lundi 18 septembre 2023, par
Dans une ère où toutes les émotions sont passées sous l’éteignoir d’une production qui lisse, il est plaisant de rencontrer des voix (forcément) discordantes comme celle de la Néo-Zélandaise Sarah Mary Chadwick sur son huitième album solo. On se frotte d’emblée à ce ton naturaliste et direct qui n’est pas sans rappeler Frida Hÿvonen. Frontal donc, d’une sincérité qui peut aller jusqu’au malaise. La dernière fois qu’on avait ressenti ça c’était pour Phil Elverum qui détaillait son deuil.
On dénote aussi un grand sens de l’emphase sur Drinkin’ on a Tuesday, qu’on retrouve aussi au détour de Only Bad Memories Last (et sa profession de foi I’d rather be suicidal than boring) ou Sometimes I Just Want To Feel Bad. Vous aurez compris à la lecture des titres que ce n’est pas exactement un exercice de développement personnel. Le côté face, c’est qu’avec cet engagement, le chant s’échappe un peu (Shitty Town, encore un programme...) mais ça fait partie d’un tout. C’est comme si on reprochait à un journal intime d’avoir des pages écornées. Surtout si les mélodies sont bien là comme sur Don’t Tell Me I’m A Good Friend.
C’est ce qui rend cet album si attachant, même si ces poussées ne plairont pas à tout le monde, on s’en rend bien compte, surtout ceux pour qui la justesse est une vertu cardinale. Pour notre part, on accepte volontiers un peu de fausseté comme dommage collatéral d’un frisson. Pour le coup, elle ferait passer Regina Spektor pour Agnès Obel.
Il y a les artistes qui font une musique qu’on peut écouter partout et tout le temps, décorative parfois. Vous aurez compris que ce n’est pas le cas de Sarah Mary Chadwick dont l’univers réclame une attention et un investissement particuliers. Mais au bout, il y a une personnalité unique qui sourd de textes directs qui frappent fort et juste. Et une intensité qu’on ne rencontre pas souvent.
La nature a horreur du vide, l’industrie musicale encore plus. C’est donc une volonté de la maison de disques de propulser le crooner crépusculaire australien au sommet, déserté par des gens comme Leonard Cohen ou David Bowie pour d’évidentes raisons de décès. Et il semble que ça marche, cette sortie est précédée d’un abondant tam-tam. Pour le reste, c’est aussi la connivence qui va jouer. (…)
Un piano, une voix, voilà ce qui constitue le gros de ce premier album de l’Italien Michele Ducci. Mais il ne fait pas s’y tromper, celui qui était la moitié du groupe electro-pop M+A offre sur cette base un bel album d’une richesse réelle. Et surtout, on capte au passage quelques fort beaux morceaux.
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Une limitation connue de la critique est qu’elle intervient à un temps donné, dans un contexte. Or on sait que les avis ne sont jamais constants dans le temps. Ainsi si I am a Bird Now a beaucoup plu à l’époque, on le tient maintenant comme un des meilleurs albums de tous les temps, tous genres et époques confondus. Cette proximité crée aussi une attente quand que les Jonsons sont de nouveau (…)