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Architecture In Helsinki - Places Like This

lundi 27 août 2007, par marc

Ils sont devenus sages. Ou pas


Comme on est un peu saturés d’informations musicales, ce sont parfois des détails qui font qu’on n’écoute plus un groupe. Par exemple, une performance calamiteuse aux Nuits Botaniques de 2006 m’avait éloigné des Australiens d’ Architecture In Helsinki dont le In Case We Die m’avait assez marqué. C’est qu’il existe des groupes qui sonnent comme approximatifs en première écoute mais sont de très bonnes machines sur scène (Islands,  !!!, Tom Vek...). Donc quand une musique joyeusement bordélique est exécutée dans le relâchement, c’est vite n’importe quoi..

Deux choses pouvaient nous faire revenir sur notre avis. Un bon concert et un bon album. Le premier a eu lieu au Pukkelpop, grâce à un son plus acceptable. Le second est l’objet de cet article. C’est donc ainsi que nous retournons volontiers vers ce groupe, en mémoire des bons moments passés. Et on constate que plusieurs des éléments du succès ne sont plus là. Exit donc les morceaux qui sont le collage fou de six petites séquences, de la folle dépense créatrice. A la place, on peut dire qu’ils en reviennent, si on peut écrire, aux fondamentaux du bordel. De certaines figures tutélaires comme les B52’s ou autres Sugarcubes. La mixité des voix renforçant encore cette ressemblance. Ces deux figures tutélaires sont d’une précieuse pour rendre compte de la nouvelle mouture d’Architecture In Helsinki.

Dès l’amorce, Red Turned White montre le changement, dans un style Talking Heads ludique. Ce style passe mieux sur scène que l’ancien, mais la fraîcheur et le brin de magie se sont un peu éventés. Mais c’est toujours déconcertant (Underwater), plus atmosphérique qu’immédiatement pop, voilà tout. Hold Music est très catchy quoiqu’il en soit. Heart It Races est un peu le chaînon manquant entre leur styles passé et présent. C’est peut-être à ce titre qu’il a figuré comme single éclaireur. Ou alors, et c’est plus vraisemblable, parce qu’il est un des meilleurs et plus immédiats. Les pompom de rythmique fonctionnent en plein.

Ils utilisent parfois un début bien déjanté en wawa (Like It Or Not). C’est plus conforme à l’absence de cahier de charges pour ce folk à hurler qui pourrait très bien être interprété par I’m From Barcelona. Mais faute d’indispensables surprises, certains morceaux restent plus plats (Feather In A Baseball Cap)

J’ai déjà dit souvent la perplexité dans laquelle me laissent les rares incursions en funk-voix-de-fausset des groupes dont ce n’est pas le fond de commerce (Stars, Joseph Arthur). Ici, Debbie est joué comme si c’était la pièce centrale de l’album et c’est ça qui marche, la volonté de faire du dansant délirant, pas du léger.  !!! et autres The Rapture récents ne sont pas loin (s’ils restent plus convaincants), même si la volonté vintage eighties est encore plus marquée ici (Debbie).

Ils sont bien plus appliqués (le mal nommé Lazy (Lazy)), ce qui les fait de ce simple fait changer de genre. De fourre-tout génial à funk construit mais de façon concertée. Ce n’est plus le déluge d’idées, mais la mise en place des plus convaincantes, à défaut des plus rigolotes. Il y a toujours des tonnes de couches de musique, mais maintenant elles sont simultanées et plus successives. On peut même imaginer qu’ils lorgnent du coin de l’œil des poids lourd du fatras solide commeModest Mouse sur The Same Old Innocence qui clôt l’album. On reste quand même loin de la puissance d’un Spitting Venom convenons-en.

L’album est logique dans leur chef. Plutôt que se chatouiller mutuellement pour recréer une illusoire succession poil-à-gratter à la In Case We Die, les Australiens ont choisi de trier, de se concentrer et de faire passer leur bordel à la vitesse supérieure. Ils ont certes perdu au passage les brillantes idées pop qui illuminaient littéralement leur précédent album mais le véritable assagissement est heureusement reporté et le résultat est un groove bordélique du plus bel effet.

    Article Ecrit par marc

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