jeudi 15 février 2007, par
Si vous êtes en manque de douceur
Quelles sont les raisons qui peuvent pousser trois filles de Brooklyn à appeler leur groupe Au Revoir Simone ? La question reste entière. Après les noms comportant des lieux qui n’ont rien à voir avec la provenance du groupe, voici le nom dans une langue dans laquelle elles ne s’expriment pas avec un prénom qui n’est pas le leur. Je ne sais pas si on leur a dit, mais un nom pareil dans notre langue évoque plus la grosse blague que la fine mélancolie qu’elles distillent.
Trois filles donc. Un clavier chacune. Une boîte à rythme. Et c’est tout. Et c’est suffisant puisqu’on ne voie pas fort bien ce qu’il y a à ajouter à Au Revoir Simone (merci pour la tarte Simone ?). Mais ce line-up a les défauts de ses qualités. En effet, si le procédé vous plaît, vous allez passer un bon moment. Dans le cas contraire, peu de variété n’est à attendre. Vous serez fixés très vite de toute façon. C’est que le titre d’introduction (on ne répétera jamais le caractère primordial d’un engagement engageant) est à la fois typique de ce qui va suivre et très réussi. Mêlant la douceur dans la première partie et des chœurs plus galvanisants dans la seconde, on sait tout de suite ce qui nous attend. Et c’est beaucoup de douceur à venir. Les voix sont légères mais assurées et les mélodies présentes et imparables. On classera un peu au-dessus du reste Lucky One (avec ses paroles I was the lucky one/Reading letters/Not writing them) ou Fallen Snow en plus des deux derniers morceaux dont on parlera plus loin.
Ce qui importe chez Au Revoir Simone, c’est l’ambiance créée. La pochette n’est pas trompeuse à cet égard. J’ai tout de suite pensé à The Virgin Suicides et c’est vrai que dans les moments les plus recueillis Air n’est pas loin, mais le côté désincarné et très évanescent n’est pas là. On a plutôt les contes doux-amers qui auraient pu arriver à ces filles si elles n’avaient pas commis l’irréparable. Un autre nom vient immédiatement en tête à l’écoute de ce The Bird Of Music : Stereolab. Mais en plus reposé. C’est particulièrement flagrant sur Sad Song ou Fallen Snow.
Contre toute attente, c’est au détour de parties instrumentales que la véritable intensité arrive, remplaçant le joli par du plus prenant. On le retrouve par exemple su I Couldn’t Sleep mais surtout sur Lark, alors que le début du morceau ne laissait rien transparaître. Il suffit de peu de chose, un battement plus rythmé derrière les plusieurs voix sur A Violent Yet Flammable World, pour que l’aspect parfois un peu linéaire prenne du relief. On regrettera juste que ces moments sont un peu rares, attendant la fin de l’album (Way To There) pour sortir de leur coquille.
Mais ce ne sont que des pinaillages sur des détails. Il doit transparaître de ce qui précède qu’Au Revoir Simone m’a vraiment plu. Rares en effet sont les albums que je peux écouter en entier plus d’une fois par jour. A vous de voir si votre état d’esprit et votre inclination vous permettront de l’apprécier aussi. Il y a des milliers d’autres choses si ça ne vous tente pas mais si la mélancolie légère et les voix féminines dans ce qu’elles ont de plus doux sont votre truc, c’est un des musts du moment. Au Revoir Simone prouve qu’on peut avoir un point de départ ténu musicalement mais réussir de vraies belles et tristes et heureuses chansons.
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