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The Smiths : The Queen Is Dead (1985)

vendredi 23 juin 2006, par marc


Le choix ne sera discuté par personne de sérieux puisque cet album a été bombardé album de la décennie par ‘Les Inrockuptibles’, ce qui a donné lieu à un hommage où le meilleur (Placebo et Supergrass s’en sont très bien sortis) alterne avec le nettement plus lourdingue (un Divine comedy peu inspiré parti pour l’eurovision).

Quand on fait se rencontrer un vocaliste hors pair et un guitariste novateur, la magie n’opère pas forcément mais avec Morrissey et Johnny Marr l’alchimie a bel et bien eu lieu. Nous sommes en 1984 et leur premier album éponyme sonne le renouveau de ce qui sera (et est encore dans une certaine mesure – celui qui me parle de Duran-Duran se prend deux claques) LE son anglais des eighties. Originaires de Manchester, comme Joy Division (signalons par ailleurs que ce joli nom désignait le quartier des bordels dans les camps de concentration), comme aussi tout le mouvement ‘baggy’, Happy Mondays et Stone roses en tête qui vont s’engouffrer dans la brèche des groupes dansants avec des guitares. Celle de Marr a quelque chose de surnaturel et aérien. Servis par une section rythmique en béton, nos deux amis s’en donnent à cœur joie. Tranchant avec le jeu des guitar-heroes en vogue à l’époque, les solos sont ici proscrits. Etes-vous toujours un être humain si vous résistez à la bougeotte obligatoire que vous procurera Bigmouth strikes again ? Un coup d’œil aux paroles de ce monument vous convaincra de l’humour de Morrissey : ‘Sweetness, sweetness, I was only joking when I said I’d like to smash every tooth in your head…’

Puis viendront les albums de la confirmation et les innombrables collections de chutes qui constituent une bonne moitié de leur discographie. Mais que ce soit clair, il ne s’agit même pas de sorties posthumes quelconques mais de morceaux ne faisant pas toujours l’objet d’un album.

Le mélange d’un certain pessimisme des paroles (I know it’s over ou Last night I dreamt that somebody loved me) tranche avec le rythme enlevé. Pop oui, mais les esprits même gavés de rock de bas étage y voient tout de même un monument du spleen britton. Je veux seulement dire qu’on n’est pas ici chez les premiers Cure par exemple. Un morceau comme Some girls are bigger than others ne peut pas être foncièrement déprimant sauf pour les filles concernées bien sûr).

Il est deux ou trois groupes au sujet desquels je ne ferai jamais marche arrière et The Smiths berce ma vie depuis plus de dix ans. Aucun autre band ne refera Girlfriend in a coma, Girl afraid ou Still ill. (M.)

    Article Ecrit par marc

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2 Messages

  • The Smiths : The Queen Is Dead (1985) 28 novembre 2006 00:55

    Pour achever la critique de Marc, je dirai que "the queen is dead" n’est pas seulement le meilleur album de tous les temps sur lequel Oasis pleure pour ne pas avoir eu le talent de l’écrire, mais qu’il est le concept du désespoir, du romantisme, de la révolte et de la dérision, l’essence même de ce qui constitue le rock. A noter qu’à l’époque, seuls les barjos se gavaient des smiths et leur vouaient un véritable culte. Nous communions avec eux dans les pétales de fleurs.

    Morrissey reste grand mais inaccessible à ceux qui ne peuvent le ressentir dans leurs chairs. "To die by your side, such a heavenly way to die".

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    • The Smiths : The Queen Is Dead (1985) 2 décembre 2006 02:57, par Marc

      Merci pour le commentaire. Je préciserai d’abord que cette critique a été écrite il y a sept ans. Donc bien des albums me sont passés par les oreilles. Et celui-ci reste, comme tous leurs autres en fait. Les légions de suiveurs ne font que renforcer l’impression qu’il s’agissait d’un équilibre presque miraculeux. L’état de grâce ne devait malheureusement pas durer, puisque Morrissey, malgré un regain de forme, n’a jamais atteint ces sommets, et que Johnny Marr lutte depuis vingt ans pour avoir autant de présent que de passé.

      Tu fais bien de souligner la valeur d’archétype de The Smiths, ce aspect de mètre-étalon du spleen classieux. Ceci dit, j’ai découvert ce groupe cinq bonnes années après leur split, donc je n’ai pas pu lancer des pétales de fleurs aux grands garçons sensibles au moment opportun.

      « And I You Have five Seconds To Spare I Can Tell You The Story Of My Life »

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