Accueil > Critiques > 2007

Of Montreal : Hissing Fauna Are You the Destroyer ?

jeudi 25 janvier 2007, par marc

Choeurs barrés pour coeur brisé


Comme le veut la tradition qui devient lassante à la longue, l’endroit mentionné dans le nom n’a rien à voir avec l’origine du groupe. Pourtant, il n’y aurait rien de scandaleux à imaginer une filiation avec la scène de la ville canadienne. Ce serait même plus crédible que leur origine, Athens (Géorgie), comme REM avec qui ils partagent exactement rien du tout.

Autant vous l’annoncer tout de suite, je n’étais pas familier des albums précédents de Of Montreal. Ceux qui espèrent avoir une idée de leur évolution en seront pour leur frais et j’en suis sincèrement désolé croyez-le bien.

Commençons tout de suite par ce qui m’a vraiment enthousiasmé sur cet album. Il s’agit d’un morceau intitulé The Past Is A Grostesque Animal. Il s’agit d’un titre tendu comme un arc presque 12 minutes durant. On songe à A Forest de The Cure embarqué dans un train fou. Les seuls à pratiquer avec succès ce genre de marathon sont par exemple le LCD Soundsystem de Loosing My Edge auquel on pense pour la placidité du chant. Pas de rupture de rythme, pas de solo délirant, juste une chanson qui serait pleinement satisfaisante sur un format plus restreint mais prend ses aises, devient même épique. Les chouettes gimmicks en hou-hou-hou ajoutent à la frénésie de l’ensemble. C’est un sérieux concurrent au Swans de Island pour le titre du meilleur hors-format. Si j’ai commencé par ce morceau, c’est qu’il se détache de façon franche du reste de l’album. Non pas que le reste soit mauvais, loin de là, mais le genre pratiqué est assez différent.

Le reste joue en effet énormément sur les harmonies vocales. Comme vous le savez peut-être, je ne suis pas exagérément client de ces pratiques. Mais c’est une stricte question personnelle et la qualité intrinsèque de ce Hissing Fauna, Are You The Destroyer ? n’en dépend pas complètemet. Quand on tombe dans des réminiscences Queenesques (Grolandic Edit, ou pire Labyrinthian Pomp), je ne peux pas m’enflammer. Dans le même ordre d’idées, on pense aussi à the Sparks, mais en beaucoup plus barré. Car, fort heureusement, il ne s’agit que d’une des facettes de la musique de Of Montréal. Malgré le thème général (une certaine vision de la rupture, ce qui qui nous vaut des paroles parfois étonnantes comme I want to pay some other girls to come up to her and hit her sur She’s A Rejector), on a de purs moment ensoleillés (A Sentence Of Sorts In Kongsvinger). D’une manière générale, le tout est sauvé par une imagination qui semble inépuisable. Ils excellent notamment dans le funk électronique (Faberge Falls for Shuggie) ou l’électro pop déviante (Bunny Ain’t No Kind of Rider). Mais encore une fois, l’intrusion des Beach Boys dans un exercice qui a plus de points communs avec Cursive ne m’a pas séduit. Quand le mélange est plus léger, je suis preneur (She’s A Rejector) tout de suite.

Donc la principale qualité de cet album : la variété et l’imagination. Puisque c’est assez délirant, tout ne peut pas fonctionner bien évidemment, mais il y a suffisamment de changements pour que tout le monde y trouve son compte. Comme souvent, le plaisir grandira avec les écoutes, quand vous aurez trié selon vos goûts les morceaux de ce riche album.

Je ne conseillerais pas facilement cet album parce que le délire du ton et les harmonies pourront en rebuter. Il n’en reste pas moins recommandable pour tout qui est un tant soit peu curieux et le titre The Past Is A Grotesque Animal est suffisamment puissant pour mettre tout le monde d’accord.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

5 Messages

  • Xiu Xiu – 13’’ Frank Beltrame Italian Stiletto with Bison Horn Grips

    Jamie Stewart est un artiste qui fait de la musique excitante. De combien pouvez-vous dire ça ? On ne veut pas dire qu’il a toujours tout réussi, tout le temps, mais on prend toujours de ses nouvelles avec une curiosité certaine. On sait qu’on va être surpris, un peu secoués et peut-être même un peu soufflés. Ou même beaucoup soufflés dans le cas qui nous occupe, à savoir le successeur du (…)

  • Bright Eyes - Five Dices All Threes

    Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
    Cette envie se retrouve notamment dans la mélodie très dylanienne d’El Capitan. On peut retrouver quelques préoccupations du (…)

  • Cloud Cult - Alchemy Creek

    On a fatalement un panthéon de groupes indés attachants. Et tout en haut figure cette formation du Minnesota. On pourrait aussi citer The Rural Alberta Advantage ou Port O’Brien au sein de cet aéropage héritier d’une époque où l’engagement total était un style en soi. Le résultat est un charme fou lié à cette intensité réelle.
    Hors mode donc mais leur inclination pro-climat, leur volonté de (…)

  • Loma - How Will I Live Without a Body

    Prendre son temps pour écrire une critique de Loma, ça tombe sous le sens tant la richesse ce troisième album nécessite un certain approfondissement. Même si on fréquente musicalement Jonathan Meiburg depuis 20 ans, découvrir un album de Shearwater ou Loma n’est jamais anodin et il faut un temps pour que toutes ses subtilités se dévoilent. Il en a été de même ici. Petit rappel des faits, Loma (…)