Accueil > Critiques > 2024

A Place To Bury Strangers - Synthesizer

mercredi 6 novembre 2024, par marc


Pas même une seconde, A Place To Bury Strangers ne vous laisse aucune chance de mettre un orteil dans l’eau pour en sonder la température. D’emblée les guitares vrillent, le tempo frappe, les souvenirs de six-cordes douces comme du papier de verre reviennent très vite. Le groupe new-yorkais a toujours représenté une certaine idée de la radicalité. Leur déferlement il y a plus de 15 ans était une sacrée claque derrière les oreilles et s’ils ont pu évoluer, en faisant un hybride évolué et excitant. Pas vraiment noise, pas vraiment cold mais un peu tout ça à la fois.

Poursuivre à la fois des morceaux accessibles et des grosses guitares n’est vraiment pas une préoccupation récente. On peut citer le punk californien ou la dream-pop dans des genres contemporains aux résultats résolument opposés. La voie des New-Yorkais n’est évidemment pas de celles-là parce que les sons de guitare sont bien moins accessibles ou plaisants. Ne vous laissez pas tromper par le titre de l’album, on sait qu’une des activités du leader Oliver Ackermann est de produire des pédales de distorsion sous le nom de Death By audio.

S’ils se mettent plus franchement au synthétiseur, on se doute que le résultat ne ressemblera pas à Sabrina. Fear of Transformation est la transe robotique qu’on pouvait attendre de leur part. Alors oui, le son est parfois tellement présent qu’il peut prendre le pas sur le morceau (Bad Idea, terme prédestiné ?) mais c’est rare, le résultat peut aussi être plus éthéré. Enfin, Comfort Never Comes l’est à leur échelle. Et puis des morceaux comme Join The Crowd dégagent une densité assez incroyable.

A Place To Bury Strangers a toujours eu ce ’petit plus’ qu’il est facile d’identifier. Si on a par le passé constaté qu’ils avaient un peu arrondi les angles, ils poursuivent leurs quêtes parallèles de clarté (dans les morceaux) et de fureur (dans le son) avec un bonheur certain et une radicalité qui paradoxalement les rend attachants.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Thy Apokalypse – Fragment Troisième

    Les records sont faits pour être battus, les périmètres sont faits pour être étendus. Quand on a traversé le fleuve Trounce, on se retrouve sur les rives du Black Metal Industriel. Recréation d’une œuvre déjà sortie en 2013, cette sortie de Bitume secoue, c’est le moins qu’on puisse dire.
    A titre subjectif, le chant grunt ne sera jamais notre truc. Question d’habitude sans doute, on a même (…)

  • Trounce - The Seven Crowns

    Partons du principe que vous êtes aussi béotien.ne que moi. Le blast-beat est une technique de batterie qui superpose des doubles croches effectuées aux pieds et aux mains à un tempo élevé pour créer un mur du son. Bref, un hénaurme roulement de batterie supporte tous les morceaux, en permanence. Comme une fin de morceau épique qui durerait 44 minutes. A l’instar d’une plongée dans de l’eau un (…)

  • Evangelista - In Animal Tongue

    Beauté monstrueuse
    Parmi les labels chouchous des amateurs d’indé exigeant, nul doute que la maison canadienne Constellation fait partie des mieux cotées, que ce soit pour sa contribution à l’envol du post-rock ou son intransigeance. Connue – façon de parler – pour être la première artiste allochtone à s’y faire embaucher pour un CDI, Carla Bozulich s’est depuis lancée dans une pléthore de (…)

  • Wu Lyf - Go Tell Fire to the Mountain

    Much ado about nothing
    On va tout de suite se calmer. Dans une première moitié de 2011 qui proclame davantage la bonne forme des talents confirmés qu’elle ne révèle de nouvelles têtes essentielles, le premier album de Wu Lyf était attendu comme le messie par une horde de zombies en manque de chair fraîche et prêts à enfoncer des portes (ouvertes) au premier murmure de la hype. Ça, pour sûr, (…)