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Jungstötter - Air

lundi 26 juin 2023, par marc


Quand on a découvert Jungstötter, c’était presque trop beau pour être vrai. En se situant aux confluents de tant de choses qu’on aimait comme Patrick Wolf ou Soap&Skin (dont il a assuré les premières parties) ou Anohni, il a délivré avec Love Is un de nos albums préférés de ces dernières années. C’était aussi l’occasion de retrouver des collaborateurs talentueux comme P.A. Hülsenbeck qui d’ailleurs est toujours là.

Les cheveux de Fabian Altstötter ont poussé mais le style musical reste le même. Avouons-le d’emblée, ceci est moins à même de tester la nature érectile des poils de bras mais c’est une impression subjective qui n’est que le reflet d’un léger changement de cap volontaire, un virage vers des morceaux moins frontaux.

Cet album est en effet plus soyeux, les montées de Know sont moins abruptes, et si ça aide à établir la belle langueur de Ribbons, les ruptures de Sensations sont plus policées aussi. Les sons toujours au top et les morceaux sont truffés de trouvailles en arrière-plan, les ambiances sont faussement feutrées mais très intranquilles. Le mystérieux Burdens propose ainsi des ruptures franches et presque dissonnantes et chaque morceau est relevé comme Nothing Is Holy qui est gratifié de quelques effets sur la voix ou Trasher Swath qui déploie ses cordes soyeuses

Moins frappant mais peut-être plus personnel, le second album de Jungstötter est sans doute une œuvre de transition, moins bouillant mais fournissant beaucoup de matière pour une suite qui sera forcément brillante.

    Article Ecrit par marc

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