jeudi 24 mai 2007, par
Tchac-pouf au pays des merveilles.
A moins de générer beaucoup d’émotions, la lenteur musicale est difficile à réussir. Aucun risque avec Mirrored, la première sortie dans l’excellente écurie Warp du projet Battles. Je dis projet puisqu’y participent des gens au passé différent. On y retrouve pêle-mêle le batteur des bruyants Helmet (John Stanier), les guitaristes de Don Caballero (Ian Williams) et Lynx (Dave konopka) en plus de Tyondai Braxton. Pour ne rien vous cacher, des gens qui me sont plutôt inconnus. Mais ce n’est pas grave, on est là pour découvrir.
Comme cet album est essentiellement instrumental (restent des bribes de voix) et que ce sont des instruments de rock qui sont employés, le terme de post-rock sera lâché à un moment ou l’autre. Mais on n’a ici aucun des clichés inhérents au genre : arpèges lacrymaux, brusques sursauts de distorsion, périodes d’apaisement obligatoires. Finalement, c’est peut-être du jazz que tout ceci est le plus proche. Pas celui des solos alternés histoire de montrer quel bon instrumentiste on est, mais une forme à la fois intransigeante et épurée, avec en sus un aspect dans-ta-face assez marqué. Rien n’est plus difficile à définir que la musique sans paroles dirait-on. Mais heureusement, notre fournisseur d’étiquettes en a une toute neuve à disposition pour cette espèce rock caractérisé par des structures rythmiques complexes et atypiques, une dynamique de marche/arrêt et des riffs anguleux : le math-rock. Nous voilà donc bien avancés...
Alors que tout est en place pour une musique prise de tête au possible, l’invention et la fougue font passer le tout, si pas de façon digeste, du moins de façon impressionnante. Cette musique est un peu complexe, mais ça ne doit pas vous faire peur, la première écoute est aussi gratifiante que la septième. Bon, comme l’énergie est assez élevée tout au long de l’album, il peut se révéler éreintant si vous accusez le moindre coup de pompe. La mise en garde est d’ailleurs instantanée. Race:In annonce la couleur. Samples de très courtes séquences vocales (quoique plus longues et moins bonnes que chez The Field), rythmique solide. Les structures sont quand même parfois exigeantes (Rainbow) et peuvent enchanter (c’est guilleret) ou irriter (c’est tordu) selon l’humeur. D’ailleurs, la sarabande peut se faire vraiment infernale (TIJ). Le côté hystérique ici me convient bien de temps en temps. Mais il s’agit d’une tension (qui peut aussi se relâcher volontairement comme sur certains passages de Tonto), pas de fureur sonore. On respirera d’ailleurs dans les petits moments de flottement pas trop graves (Bad trails). Ce qui est paradoxal, c’est que ce sont les morceaux les plus longs qui fonctionnent le mieux. Ce qu’on peut en déduire, c’est qu’ils ont un certain discernement pour trier les idées.
C’est Atlas le morceau qui sert de cheval de Troie. C’est un bon choix, vu qu’il est typique du reste de l’album avec un côté un rien plus immédiat. S’il vous tombe dans les oreilles et que ça vous plait, plongez sur l’album. Le passé récent nous a fourni Panda Bear pour les démarches hors des sentiers battus en faisant subir les derniers outrages à un genre. Si vous voulez une petite promenade (marche assez musclée quand même) en dehors des routes balisés du rock, voici la dosette d’énergie pure et complexe qui peut vous requinquer.
L’album est écoutable dans son intégralité sur le myspace du groupe : http://www.myspace.com/battlestheband
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