mercredi 21 février 2007, par
Le retour des texans maniant la caresse et la claque
A l’heure d’aborder Mr Beast de Mogwai, il y a un an de cela, j’avouais mon ignorance en matière de post-rock. Depuis, on peut dire que j’ai bien bossé. Pas par obligation croyez-le bien, mais parce que chemin faisant, je me suis trouvé des affinités avec ce style. J’ai donc rattrapé de l’ancien (The Slint), vu des concerts de valeurs établies (Mogwai), en voie de l’être (65 Days Of Static, Toman) ou plus obscures. J’ai donc connu ces groupes qui ne chantent presque pas mais ont des noms curieux à rallonge (This Will Destroy You, You.Might.Die.In.The.Desert, Joy Wants Eternity). J’ai aussi regardé Pink Floyd, groupe que je pensais avoir assimilé une bonne fois pour toutes, d’un autre œil. C’est que des morceaux comme Careful With That Axe Eugene ou Echoes portent en eux pas mal de la grammaire de tous ces groupes. Mais dans ce court périple, un groupe et surtout un album reviennent presque comme une rengaine. Il s’agit de Those Who Tell The Truth Shall Die, Those Who Tell The Truth Shall Live Forever des Texans d’Explosions In The Sky. Je ne me lasse en effet pas par exemple de ces trois vagues qui se fracassent sur The Moon Is Down, qui a fait un aller simple vers ma playlist idéale tous genres et époques confondus. Cet album est un exemple d’équilibre entre tension, calme, apaisement, fureur, arpèges inspirés et montées irrésistibles. Essayez-le, vous m’en direz des nouvelles.
Ce long préambule me semblait nécessaire pour montrer que j’attendais cet album d’Explosions In The Sky avec une certaine impatience. Parler de musique sans parole, donc échappant à la construction couplet-refrain-pont, oblige à se lancer dans un exercice de style. Le lyrisme n’étant pas mon fort, je vais tenter de me faire comprendre quand même.
Dès le premier morceau, on est dans du schéma connu. Il y a toujours des phases paroxystiques, qui, si elles sont souvent prévisibles, font toujours mouche. D’ailleurs, Explosions In The Sky ne joue pas trop sur l’effet de surprise, sur la pédale de distorsion écrasée à l’unisson comme chez Mogwai. C’est plutôt la tension créé par l’attente du moment plus intense qui vient toujours qui fait le sel de cette musique. Même si on voit venir certaines parties plus bruyantes à des kilomètres, elles sont toujours impeccables. Le découpage des morceaux est quant à lui arbitraire. On a l’impression que It’s Natural To Be Afraid s’arrête complètement. Ils auraient pu le tronçonner que personne n’aurait crié au scandale. Au contraire, le morceau de clôture (So Long, Lonesome), avec son piano, apparaît comme une miniature qui marche toute seule. (c’est d’ailleurs le morceau que j’ai écouté le plus cette année si je dois en croire itunes). Mais il est évident que cet album est à écouter dans son entièreté et dans l’ordre proposé.
Il va de soi qu’il y a des moments qui fonctionnent plus que d’autres, c’est presque une des règles du genre. Une de leurs forces réside dans la délicatesse et l’inspiration de leurs arpèges et mélodies. Ce qui fait que quand elles sont réussies (What Do You Go Home To ? par exemple), on a tout de suite un grand morceau. Certains esprits chagrins pourraient reprocher que cette approche basée sur le joli déforce cet album. Mais c’est aussi ce qui la rend aussi facilement accessible et séduisante. Ils ont placé quelques moments puissants dès le premier morceau pour éviter toute ambigüité. Il y a des dizaines de façon de faire du post-rock, profitant de la latitude laissée par cette étiquette qu’on pose souvent par défaut (qui englobe des groupes aussi disparates que 65 days Of Static que Tortoise, Sigùr Rös ou The Album Leaf). Explosions In The Sky fait une musique qu’on reconnait du premier coup d’œil (même si les imitations sont nombreuses et parfois très inspirées, comme This Will Destroy You). Comme c’est de la musique qui laisse une grande place à l’imagination (The story is yours to make disent-ils), c’est un album qui dépend beaucoup de l’état d’esprit dans lequel on l’aborde.
Album moins indispensable que Those Who Tell, etc..., All Of A Sudden I Miss Everyone est du pur Explosions In The Sky. Le quatuor d’Austin propose des applications de sa propre grammaire, donc peut apparaître comme déjà vu. Pour ceux qui en veulent une dose supplémentaire, il y a largement de quoi étancher leur soif de musique subtile et contrastée, puissante et hautement mélodique.
PS : quelques titres sont écoutable sur le myspace officiel :
http://www.myspace.com/explosionsintheskyband
et sur d’autres pas officiels :
http://www.myspace.com/whatdoyougohometo ou
http://www.myspace.com/texasband
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