samedi 16 juin 2007, par
A bout de souffle
On doit quand même de fameux moments aux frères chimiques, quelques litres de sécrétions en tous cas. La raison est suffisante donc pour jeter plus qu’une oreille sur la dernière sortie des Chemical Brothers, groupe qui a toujours fait un peu de la musique pour amateurs de rock. Ce qui est remarquable en tous cas, c’est leur longévité, vu la faible durée de vie de leurs coreligionnaires des années ’90.
Dans le cahier des charges de leurs albums, il y a des collaborations et quelques tueries. Le principe de leurs collaborations est intéressant dans la mesure où ils peuvent enrichir leur univers. Les klaxons font ici montre de leur côté plus pop-rock, celui qui nie leur étiquette de nu-rave et compose une bonne partie de leur chouette album. On dirait un vieux remix big-beat avec violons cheap. Quand les Klaxons font tout seuls du bombastique c’est plus jubilatoire (Atlantis To Interzone, Magick) que ce genre de remix. Quand on connait la délicatesse de Midlake, on comprend que même si l’orchestration se veut légère ici, elle ne les met pas en évidence, même si la petite accélération est plaisante. L’impression d’écouter un mash-up est quand même tenace. The Salmon Dance se veut sans doute rigolo mais le mélange Hip-hop/electro a connu de bien meilleurs jours. La déconnade est passable si elle est intéressante musicalement ou vraiment drôle. Il ne suffit pas de sortir le coussin péteur pour y arriver. Il faut bien conclure au ratage ici. Certaines chansons auraient mérité un traitement plus radical. Battle Scars (avec Willy Mason) par exemple est un titre qui aurait sans doute mieux fonctionné avec un autre accoutrement puisque le morceau est là. Il fallait oser. Quand je pense au remix insensé de Marble House de David Sitek (c’est écoutable ici http://www.myspace.com/theknife), je me dis qu’on n’est pas dans le même monde.
Dans le cahier des charges d’un album des Chemical Brothers, il y a aussi un titre bombastique. Il marche sans doute mais ils sont en constant déclin sur ce point. Comparez Do It Again avec Believe et comptez les marches descendues. Ils auraient du durcir le ton (Hey Boy Hey Girl marchait parce qu’ils ne semblaient pas faire de concession). Do It Again souffre d’un petit goût de trop peu.
Et pour le reste ? Le mélange ne se révèle pas détonnant en tous cas. Leurs façons de faire pling-pling pour faire de la vraie techno est un peu plate si on a entendu autre chose (Saturate). Ils ne s’y sentent pas très à l’aise visiblement et retombent bien vite dans le big beat. Cet album reste écoutable de bout en bout mais à aucun moment mon attention n’a été attirée par quoi que ce soit de brillant. Par exemple, Das Spiegel est plaisant mais plus dans la catégorie de Jean-Michel Jarre que The Knife (cette mélodie au clavier...). Même quand le départ est encourageant, il y a un détail qui tue, un son de synthé inapproprié, des vocaux trop dance, pour plomber le morceau (A modern Midnight Conversation). J’écoute cette musique au casque, assis et à jeun, ce qui n’est pas la posologie idéale. Peut-être que dans certaines conditions les montées de Burst Generator marchent. Je ne me prononcerai donc pas pour celui-là.
Ce n’est pas un album mauvais juste écoutable en camping, certes, mais l’époque est sévère pour eux. Le monde musical a changé. Ils s’en rendent comptent aussi vu qu’ils ont rafraîchi leur carnet d’adresses mais sont incapables d’accrocher le wagon. Si vous n’avez plus écouté de musique électronique depuis Music For The Jilted Generation de Prodigy, vous allez faire des découvertes. Dans le cas contraire, il s’agira d’une très peu inspirée musique de fond. Le plus gros problème, c’est qu’à l’heure où James Murphy nous a asséné une belle claque cette année dans le registre qui était le leur (la fédération de la caste des électroniciens et les rockeurs au cœur pur), ils patinent. Je veux bien qu’ils raflent plus d’auditeurs du côté de Basement Jaxx mais pour nous, certes un peu plus snobs et analytiques que la moyenne, c’est quand même en dessous des standards, y compris des leurs. Cet album ne m’est donc plus adressé. Mais je dois quand même avertir les éventuels destinataires de la baisse de qualité et de la différence grandissante entre la bonne musique électronique et ses placebos. L’indulgence diminue au fil des écoutes en tous cas. La raison en est simple : on a eu entretemps l’occasion d’écouter autre chose. De la musique électronique par exemple. Sans doute que je suis devenu plus snob. Mais en suivant les conseils de connaisseurs (dont certains collaborent à ce site), j’ai découvert James Holden, Trentemöller, The Field et Ellen Allien et tout ceci est un peu fade.
We Are The Night et sa moche pochette n’appartient pas à la catégorie des ratages, ni même des déceptions. Le sentiment est différent, comme celui d’un copain qu’on apprécie mais qui nous raconterait une vieille blague trop répétée. On sourit de confiance, de connivence, avec la nostalgie du temps où elle était mieux racontée et encore drôle. Et puis on a déménagé maintenant, et on a de nouvelles connaissances, de nouveaux amis... Et on se dit qu’on ne le rappellera sans doute plus.
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