lundi 19 mars 2007, par
Un poids lourd de l’indie se maintient à flot
Il suffit parfois de pas grand’ chose pour faire un grand saut. Un single accrocheur (Float On) qui passe à la radio, l’album qui le contient pour approfondir le sujet et c’est parti. Il y a trois ans, en abordant un peu au hasard Good New For People Who Like Bad News, je ne me doutais pas que je me frottais à un des poids lourds de la production indie américaine, un de ceux (pas tellement nombreux finalement) qui sont arrivés à sortir du Seattle post-grunge. Ils se sont d’ailleurs comme beaucoup (The Decemberists, The Shins, Menomena) réfugiés à Portland, Oregon.
J’attendais donc avec gourmandise ce nouvel album. Un nom hilarant comme d’habitude, le single Dashboard, disponible sur le myspace du groupe depuis le mois de janvier m’avaient mis en appétit. Autant que la collaboration de Johnny Marr. Pour les distraits, il s’agit du guitariste du groupe culte de Manchester The Smiths. La succession de Good News For People Who Like Bad News était lancée.
La première impression est mitigée. Comme la tendance actuelle le veut, plus solide au niveau du son, ce qui fait perdre un peu de charme et fait paraître le chant naturellement déglingué moins en phase. On semble s’être éloigné dans la forme comme dans le fond de l’agitation rock de The Lonesome Crowded West. Mais voyons ça de plus près. Il y a encore une tripotée de chouettes titres, c’est indéniable. Mais ils sont un peu disséminés au milieu de moments plus convenus. Trop souvent, ils se contentent de leur gimmicks et ressemblent à ce qu’on a pu entendre chez des groupes comme The Robocop Kraus ou autres Infadels et on a un morceau comme Florida. Pas indigne, certes, mais un peu anodin. Et c’est ce qui plombe l’écoute intégrale. Même si la répétition de mid-tempos sautillants en fait une proie facile pour une écoute superficielle.
Pour sortir de la grisaille, il y a deux solutions qui ont été tentées et réussies. La première consiste à pousser le procédé dans ses derniers retranchements. Et on a alors Dashboard qui est un peu le morceau auquel aurait dû ressembler Satan Said Dance de Clap Your Hands Say Yeah pour être pleinement satisfaisant. La seconde solution est de capitaliser sur ses points forts et revenir à d’anciens procédés. Quand le tempo se ralentit pour mieux cacher des variations de rythme, quand le faut départ de Parting Of The Sensory embarque un violon, quand ils refont jouer leurs sensations au point de jouer a capella, ça fonctionne tout de suite mieux. Dans le même ordre d’idées, Spitting Venom a enfin ce côté rugueux, ce groove champêtre en ébullition, prêt à sauter. Sa longueur hors format lui permet de contenir bien plus d’idées (cuivre, remontée irrésistible). Ils peuvent aussi se contenter d’une guitare simple mais efficace. Enfin, le rayon des franches réussites comporte aussi Little Motel, avec son final lent mais dense.
Le reste, on l’a dit, fait plutôt dans le franc du collier (avec des réussites aussi comme le final Invisible). Leur volonté d’en découdre est indéniable mais on en vient à penser que la longueur, alors que c’est ce qui leur permettait dans le passé de fourrer un peu tout (et aussi n’importe quoi, ce qui était chouette aussi) joue ici à leur désavantage. Ils auraient dû pousser la logique de l’efficacité à fond et éliminer un quart d’heure. C’est l’accumulation de certains morceaux trop uniformes qui déforce ce We Were Dead Before The Ship Even Sank
L’assagissement était la pire chose qui puisse arriver à Modest Mouse. Ils n’en sont pas encore là mais l’uniformisation guette. Leur talent leur permet cependant de se surpasser sur plusieurs titres et de rester attachants d’un bout à l’autre.
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