lundi 28 août 2006, par
Les Guillemots sont de drôles d’oiseaux (c’est une blague très drôle parce que Guillemots c’est une variété d’oiseau, évidemment quand on explique ça le fait moins). Le line-up déjà est tout un poème. Auprès de Fyfe Dangerfield, songwriter anglais, se trouvent un guitariste brésilien, un batteur écossais, un claviériste canadien et une contrebassiste anglaise. La variété est donc une des qualités premières de cet album. Les comparaisons possibles sont nombreuses mais ne s’appliquent qu’à des petites parties de morceaux. Le plus agréablement surprenant dans tout ça, c’est que ça marche puisque le patchwork est cohérent.
Par exemple Trains to Brasil ressemble à du Manic Street Preachers de la période This Is My Truth Tell Me Yours. Les cuivres en sus viennent donner toute l’épaisseur nécessaire à ce morceau qui fait pour le moment le bonheur de certaines radios.
Mais est-ce de la musique progressive ? Oui, si on tient compte de la longueur des morceaux, de certaines références Floydiennes comme les slides du début de Over The Stairs et les choeurs qui font assez Saucerful of Secrets, voire Us And Them, ce qui est assez rare dans le chef d’un groupe pop de 2006 mais ça tient la route. Enfin, pour ceux que le rock lyrique des années 70 ne rebute pas. Par moments, ça peut évoquer les bons Mercury Rev et de la structure non linéaire de beaucoup de titres.
La voix m’a fait même penser à un mélange de Paul Mac Cartney (Over The Stairs) avec des envolées sont plus proches de celles de Jeff Buckley, encore que la facture plus classique nous renvoie plus volontiers vers le père, Tim. Tant d’influences qui s’entrechoquent et l’unité qui est préservée, c’est une performance. Cependant, je ne peux m’empêcher de trouver ça fort bien fait mais pas excessivement émouvant. Tout dépend de ce qu’on cherche au détour de ce morceau de plus de 9 minutes.
On a même droit au solo de clarinette (Who Left The Lights Off) à la Supertramp pour un morceau qui ne l’évoque pas mais plutôt Travis ou un genre de truc pareil. Les tabous n’ont plus droit de cité de nos jours. Et, encore une fois, ça ne détonne pas.
Cet album comporte donc peu de morceaux (une bonne moitié figurait sur Trains To Brasil, pas des masses sorti dans nos contrées) et aucun n’est dispensable. Je m’en voudrais donc de dénigrer un album très agréable de bout en bout, recherché et accessible. Juste une question de goût. C’est toujours une discussion sans fin de savoir si on peut déclarer quelque chose intrinsèquement mauvais contre le relativisme culturel mou (venant d’incultes dans tous les cas d’ailleurs) ou si on doit se borner à dire qu’on n’aime pas. Le cas qui m’occupe est plus complexe. Je sais que je n’userai pas ce disque mais aucun défaut rédhibitoire ne vient me gâcher l’écoute. La grande qualité technique et les compositions impeccables sont indéniablement là et il ne faut pas bouder son plaisir. Celui des amateurs de pop (dans l’acception seventies du terme) complexe sera au moins content. Mais la cote d’alerte personnelle est occasionnellement atteinte. Sur Cat Eyes par exemple qui semble hésiter entre la franche ballade au ralenti et un titre plus fouillé. C’est un phénomène qu’on retrouve souvent chez Archive par exemple. Si vous appréciez ce dernier groupe d’ailleurs, vous pourrez sans doute profiter de celui-ci.
Je terminerai par la belle montée sur Go Away, qui est mon titre préféré. Une coupure nette au beau milieu permet ce bon moment qu’une guitare réussie pousse. Made Up Love Song #43 est aussi fort bien, peut-être parce qu’il rappelle à mon souvenir l’excellent album des Veils (plongez-vous dedans sans une seconde d’hésitation si vous ne l’avez pas encore fait).
Le mélange des Guillemots est troublant tant il reste cohérent malgré la variété de styles pratiqués. Ceci grâce à une personnalité propre déjà bien affirmée. Ceci dit, l’exercice me semble trop lisse et cérébral pour vraiment me toucher. (M.)
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