lundi 23 octobre 2006, par
Des reprises pour déshabiller les morceaux
Qu’est-ce qui se passe, les filles ? Qu’est-ce qui vous déprime comme ça ? Répondez-moi Jana (Hunter), Marissa (Nadler), Sibylle (Baier) ou El Perro del Mar. Ca m’intéresse.
En quoi cela concerne-t-il Susanna et son orchestre magique ? Tout simplement, ces reprises sont empreintes d’une telle mélancolie tenace qu’on ne peut que l’associer à la pléthore de voix féminines non-youplaboum. Mais comme cette fois encore, c’est pour la bonne cause, c’est-à-dire pour faire un bon album, on reportera la question socio-psychologique des raisons du spleen à une autre fois.
Cet album est composé uniquement de reprises dans un style similaire mais différent de ceux d’origine. Je vois que, futés que vous êtes, vous songez tout de suite aux récents exercices de style de Nouvelle Vague. S’il y a des similitudes en effet, la démarche et le résultat varient sensiblement. Loin des délires bossa-easy-listening des Français, les arrangements sont vraiment minimaux. Pas glauques, mais lents, très lents. Un clavier suffit dans tous les cas. Qu’on se rassure, le son n’est jamais identique d’un morceau à l’autre. La voix se trouve donc presque livrée à elle-même. Comme elle est belle et juste, on ne peut que s’en réjouir. Le choix des morceaux aussi est moins restreint puisqu’il déborde largement le cadre de la new-wave pour aborder des titres plus récents (Hallelujah de Jeff Buckley qui lui venait de Leonard Cohen, évitez cependant cette version originale, Enjoy The Silence) ou plus anciens (Don’t Think Twice It’s Allright de Bob Dylan qui avait déjà subi les derniers outrages d’Eric Clapton). Le toujours vert Love Will Tear Us Apart apparaissant comme le seul point commun entre les deux albums. La confrontation directe me convainc que la lenteur inspirée convient bien mieux que l’iconoclaste version ensoleillée.
L’effet produit est une véritable redécouverte des titres connus, puisque les mélodies ne sont pas altérées et que les paroles se retrouvent livrées dans leur plus simple appareil. On plonge donc au cœur du morceau, ce que seuls les mieux écrits peuvent supporter. Le choix à ce niveau se révèle fort judicieux, plus en tout cas que certains morceaux délectables en version originale mais qui n’auraient pas supporté le déshabillage (pensons à Blue Monday de New Order sur Bande à Part)
Encore une fois, les morceaux qui me sont inconnus plaisent plus directement, non perturbés que je suis par les versions originales. These Days ou Crazy Crazy Nights semblent en effet avoir été écrits pour elle. Ce qui est bon signe. On découvre de nouvelles choses avec une joie non feinte.
De par son concept, cet album est cohérent d’un bout à l’autre, même si la langueur pourra en rebuter. Les autres redécouvriront certains morceaux emblématiques et une interprète d’une remarquable sobriété dégageant une humanité et une émotion certaines. Ceci ne sent pas le café enfumé ou le désespoir, juste le plaisir simple de se réapproprier un répertoire en le mettant tout nu.
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