pensées d’un homme seul peut-être mais le sens du collectif est indéniable et culmine sur des morceaux comme l’opportunément nommé Bigger Than Me. Et il y a d’autres sommets comme le magnifique Song From Oblivion. Parce que les mélodies sont souvent renversantes (The Best Time) notamment.
One Way Out Of Hole rappelle forcément qu’on a aimé Arcade Fire il y a quelques années. On retrouve cette verve avec un plaisir immense en tous cas. Mais ce n’est pas la débauche d’effets tout le temps pour autant. Un violon, une guitare et c’est presque tout pour rendre Lady of the Hill tellement attachant avant d’encore une fois la tirer vers le haut. Et on décide de les suivre, résolument, sans aucune réticence. Et plusieurs écoutes plus tard, le doute n’est pas permis, c’est un de leurs grands moments discographiques. Et un des sommets de 2022, déjà.
Si cette verve, cet héroïsme fait maison de Cloud Cult ont un parfum de noughties, il faut constater que la formation du Minnesota n’a rien perdu de son sel et de son intérêt. Entre les thèmes tellement personnels et universels et une interprétation dont la vie elle-même semble dépendre, ils rétablissent avec l’auditeur des liens qu’on imagine indéfectibles. C’est beau et c’est fort...
A une époque où la modernité n’est plus une vertu cardinale, il peut être étonnant de retrouver cette conjonction de talents (Avey Tare, Panda Bear, Deakin et Geologist) aussi en forme après près d’un quart de siècle d’existence. Avec Time Skiffs, on pouvait clairement parler d’une nouvelle période pour le groupe, un revirement vers plus de musique ‘figurative’ par opposition aux brillants collages (...)
L’artiste qui aura fait le plus parler de lui en 16 mois est un prix qui ne rapporte rien sinon des critiques multiples et sans doute un peu de confusion de la part d’un lectorat débordé. Bref, après avoir pris congé de Soft People, l’actif Caleb nous a donné un album un opéra rock Beatles queer puis deux EP qui mélangeaient chansons et poèmes autour du personnage semi-autobiographique de Chantal. Sa (...)
Chez Sufjan Stevens, il y a les choses qu’on admire et celles qu’on adore et ce ne sont pas nécessairement les mêmes. Et si chez les fans de la première heure le meilleur était au début, c’est sans doute son fantastique Carrie and Lowell qui a été le plus acclamé et est considéré comme la ‘base’ de son style. Parce que Sufjan, c’est bien plus large que ça, entre albums hénaurmes et risqués, ambient pas (...)
Oui oui, Will Buttler a fait partie d’Arcade Fire qu’il a quitté l’an passé (avant les accusations). Certes, sa voix n’est jamais très éloignée de celle de son frère Win mais si on vous reparle de lui, c’est que ses deux albums précédents avaient laissé un excellent souvenir. On va tout de suite évacuer les ressemblances avec le super-groupe de Montréal en constatant que ce qu’on entend est une version (...)