Accueil > Critiques > 2024

Fink – Beauty In Your Wake

lundi 5 août 2024, par marc


Un écueil fréquent auquel se frottent les artistes à forte personnalité est la répétition. Quand on a un son bien défini, un univers particulier, les variations sont parfois trop subtiles pour être remarquées ou remarquables. Si vous avez écouté deux albums de Stereolab vous savez de quoi on veut parler. Si on identifie un morceau de Fink assez vite, il y a malgré tout suffisamment d’amplitude dans son style pour que les sorties aient toutes leur intérêt propre.

Ce style, on le connait maintenant bien et on ne sera évidemment pas déroutés par cette dixième parution de Fin Greenall, toujours flanqué de Tim Thornton et Guy Whittaker. Dans le contexte de l’album on notera qu’il a été enregistré dans un petit village de ses Cornouailles natales. Ce qui l’éloigne donc un peu plus du Berlin qui a vu le début de sa carrière en mode électronique. C’est sans doute ce parcours atypique qui a forgé sa spécificité. C’est en effet seulement sur son septième album Fink’s Sunday Night Blues Club, Vol. 1 qu’il a exploré un blues plus originel.

Cette veine plus sèche est aussi présente ici sur des morceaux comme The Only Thing That Matters ou Don’t Forget To Leave Well, avec (It’s Like You Ain’t Mine No More) ou sans arpèges. Dans un genre connexe, on pense aussi à José Gonzales pour le léger martèlement de Follow You Down.

What Would You Call Yourself fonctionnerait en tant que morceau acoustique mais ce serait moins marquant aussi. Et c’est ça aussi qu’on a toujours aimé chez lui. Be Forever Like a Curse est le genre de morceau qu’on est venus chercher, de ces petites pépites qui montent presqu’imperceptiblement et n’explosent jamais pour un effet maximal. Dans le même ordre d’idées I Don’t See You As The Others Do a aussi son petit pic d’intensité.

C’est peut-être parce que cette tension est subtile (sur One Last Gift par exemple) que cet album réclame un petit peu d’investissement. Il a fallu en effet quelques écoutes pour que le charme déjà présent se transforme en plaisir véritable. Il faut dire aussi que certains morceaux comme So We Found Ourselves peinent à se distinguer. Mais il n’en reste pas moins que le style toujours unique de Fink trouve ici quelques grands morceaux pour s’incarner et faire de cet album un plaisir annoncé.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Bright Eyes - Five Dices All Threes

    Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
    Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)

  • My Name Is Nobody - Merci Cheval

    La veille musicale est un engagement à temps plein. Une fois qu’on a aimé un.e artiste, il semble logique de suivre sa carrière. Pourtant il y a trop souvent des discontinuités. Mais il y a aussi des possibilités de se rattraper. La présence de Vincent Dupas au sein de Binidu dont l’intrigant album nous avait enchantés en était une. On apprend donc qu’il y avait eu un album en mars et (…)

  • The Decemberists – As It Ever Was So It Will Be Again

    Il y a quelque chose de frappant à voir des formations planter de très bons albums des décennies après leur pic de popularité. Six ans après I’ll Be Your Girl, celui-ci n’élude aucune des composantes de The Decemberists alors que par le passé ils semblaient privilégier une de leurs inclinations par album.
    On commence par un côté pop immédiat au très haut contenu mélodique. On a ça sur le (…)

  • Louis Durdek – Unnamed Road

    Les chanteurs français folk-rock qui s’expriment en anglais sont légion et nous ont déjà valu quelques bons moments. On ajoutera donc le Breton Louis Durdek à une prestigieuse lignée qui comprend aussi des artistes comme The Wooden Wolf, JJH Potter ou Gabriiel.
    Il est très compliqué de se singulariser stylistiquement sauf à quitter le genre, c’est donc la solidité des compositions et de (…)