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Matt Berninger – Get Sunk

vendredi 13 juin 2025, par marc


Pourquoi se lancer en solo ? C’est une question qui revient souvent pour les artistes ayant plusieurs projets en parallèle. Et la réponse varie en fonction de la personne, certes, mais aussi du contexte. Ce n’est évidemment pas pour combler un grand vide productif que Matt Berninger sort son second album sous son nom, The National est bien actif et au top de sa popularité comme en témoignait leur album live sorti fin 2024.

Pour encore plus brouiller les pistes, ses albums ne sont pas vraiment éloignés de ce qu’on entend chez The National, ce qui est une bonne nouvelle, au final. Sans doute qu’il voulait traiter de sujets plus personnels comme un point de vue sur une dépression profonde (qui servait déjà de sujet des deux derniers albums de The National) et d’une façon qui doit moins à la verve de ses coéquipiers, les frères Dessner notamment. Le résultat est forcément moins taillé pour les stades mais la tournée en cours semble avoir trouvé de nombreux amateurs, des dates devant s’ajouter pour combler la demande. Le tout avec peu de morceaux disponibles. Gageons que les fans de The National constituent l’intégralité de l’audience.

Pour décrire les différences entre ceci et, disons, la production récente du groupe de Cincinnati, il faut aller assez loin dans le détail. Parce que les hymnes s’y font aussi plus rares. Ces morceaux sont moins centrés autour de gimmicks bien sentis et font la part moins belle aux guitares. Ce qui confère un aspect plus éthéré.

C’est patent sur des morceaux comme Frozen Oranges. Mais peut aussi fonctionner avec le bon état d’esprit sur Nowhere Special. La différence est ténue entre les deux résultats, oscillant entre très léger (Times of Difficulty et ses préceptes spécieux) et plus profond. On note Bonnet of Pins comme un des hauts faits, comme le sont souvent les morceaux plus up-tempo chez The National.

Sans doute encouragé par une confiance renouvelée, on ne note pas d’intervenants prestigieux ici, comme c’était le cas sur Serpentine Prison. Il n’y en a pas vraiment besoin non plus, cet album se veut aussi modeste et est sorti sans flonflons. En plus de l’inoxydable voix de Berninger, voilà les ingrédients qui rendent cet album foncièrement sympathique. Même s’il démontre par l’absurde l’importance d’un collectif, surtout quand les membres sont des sommités de leur art. Le résultat est moins fort, certes, mais de bon aloi.

    Article Ecrit par marc

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