dimanche 21 août 2005, par
,Depuis le temps qu’on le flairait, qu’on compulsait les nouveautés, qu’on guettait le programme, il a fini par arriver, le premier jour du Pukkelpop. On va vous relater le nôtre, tout en sachant qu’il y en a pratiquement un par personne. Nous tâcherons également à nous attarder sur le côté musical en priorité. Un homme normal est constitué de deux jambes, deux yeux et deux oreilles (entre autres organes utiles). L’obligation qui est faite à ces organes de rester ensemble est une limitation regrettable dans le cadre du Pukkelpop vu qu’au minimum trois concerts imultanés sont proposés. Ce qui explique les choix difficiles et pas toujours judicieux qui ont dû être faits.
Un jour de soleil comme peu depuis le début de cet été que l’on peut déjà taxer de pourri sans faire montre d’une mauvaise foi ronchonne. Il faut se fixer des objectifs dans la vie. Assister au premier concert consistant de cette édition en était un. Presque atteint puisque nous ne ratons que trois titres des remuants The Subways. L’album dégage une belle énergie mais sur scène, c’est encore un autre monde. Compact et serré, le son rendu par ces trois petits bonshommes est convaincant. Quand je dis bonshommes, il faut entendre au sens non sexué, car le spectacle de Mary-charlotte vaut le déplacement à lui seul. Montée sur ressort et moulée dans une petite robe verte (on craque tous, mais le lendemain elle se fiance avec le chanteur...), la bassiste secoue sa chevelure blonde avec la rage de ses dix-huit ans. Les titres se suivent sans nécessairement se ressembler (Mary, Oh Yeah) et mettent de très bonne humeur à l’entame du marathon de la musique qui nous attend.
Il est encore fort tôt dans l’après-midi et le soleil tape de toutes les forces dont il est capable sous le micro-climat campinois. Pas les meilleures conditions pour l’électro-pop plutôt cold de Ladytron. Après quelques titres, on s’en va, laissant les liverpuldiens à leur lugubre destin. Un destin de Liverpuliens avec des coiffures de Mireille Mathieu ne peut être que lugubre. On quittera d’ailleurs un nombre impresionnant de concerts comme vous allez le voir, non par méchanceté pure mais par curiosité de voir autre chose.
Chemin faisant vers la main stage, El plus nous aguiche d’une reprise de Billy Jean vraiment hilarante. Rien que les jongages à même le doigt du batteur nous incite à rester. Une pause Hip-hop électrique qui fait du bien.
La morosité n’habite pas non plus les Kaizer chiefs. Malgré le pied droit hors-service du chanteur, le déluge de titres crétins est servi chaud dans l’enthousiasme général. Irrésistible sous certains aspects, le bagoût des Kaizer chiefs (qui répètent leur nom entre presque tous les morceaux alors qu’il figure sur une gigantesque affiche derrière eux) gêne aux entournures. Car ces gars-là se prennent (et, qui pis est, sont pris !) au sérieux malgré l’impression qu’ils ont voulu fonder un groupe de reprises sans vouloir payer de droits d’auteur. Et vas-y que je te convoque Blur, Clash, les Buzzcocks et les Kinks. On ne s’est pas ennuyé un seul instant, même si les titres plus lents tournent au sucre. Kaizer chiefs doit se voir sur scène avec aucun recul, et le disque se révèle toujours bien en-deça des autres jeunes pousses anglaises. Une arnaque ? Un peu.
En parlant de jeunes pousses, Editors manque encore de bouteille. On rattrappera sans faute l’album mais le chant peu assuré rebute sur scène. Encore une fois, la météo dessert cette variété de groupe qui ressemble à Interpol et qui lui même, etc... Il est donc temps de prendre une pause bien méritée.
Et qui nous sortira de notre torpeur ? Tom Vek. L’album laisse perplexe par la sensation d’un talent caché sous des couches de salissage de son systématique mais la prestation scénique met tout le monde d’accord. La précision, le décalage de ce funk froid et entraînant, la tête d’angelot du bonhomme, tout contribue à fournir une des toutes meilleures choses qu’il nous ait été donné de voir cette année. La reprise de Wire constituant un must. La présence sur scène rappelle entre autres Beck ou David Bowie, rien que ça.
Même si on n’attend rien de spécial de The Bravery, la resucée de Duran Duran rehaussée de deux titres imparables (Unconditionnal et Honest Mistake) ne prend pas vraiment. Pas le temps d’écouter leurs deux meilleures pièces, à cette heure-là, la flamboyance des années ’80 se produit ailleurs et s’appelle The Departure. Même principe de revival mais avec cette foi qui animait U2 il y a... déjà 25 ans et un petit je ne sais quoi de l’Echo and the Bunnymen de l’époque Heaven up here. La bonne surprise de la journée.
Même si les détails biographiques ne doivent pas polluer le propos qui est de relater des concerts, il faut préciser que l’état de fête d’un des comparses rédacteurs de ce site est assez élevé à cette heure-ci, ce qui explique le flou des descriptions qui vont suivre et l’état d’euphorie associé.
Ainsi donc Franz Ferdinand est revenu, encore sur la grande scène et ceci malgré l’absence de nouvel album. Mais si celui-ci se veut imminent, la présence de nouveaux titres venant renforcer l’impression. N’étant pas dans l’ambiance, on attendra la sortie dudit album pour se prononcer. Le public attend les chansons archiconnues et imparables du premier album et y fait honneur comme il se doit.
Il est temps de retrouver une autre valeur sûre dans un tout autre registre : Roisin Murphy. On la retrouve avec d’autant plus de plaisir que l’album est plutôt bon et que les musiciens sont nombreux pour reproduire la richesse sonore de album susmentionné. On a droit à tout le répertoire : Tenues à la limite du ridicule et du mauvais goût (le justaucorps en écaille), un talent de groove vocal incontestable et des attitudes sur scène qui interdisent le moindre ennnui. Une grande dame. On ne dira pas pleine de classe mais bon.
Petite pause électro pour Four Tet. Ca ne fait pas l’unanimité dans notre gentil petit groupe. Il y a ceux qui se donnent à fond (merci Grimbergen) et puis les autres qui les traînent vers la sortie. Rien de plus normal pour de l’electro minimaliste jouée sur des rythmes de jazz.
Les jambes ne seront de toute façon pas ménagées par le set de Roÿksopp. Sachant tirer parti d’une track-list intelligente délaissant les chants du dernier album, les norvégiens les plus connus après les chaussettes (norvégiennes donc) surprennent un public qui se donnera tout entier.
Nos jeunes années s’éloignent et c’est souvent à travers les autres qu’on le remarque. A travers The Prodigy par exemple. Si l’écoute d’un album comme Music for the Jilted generation reste intéressante de bout en bout, la furieuse impression d’écouter des variations sur le même morceau (catchy, d’accord) nous renvoie vers le sommeil, ce qui n’est pas le but d’un Prodigy on en convient. Un set qui se résumera donc à des riffs de guitare joués ad lib et deux têtes de méchants qui crient "fuck" en retroussant les babinnes : affligeant.
En voyant le nom des Babyshambles dans le programme du début de journée, on ne peut réprimer un sourire : ce serait bien de voir le foireux Pete Doherty mais on n’y croit guère sur simple foi de sa réputation. Peut-être a-t-il eu peur de la pluie drue (ce qui semble difficile à croire de la part d’un anglais) qui tombe en ce début de journée ? Toujours est-il qu’il manque à l’appel. C’est le tribut à payer au rock ’n roll.
On se réfugie dans le club pour voir se démener The Infadels. S’il est une tâche ingrate pour une groupe, c’est bien de devoir produire sa musique festive qui doit autant à Gang of four qu’aux B52’s devant un public groggy et frigorifié. L’abattage est impressionnant et la mission est partiellement remplie puisque le public semble sortir de sa torpeur.
Est-ce que The Coral peut maintenir ce niveau de chaleur ? La pluie a cessé et la pop d’inspiration sixties au sens très large (des Byrds aux premiers Pink Floyd en passant par les Kinks et Can) n’est pas vraiment adaptée à l’endroit. Pas de bol encore pour un des bands les plus injustement mésestimés du moment. On en concluera que la main stage un début d’après midi pluvieux n’est pas le meilleur endroit pour la gentille pop-folk.
On a tendance à l’oublier, mais il y a une skate stage au Pukkelpop. Quand ce n’est pas du hardcore brut, on s’y risque. Pour voir A par exemple qui se révèle amusant quant ils se cantonnent au punk et un peu moins quand on sent poindre le rock FM. Mais la musique punk-pop festive qui n’arrive pas vraiment à percer, ça me déprime un brin. Notez, le punk-rock qui marche, c’est carrémént horripilant. Les tatouages de Good Charlotte ne se rapportent pas à leur ramage. Le punk d’ailleurs disparaît sur la variété pure et simple. Il ne suffit pas d’apposer plein de stickers sur une guitare acoustique pour qu’elle se mette à jouer de façon intéressante (il y a des contres-exemples aussi). L’approximation de la version de leur meilleur titre (sisi, ça s’appelle For the young and the hopeless) nous fait tourner les talons.
Des Posies nous restait cette impression de milieu des nineties, quand on pouvait encore faire du shoegazing bruyant sur des mélodies pop sans que ça paraisse formaté (c’était l’époque de Greenday quand même). Les héros sont fatigués et fatiguants. On récupèrera ça sur album mais l’heure n’est pas à la concentration extrême.
On compte sur un signe pour nous lancer définitivement. Si on a utilisé le qualificatif de crétin pour les Kaizer chiefs, que dire alors de Goldie looking chain ? Dix chanteurs sur scène, le tableau imopressionne d’emblée. Toutes les parties instrumentales sont enregistrées, ce qui est une petite déception. Ce qui ne l’est pas par contre, c’est la précision micrométrique de la prestation (ce sont des faux glandeurs, les pires pour mettre le feu, voyez Beck, Tom Vek...) et la bonne humeur qui réjouissent. Pour les intermèdes, chacun des titres est introduits qui se révèlent drôles... quant on arrive à suivre. Les titres les plus enlevés de l’album sont rehaussés d’inédits de fort bonne facture qu’il ne nous est pas loisible d’apprécier pleinement à cause des effets conjugués de la langue de Shakespeare avec l’accent gallois, du flow incontrôlable et de l’humour au troisième degré. Nous sortons en fredonnant le nouveau gimmick le plus marquant ; "if you leave me now I’ll fuck your sister,... and your best friend".
Passons sans presque de transition de l’hétéro-beaufisme érigé en règle de vie à l’iconographie gay new-yorkaise incarnée par Fischerspooner. Et là, stupeur, la formule avec une vraie batterie qui fait tac-tac, une vraie guitare qui fait cling et une vraie basse qui fait vroum transcende des titres du dernier album plutôt mollassons. Les morceaux du premier album, une reprise de Wire (encore) et les poses concernées du chanteur feront le reste. on est parfois agréablement surpris quand on n’attend rien. Dont acte.
On le sentait depuis le matin. Les figures blafârdes, les tenues pseudo-sadomaso de djeuns pas encore en âge de connaitre les plaisirs de la chair, les t-shirts sataniques, tout contribuait à l’attente du grand messie de l’antéchrist. un pétard mouillé. Une pose rigolote cinq minutes (mais bon, Alice Cooper faisait ça il y a trente ans) et une panne d’inspiration manifeste vu la quantité impressionante de reprises dans le répertoire ont fini par attribuer au sieur Marylin Manson le titre de pétard mouillé. Ca n’énerve même pas, c’est dire la vacuité de la chose...
S’il est un concert pour lequel je décomptais les jours, c’est bien celui d’Arcade Fire. Depuis l’album funeral (record toutes catégories de passage dans mes oreilles, Pink Floyd ça compte pas) et la prestation incandescente des Nuits Botanique, le combo canadien occupe le firmament. Il y est bien seul. Une musique aussi subjective pouvait-elle passer la rampe du festival ? Oui, mille fois oui. Et la raison en est simple : cette musique totale s’adresse aux tripes. Tout commence par un hymne de stade de foot (Wake up) mais les huit instrumentistes se serrent les coudes, apportent profondeur et teneur au morceau. Pas de virtuosité (même si pour avoir vu en solo le violoniste Owen Palett sous le nom de Final Fantasy, certains en seraient capables) mais une solidarité dans un but d’efficacité maximale. La tension est telle que le line-up change à chaque morceau. Trois des Neighbourhood (sur quatre) constituent des morceaux de choix. Il faut avoir vu un pecussioniste grimper avec son charley à quelques mètres d’altitude sur un échaffaudage, revenir s’enchainer à un guitariste qui passait par là à l’aide de sa lanière pour se dire qu’on passe un moment vraiment pas banal. Le The back seat de clôture présente une synthèse de ce qui a précédé : de la fragilité parfois éprouvante de la chanteuse au final éblouissant et intense, tout est là. On dira à nos enfants (ou à nos neveux et aux enfants de nos amis) que la musique de 2005 s’appelait Arcade fire.
La musique des années ’90 pour certains se disait Pixies. Faute d’avoir pu se mettre en ordre utile, c’est-à dire près de la scène avec les gens qui crient et sautent, c’est derrière que la musique de la bande à Franck Black s’apprécie le mieux. En effet, rester au milieu de nulle part dans la foule indifférente n’est pas une bonne idée, on en reparlera. Le répertoire est évidemment inoxydable et a servi d’inspiration et d’accompagnement d’une foule de gens, mais il faut constater que la fougue y est moins. Elle est encore là, comprenenz-le bien, mais ce concert est une petite douceur, un bonus bienvenu, mais pas une extase (vous a-t-on déjà parlé d’Arcade fire ?). Et puis disons le franchement, ça sent un peu le cuir et les gros bifetons. L’arnaque du siècle ? pas forcement mais ils ne sont pas revenu pour la musique en tout cas.
Dans la série ’sauveurs du rock anglais de la semaine grâce à leur premier album’, notez Maximo park. L’album, bien qu’entraînant, est par trop uniforme pour enchanter. Sur scène, c’est vraiment bien en fait. Le chanteur est, selon ses propre termes, ’un vampire qui jouerait pour la première fois dans la lumière’. Le fait est qu’il a l’air vraiment habité et que même l’ouverture d’une bouteille d’eau semble une expérience mystique. On apprendra plus tard (sur le site des inrocks) qu’il se balade backstage en t-sirt fluo et en short bleu scintillant. Bon acteur donc. Set énergique et plein. On peut aller dormir. Pouf pouf, retourner au camping on veut dire...
Bon, voilà, après une nuit agitée dans un camping par trop peuplé de francophones, on se surprend à être en forme. C’est LCD soundsystem qui achèvera de nous réveiller et mettra notre neurone dance en marche. Tout commence donc par un soundcheck (comme souvent). Puis le roadie qui enlève sa veste et la batterie qui commence à mouliner. Ledit roadie se met alors à chanter et on se rend compte que finalement ce sont donc les membres du groupe qui ont fait leur soundcheck. Why not ? il est toujours aussi impressioinnant de voir de rythmes electro aussi débridés joués par de petites mains remarquez. Et en définitive ce qui sur album pouvait sembler binaire et très répétitif, prend ici une ampleur telle que nous ne pouvons que nous avouer convaincus. Le chanteur-producteur, largement investi, n’y est probablement pas pour rien.
Mis en jambes, on passe jeter un oeil sur le set de The Hacker qui nous laisse dubitatifs. L’estomac nous tiraille et nous retournons vers la main stage. Petite pause repos/repas en ecoutant Heather Nova. Douce et jolie, la dame est comme sa musique. Mais décidément pas le genre de chose qu’on a envie d’entendre dans un festival. A l’échelle, elle passe ici pour de la musique d’ascenseur, le plaisir des yeux en plus cependant.
Rassasiés et les pieds un peu revigorés, on se dirige vers le Marquee pour Ghinzu. Pour un 4eme concert de Ghinzu et sachant que la fin de leur tournée arrive et qu’un album est déjà en gestation, on attendait d’eux quelques versions améliorées ou inédites et pour sûr nous n’sommes pas déçus. Outre une version kilométrique de Mine, Ghinzu reprend à nouveau Blue Suede shoes à sa façon. Une version qui ne doit pas dépasser les deux minutes, mais quel pied. On se plaindra juste de la sonorisation qui penchait beaucoup trop sur les basses, mais on se rattrapera avec les enregistrements réalisés par Stu Bru qui sont eux mixés parfaitement. Mais bon, certains se demandent s’ils n’auraient pas mieux fait de plonger sur les Sons and Daughters au club. Il y a des insatisfaits partout.
Plus que quelques dizaines de minutes à tuer avant la grand messe techno de Vitalic, nous nous mettons donc sur les strating blocks et allons nous échauffer dans la Boiler room avec Jan van biesen. Réjouissant. Mais finalement, le vainqueur de la journée ce sera lui, Vitalic, celui que beaucoup attendaient. Le triomphe de la musique electronique ? Oui, à n’en pas douter. L’album avait convaincu, les versions live vont encore plus loin, le sieur Vitalic jouant tout depuis ses consoles, rajoutant là un couche de basses, là modulant les sons. Maneuvrant le public, les morceaux montent descendent, et repartent de plus belle pour atteindre des sommets. Le plancher du Dance hall peut donc sans conteste recevoir le label ’Vitalic proof’. Quelle ’descente’ alors d’apercevoir Ozark Henry sur la Main Stage. A l’instar de sa prestation filmée de Werchter, sa formule minimaliste ne convainc pas. Malgré un répertoire qui prend de l’épaisseur d’album en album, la musique semble définitivement plus destinée à un club qu’au plus grand festival alternatif belge.
Il est donc plus judicieux de retrouver notre copine Caroline. Il s’agit de Miss kittin bien sûr. Un set vitaminé mais moins rentre-dedans que ce qu’on a déjà pu écouter (on ne s’en plaindra finalement pas) qui fait encore son effet sur un boiler room qui a sur la durée du festival mérité son surnom (tout le monde enlève une ou deux couches de vêtements en y entrant). Elle évolue, s’adapte vraiment et c’est pour ça qu’elle est unique.
Korn draine un public vraiment nombreux et convaincu.
Comme toutes les têtes d’affiche, ils mettent en joie une minorité sans convaincre les sceptiques. On pourra dire ça à des degrés divers de Marylin Manson, Pixies et autres Nick Cave. Finalement, Korn se révèle moins penible que prévu, mais bon, allons faire un tour quand même.
Juliette and the licks. Juliette Lewis, oui, l’actrice, a fondé un groupe. A mille lieux de la marotte de Sandrine Kiberlain, c’est en faisant du gros rock qui tache qu’elle s’éclate. Tenue au-delà du justacorps rouge sang, déhanchements suggestifs, elle prend du plaisir, c’est certain. Nous, moins.
L’an passé, c’est archive qui nous avait donné la prestation intimiste la plus convaincante, tout en fin de parcours. Cette fois, c’est Sophia qui s’y colle. Effet de la fatigue ? Epuisement nerveux ? Toujours est-il que je suis sorti de là retourné comme une vieille chaussette. Sophia est un univers et les cordes viennent encore renforcer ces chansons qui tiennent toutes seules. So slow en clôture d’un récital sans point faible. Bien sûr, la lenteur inhérente àcette musique ne peut pas plaire à tout le monde, mais je me suis surpris à fredonner presque tout (Everyday avec son imparable ’Dou you really think that I ever loved you ?’). Se retrouver face à un pan de son univers intérieur est une chose fort singulière.
!!! à l’autre bout n’a pas l’air d’avoir convaincu le reste de la troupe ne supportant pas Sophia. On reverra Nick Cave, on réécoutera Nick Cave, mais là, perdu à 100m de la scène, les douze musiciens et choristes ont beau s’escrimer, les titres récents (d’un album pourtant fort bon) ne passent pas des masses en concert et les glorieux anciens (Aaah, Tupelo) paraissent presque aseptisés, malgré un Nick en grande forme. Les Bad seeds sont les enfants du chaos, à la limite de la musique parfois (Blixa Bargeld vient quand même de Eistürzende Neubauten), pas un big band. Pas de la musique de festival en tous cas. Retour pour une tournée d’adieu à la Boiler room. On saluerait bien encore personnelement les dizaines de milliers de personnes encore présentes, pour leur dire ’Tot ziens, on revient l’an prochain’. Et merde, encore 363 fois dormir... (F. & M.)