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Kara Delik – Kara Delik

lundi 14 avril 2025, par marc


Comme c’est souvent le cas, découvrir un.e artiste implique de bien vite en découvrir d’autres projets. On vous parlait il y a peu d’Eilis Frawley et son atypique et attachant album et la voici en batteuse inspirée qui a une belle part dans la réussite de cet album. On entend clairement sa voix sur plusieurs morceaux Self Destruct mais elle n’est pas la seule à assurer le chant.

Quand les hommes chantent en Turc, le résultat est forcément fort différent et cette variété est inscrite dans l’ADN de la formation. Sur Conveyor, les guitares filandreuses, la rythmique complexe et sa diction gouailleuse se mêlent avec harmonie. On entend du rock donc, solide, à tendance psychédélique ou post-punk. C’est quand ils prennent de la hauteur comme sur Succession qu’ils donnent leur meilleur. Ou alors sur le planant Foreign Skies, qui se révèle tout doucement comme un grand morceau. Il suffit d’un riff sur Rince Wash Repeat qui tend plus vers un post-punk dont le fond d’aliénation par le travail rappelle que la substance est aussi une préoccupation du trio.

Cette façon de couper les élans, d’orienter les morceaux dans un sens puis dans l’autre est une autre des points marquants de cet album. Le tout sans que ce soit exagérément heurté. Certes, les lignes mélodiques n’apparaissent pas toujours limpides pour ceux qui comme nous quittent rarement la musique occidentale. Mais il est bon de se laisser dérouter, même si on se perd aussi parfois dans des morceaux plus tortueux et du coup moins emballants (Efe, Kandir Beni).

Entre rock psychédélique tendance kraut et chant turc, l’amalgame est complet ici, grâce à une force de frappe et le sentiment que le groupe sait exactement où il va et comment y aller. Au-delà de la curiosité, c’est un album solide et original, tout simplement. Comme il est fort dense, sa relative brièveté (35 minutes) est plutôt bienvenue.

    Article Ecrit par marc

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