mardi 10 octobre 2006, par
Si The Veils s’était révélé intéressant au Pukkelpop au mois d’août, il me tardait quand même de les revoir dans de bonnes conditions de public, de son et en ayant dans l’oreille l’excellent dernier album. C’est sous toutes ces conditions que je me suis rendu hier à l’Orangerie du Botanique.
Même s’ils n’étaient pas renseignés dans le programme, il y a bien une première partie. Elle est assurée par les Belges de Ruacutane. Profitons-en pour leur suggérer d’emprunter un nom plus harmonieux, plus retenable (j’ai dû faire appel à une connaissance présente sur place avant d’écrire ce compte-rendu), en bref mieux. Ce détail non rhédibitoire mis à part. Ruacutane propose une musique tout en subtilité, empruntant tantôt à la veine calme de dEUS, plus rarement lorgnant vers un Sonic Youth pop. Tout va bien alors ? Pas exactement. Il manque encore une audace de composition et une puissance qui amènerait du souffle. La contrebasse, en sus, était inaudible. On concluera donc que c’est sans doute une expérience enrichissante pour un groupe en devenir dont on suivra l’évolution.
Mais c’est évidemment pour The Veils que je suis là. La lumière éteinte, c’est une vieille scie d’Edith Piaf qui sert d’introduction. Anthony Finn est bien là, son chapeau de cow-boy aussi, le show peut commencer. Première constatation, les titres du dernier album sont impeccablement restitués, toute la force de ces ruptures, de ce piano de bastringue est là. On peut donc s’abandonner à l’intensité de Pan, Jesus for The Jugular, Not Yet et autres Calliope. La voix du chanteur est toujours aussi spectaculaire, éraillée, certes, mais possédant une incroyable personnalité. Il va de soi que c’est Nux Vomica, le second album, qui fournit la majorité des titres, presque tous en fait. Ne subsistent presque que The Tide That Went And Never Came Back ou encore Lavinia de Runaway Found. Quand le tempo ralentit, le temps d’un Under The Folding Branches, ou d’un Lavinia malheureusement privé de son intense montée, on a un moment de vraie intimité, que ne gâche jamais un public plus respectueux que vraiment déchaîné.
Anthony Finn ne s’est pas contenté de faire évoluer son style entre les deux albums, il a simplement remplacé tous ses musiciens. N’ayant pas vu la première mouture du groupe, je me contenterai d’accorder des félicitations à ceux-ci. Le claviériste et le batteur sont sobres et impeccables, le jeu du guitariste est inspiré, ce qu’il fait sur Advice For The Mothers To Be valait vraiment le coup d’oreille. La bassiste est un poème à elle toute seule, se la jouant grave derrière ses cheveux, certes, mais on n’oubliera pas de sitôt cette silhouette dans sa robe noire. Plus sa basse pas assez forte.
Les rappels sont obligatoires après un set plutôt court, et c’est One Night On Earth, pourtant pas la pièce la plus essentielle du dernier album qui l’ouvre. Pas pour longtemps, le temps de placer More Heat Than Light en plat de résistance survolté et ils reprennent congé de nous. Finn reviendra seul avec sa guitare électrique pour une version touchante de House Where We All Live. On n’aura pas droit à l’exceptionnel The Leaver’s Dance, qui figure dans mes favoris tout temps et catégories confondus. Trop ardu techniquement ?
Voilà, The Veils dans ces conditions, c’est la certitude de retrouver avec une véritable puissance de feu le meilleur de deux fort bons albums. Mission accomplie. (M.)