Accueil > Critiques > 2006

Grizzly Bear : Yellow House

mardi 3 octobre 2006, par Marc

Un folk psychédélique complexe et aérien.


L’introduction à Grizzly Bear aurait dû se faire via un concert. Ma distraction m’obligera à m’y frotter de façon purement auditive. Ce n’est pas un mal finalement, vu que comme nous allons le voir cet univers ne se dévoile pas d’une seule fois.

C’est une tendance lourde et récente : le folk revient en se diversifiant. Même si la singularité de certains groupes empêche toute étiquette d’adhérer véritablement, on ajoute avec un peu de papier collant un adjectif adéquat pour pouvoir faire tenir le tout. Ainsi donc c’est du mot psychédélique dont je me servirai cette fois-ci. On ne va pas jouer au jeu de la plus jolie définition pour justifier ces deux termes tant ce que propose Grizzly Bear est déroutant. Prenant le sillage des leaders du genre que sont Animal Collective (ou Broken Social Scene ?), Grizzly Bear propose des chansons dans une veine plutôt acoustique (ce qui est folk) mais une structure de composition moins rigide et plus touffue, avec de nombreux instruments (cuivres, un peu de cordes) mais dont aucun ne prétend assumer seul la ligne mélodique. On en peut donc pas directement établir une filiation avec le précurseur du genre qu’est le récemment disparu Syd Barrett mais les passages les plus doux-dingues peuvent s’en rapprocher.

Pas de morceaux de bravoure pour usage de psychotropes ici, seulement une superposition de couches sonores qui contribuent ensemble à former un ensemble, certes dense, mais ne cédant rien à la musicalité. Les arpèges de guitare sont souvent simples par exemple et il n’y a rien ici qui puisse se rapprocher même de loin à un solo ou à un moment technique. A des années-lumière d’un Mars Volta par exemple dans la grande famille des musiques complexes.

Il ne faut pas essayer de suivre cette musique à la trace, plutôt se laisser emporter par ces mélodies imprévisibles ces arrangements foisonnants. Evidemment, la première écoute donne une impression de décousu, de déstructuré. Les voix dédoublées, détriplées viennent renforcer cette impression. C’est qu’il ne faut pas chercher à trouver ce qui n’y est pas, c’est-à-dire de la musique sifflable sous la douche. Néanmoins, il y a des moments de grâce (Knife), où l’union d’éléments hétéroclites peut aboutir à une véritable cohérence.

Si cette musique peut se révéler agréable/chouette/intéressante (biffez selon vos goûts) à écouter, elle demeure rétive à tout classement et explication. J’aurais pu trouver une explication plus convaincante à mon manque de clarté, je vous l’accorde.

Donc, si vous avez aimé Animal Collective par exemple, cet ours peut se révéler délectable. Un certain degré d’abandon est cependant requis pour pouvoir pleinement en profiter. (M.)

    Article Ecrit par Marc

Répondre à cet article

  • Maita - Loneliness

    C’est sans doute une étrange idée d’aborder une discographie inconnue par une relecture acoustique d’un album qu’on n’avait pas écouté mais toute occasion est bonne de découvrir du talent. Donc après avoir sorti I Just Want To Be Wild For You, Maita (Maria Maita-Keppeler en vrai) a voulu tout de suite faire émerger des versions acoustiques, plus proches des compositions originales. Les morceaux (...)

  • Clara Engel – Their Invisible Hands

    D’emblée hantée, la musique de la Canadienne (de Toronto) Clara Engel est taillée pour la fascination. Et on le sait, ce n’est pas un sentiment facile à définir ou tracer. Si vous préférez une description piste-par-piste qui n’en déflore pas le mystère, elle s’en charge elle-même.
    Cet album réclame peut-être un peu d’investissement, ou en tous cas un contexte propice. Si c’est une possibilité, ce serait (...)

  • JJH Potter - Low tide

    Encore un artiste folk hexagonal et encore un détour qu’il est bon de faire. Ce premier album est publié par #14 records, le refuge du génial The Wooden Wolf, ce qui est évidemment ce qui a attiré notre attention. Une fois attirée, cette attention a été captée par cette voix claire et la limpidité revigorante des morceaux, hantés mais pas trop.
    L’accord des voix sur Lonely Star pourrait être une version (...)

  • Pollyanna - Man Time (EP)

    Elle est bien vivante, la scène folk française et on en veut pour preuve cette découverte de la Lilloise Isabelle Casier sous le nom de Pollyanna. C’est d’autant plus réussi que l’origine hexagonale est indétectable. Et comme souvent, on déborde du cadre du folk traditionnel et c’est bienvenu.
    On remarque tout de suite cette voix claire qui suit tous les traitements musicaux. Parce que de folk, il (...)