Accueil > Critiques > 2007

José González - In Our Nature

mercredi 26 septembre 2007, par Marc

On prend le même et on recommence


Faire du neuf avec de l’éprouvé, voilà sans doute une des volontés de José González au moment de sortir son premier album Veneer. On a tout de suite repéré une parenté évidente avec le Nick Drake de Pink Moon, en plus brut. Et puis, malgré la simplicité de la formule voix et guitare, il y avait ces gimmicks qui dépassaient le simple accompagnement. C’est d’ailleurs ce qui tend à l’éloigner de la pure tradition folk malgré l’impression d’intemporalité qui s’en dégage. A l’instar de ses reprises de styles différents, il est à parier que ses compositions pourraient aussi faire l’objet de traitements a priori pas adaptés. Sur scène, ce Suédois d’adoption, Argentin d’origine est un excellent instrumentiste et se révèle magnétique.

La première impression à l’écoute de cet In Our Nature est qu’il a repris les choses où il les avait laissées sur Veneer. Et rien au long de cet album ne viendra infirmer ce sentiment. Ce n’est pas un reproche loin de là mais par moments la tension retombe, ce qui rend l’écoute moins aride mais moins passionnante que celle de son prédécesseur.

Dans les morceaux de bravoure qui ont fait sa réputation, il y a la reprise tout en finesse et très éloignée de l’original de Heartbeat de The Knife, qui n’avait pas encore l’aura qui est la leur depuis Silent Shout. Cette fois, ce n’est pas sa version pourtant cotée de Love Will Tear Us Apart qui a été gravée mais une autre, qui fait partie de ses concerts depuis longtemps. Il s’agit de Teardrop de Massive Attack, Et c’est culotté. En effet, la version originale repose sur l’ambiance installée par des instruments électroniques et la voix de Liz Fraser. Donc, vouloir le reproduire tout seul à la guitare, c’est un peu chercher les ennuis. Mais l’homme est coutumier de ce type de challenge et s’en sort remarquablement bien. Ce morceau est sans conteste un des hauts faits de cet In Our Nature. Tant qu’on est sur le sujet, il faut aussi souligner Cycling Trivialities qui clôture cet album de fort belle façon. C’est quand il pousse son style vers plus d’intensité qu’il donne la pleine mesure de son talent. On le constate moins cependant ici que sur le précédent, plus sec, qu’on conseillera donc en priorité au néophyte.

Autant le dire tout de go, si je ne me suis jamais ennuyé au long de l’écoute de cet album, peu de moments ont particulièrement retenu mon attention. Ce qui n’avait pas été le cas sur le premier mais une raison est sans doute que l’effet de surprise est éventé. José González fait donc du José González . Si Veneer vous a séduits, ce Veneer II appelé pourtant In Our Nature va vous voir replonger sans souci.

On ne change pas une formule qui gagne semble être le slogan qui a prévalu lors de la conception du second album de José González . Très semblable à son prédécesseur qui l’avait révélé, il va contenter ses nombreux fans mais risque de laisser sur leur faim ceux qui espéraient au moins un peu de variété. Il y a néanmoins quelques meilleurs moments qui pourront mettre tout le monde d’accord.

    Article Ecrit par Marc

Répondre à cet article

2 Messages

  • Maita - Loneliness

    C’est sans doute une étrange idée d’aborder une discographie inconnue par une relecture acoustique d’un album qu’on n’avait pas écouté mais toute occasion est bonne de découvrir du talent. Donc après avoir sorti I Just Want To Be Wild For You, Maita (Maria Maita-Keppeler en vrai) a voulu tout de suite faire émerger des versions acoustiques, plus proches des compositions originales. Les morceaux (...)

  • Clara Engel – Their Invisible Hands

    D’emblée hantée, la musique de la Canadienne (de Toronto) Clara Engel est taillée pour la fascination. Et on le sait, ce n’est pas un sentiment facile à définir ou tracer. Si vous préférez une description piste-par-piste qui n’en déflore pas le mystère, elle s’en charge elle-même.
    Cet album réclame peut-être un peu d’investissement, ou en tous cas un contexte propice. Si c’est une possibilité, ce serait (...)

  • JJH Potter - Low tide

    Encore un artiste folk hexagonal et encore un détour qu’il est bon de faire. Ce premier album est publié par #14 records, le refuge du génial The Wooden Wolf, ce qui est évidemment ce qui a attiré notre attention. Une fois attirée, cette attention a été captée par cette voix claire et la limpidité revigorante des morceaux, hantés mais pas trop.
    L’accord des voix sur Lonely Star pourrait être une version (...)

  • Pollyanna - Man Time (EP)

    Elle est bien vivante, la scène folk française et on en veut pour preuve cette découverte de la Lilloise Isabelle Casier sous le nom de Pollyanna. C’est d’autant plus réussi que l’origine hexagonale est indétectable. Et comme souvent, on déborde du cadre du folk traditionnel et c’est bienvenu.
    On remarque tout de suite cette voix claire qui suit tous les traitements musicaux. Parce que de folk, il (...)