vendredi 15 novembre 2024, par
’Cette année c’est la bonne’. C’est ce qu’on s’est dit quelques fois avant d’abandonner l’espoir d’un nouvel album de The Cure. Lequel n’était même pas indispensable, on les sait toujours capables de longues tournées de longs concerts de longues chansons. Et puis l’intégrité de la bande de Robert Smith, pronant le ticket pas cher à l’heure des prix dynamiques ou privilégiant les longues intros à l’ère de Tik-Tok est tellement inattaquable qu’on savait qu’ils ne reviendraient pas avec un album au rabais. Et il est bien là, cet album tout frais et ne comptez pas sur nous pour apporter une note discordante au concert de louanges. Parce que ce premier numéro un des ventes en Angleterre depuis Wish (1992 tout de même) tient plus que ses promesses.
The Cure et 4:13 Dream avaient montré que The Cure pouvait évoluer. Ils avaient sans doute indiqué qu’il ne fallait peut-être pas non plus et restent moins présents dans le coeur des fans que, disons, Bloodflowers. Cet album qui apparaissait déjà comme un retour aux sources a cependant trouvé à qui parler avec ce Songs of a Lost World bien plus inspiré.
S’il est une chose que The Cure ne manque jamais, c’est une entrée en matière. 100 Years, The Kiss ou Open ne sont que quelques exemples d’une lignée dans laquelle Alone s’inscrit avec son introduction kilométrique. C’est ce morceau qui nous avait légitimement donné l’espoir et c’est par lui qu’on renoue.
Le dernier morceau Endsong est une de ces pièces épiques qui justifient la moindre seconde de ses 10 minutes. Ce riff est rien moins que déchirant. Parce que le temps a passé, et on sait mieux que jamais qu’’it’s all gone’ et ce mantra va nous hanter jusqu’à la fin. Cette musique qu’on a souvent découvert à l’adolescence tient d’ailleurs remarquablement la rampe pour ces adultes qu’il a bien fallu devenir.
Mais il n’y a aucun jeunisme là-dessous, on apprécie simplement différemment. A Fragile Thing est un morceau qui a l’allant de leurs bons moments, pas une version fade de beautés du passé. Parce que ce qu’on cherche, c’est éprouver de nouvelles émotions, pas seulement faire renaitre des émotions du passé. Et pour ça, il faut une qualité au moins égale, un écho affadi ne suffirait pas. Si on enchaine cet album avec Disintegration (oui, on l’a fait), la transition se fait sans heurt et si on peut aussi dire que la voix de Robert Smith est intacte, sa propension à produire un album compact et impeccable l’est aussi.
On est forcément tentés de trouver des ressemblances parce que beaucoup des marqueurs sont là, entre les guitares plus languissantes de Warning et le passage en force de Warsong. On retrouve aussi de la wah-wah sur Drone : Nodreone, un passage obligé. Et même les paroles nous rappellent qu’on a imprimé plus qu’on ne pensait des mots de Robert. De l’auto-référence jusque dans les paroles. Sans se lancer dans une exégèse, la répétition de She said nous renvoie à un classique tout comme I Can Never say goodbye rappelle un de nos morceaux préférés.
Etrangement, cet album a mis un peu de temps avant de révéler ses secrets. Une trop grosse dose à avaler pour une première fois ? Une compression exagérée du son ? On ne sait pas. Ce qu’on sait c’est que même ce qui n’a pas marqué plus que ça en première écoute s’est révélé rien moins qu’addictif. Au final, Robert Smith livre exactement l’album que les nombreux fans attendaient sans oser le dire tout haut, une occasion de décliner leur amour au présent. Et mine de rien, il s’invite dans la très courte liste des choses les plus délectables entendues en 2024.
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