vendredi 1er juillet 2022, par
Sympathie, voilà le sentiment qui domine à l’écoute de cet album du septette bordelais. Avec un effectif pléthorique on s’attendrait à quelque chose de tarabiscoté ou un humour plus cérébral et il n’en est rien. Si la bonne humeur est communicative, on aime cette façon de s’amuser en le faisant très sérieusement. Ce qui laisse une chance à cet univers doux-amer et musicalement solide pour percoler.
Il s’en dégage une étrangeté pop synthétique, un peu comme si les Brochettes avaient eu une formation jazz, avec de vraies réussites qui poussent le concept un peu plus loin. Le Jacques Revient De La Pêche est terrible parce que le ton est un peu inquiétant par rapport avec le propos. Au Cinéma est un morceau de pop finalement plus prenant et marquant qu’on ne l’aurait pensé. L’émotion n’est jamais aussi forte que quand elle n’est pas forcée. L’orgue a une place centrale dans ce mélange qui vire au krautrock par moments. Bref, c’est un album sur lequel on a aimé revenir encore et encore, parce que le sourire est une vertu cardinale.
Si on ne connaissait pas trop Matteo, il a su nous mettre tout de suite à l’aise sur son premier album d’une diversité et personnalité remarquables. La belle intro mélancolique et dense nous chauffe un peu avant que Prumirim lance le groove avec l’aide de General Elektriks, avec une classe certaine.
Il y a aussi des ‘chansons’ comme Sweet Shadows avec Isadora Matteo. C’est ce morceau-là qui nous avait donné envie d’en savoir plus et on a eu raison. On note aussi de belles teintes orientales dans le gimmick
de With S et évidemment quand la chanteuse libanaise Tania Saleh prend les commandes de Shkakeen. A l’opposé on apprécie aussi le lointain et heureux souvenir de choses subtiles comme Manyfingers sur Path. L’été est là et a forcément besoin d’une bande-son que Matteo et ses copains nous fournissent gracieusement.
On savait en découvrant Angel Olsen qu’on y reviendrait tôt ou tard. Pourtant elle a déjà abordé quelques virages depuis le dernier album. Exit donc les tentations eighties de son brillant EP Aisles, la voici dans le versant plus sixties des chanteuses personnelles qu’on chérit tant.
Cet album produit par Jonathan Wilson est tellement classique qu’on a l’impression de connaitre déjà All The Good Times. Cette relecture des années ‘60 qu’on apprécie également chez First Aid Kit. La voix y ramène parfois d’ailleurs. Nos oreilles européennes vont sans doute moins apprécier quand les marqueurs plus frontalement country (slide guitare, ce genre) sont présents. Ou à tout le moins ces morceaux semblent plus convenus.
Mais on est là pour autre chose comme la beauté pure d’All The Flowers et on aime quand elle quitte sa discrétion et se fait plus insistante sur le poignant Go Home ou quand elle rehausse de cordes soyeuses sa voix qui pousse ou pas sur Chasing The Sun. Bref, c’est la confirmation d’une amitié musicale faite pour durer.