mercredi 24 octobre 2007, par
Eloge de la folie
Touts les groupes que j’aime sont revenus cette année. Un des rares à manquer à l’appel est Wolf Parade. Qu’à cela ne tienne, l’hyperactif Spencer Krug (Swan Lake et Frog Eyes, c’est lui aussi) revient quand même avec Sunset Rubdown.
Il est des gens qui collectionnent des timbres. Mais on peut aussi rassembler les groupes indés canadiens, c’est largement aussi gratifiant. En rattrapant les valeurs sûres du passé récent (les indispensables Godspeed You ! Black Emperor) et les seconds couteaux susceptibles de se surpasser (The New Pornographers et le groupe dont il est question) ma collection se complète. Dès les premières notes, l’origine du groupe ne fait aucun doute. Cette fois-ci encore, si vous êtes familiers avec le trillion de groupes indés nord-américains, le round d’observation sera plus court, même s’il m’a fallu un peu d’acharnement au début. A l’inverse, la haute densité en idées et l’aspect faussement débraillé risque d’en rebuter plus d’un. Mais j’y reviendrai.
Le son de Wolf Parade, dont la voix singulière de Krug, qualque part entre Win Butler et Alex Ounsworth, traité avec la liberté d’Animal Collective, c’est un peu le cocktail proposé. Même si le résultat n’est pas toujours à la hauteur de ce pitch. Il y a plus d’idées dans le premier morceau que sur la carrière de Stereolab mais l’effet secondaire est qu’on frôle à de nombreux moments le n’importe quoi. Ce n’est cependant pas Bruno Parade, le petit frère moins doué de qui vous savez, parce qu’il y a de franches réussites, une personnalité et une optique différente. Il faut admettre que pour les premières écoutes l’ambiance semble foldingue au risque de partir dans des moments musicaux pas toujours limpides ou convaincants. C’est un revers de médaille presque inévitable. Il vous faudra donc accepter cette règle du jeu.
Heureusement, il y a des récompenses au bout du chemin. Car les meilleurs moments sont assez inexplicablement concentrés sur la seconde partie de l’album. Quand tout le morceau tend vers un but, on a l’excellent The Taming of the Hands That Came Back To Life dont le riff guitare pourra aux plus tordus faire songer à du Santana. Ce titre a en sus un vrai souffle, et on se rend compte qu’un talent, même en roue libre, peut nous gratifier d’un moment de grande classe. C’est ce genre d’instant suspendu qu’on rencontre au détour d’un Stallion, de Colt Stands Up, Grows Horns, d’un For The Pier (and Dead Shimmering) ou encore de Trumpet, Trumpet, Toot, Toot. Finalement, ça concerne tous les morceaux, souvent festifs (Up On Your Leopard, Upon The End of Your Feral Days). Etrangement, les titres sont quasiment enchainés, donnant l’impression d’unité alors que chaque morceau a sa personnalité en fin de compte.
Il faut parfois resserrer les boulons et c’est parce que Wolf Parade arrive à insuffler un minimum de rigueur dans son foisonnement qu’il est génial. On songe fatalement à la maison-mère sur les meilleurs moments et on se dit que réaliser un album aussi uniformément emballant qu’Apologies To The Queen Mary est très rare. Mais ici aussi, c’est moins un morceau qu’une fulgurance sonore par ci par là qui force l’admiration. Il y a cette sensation de fragilité, de passage qui peut pour le même prix atteindre l’intensité ou l’irritation. On l’aura compris, l’auditeur est aussi mis à contribution. Mais cet engagement me plait dans la folie, ce qui fait que les molles élucubrations d’un Super Fury Animals me laissent de glace. Simple question de goût plus que de qualités intrinsèques, j’aime ce qui me secoue.
Doit-on se procurer un album sur foi de quelques morceaux excellents ? C’est à vous de voir mais pour ceux que l’absence de Wolf Parade rend impatient, c’est un complément indispensable. S’il s’égare parfois dans ses idées, Sunset Rubdown a suffisamment de moments de bravoure pour justifier l’écoute de ce Random Spirit Lover. On se contentera de ne pas l’imposer aux auditeurs aimant les morceaux léchés et les compositions linéaires. Cependant je me dis que j’aime beaucoup ça mais que même avec une habitude certaine et une familiarité avec le genre les premières écoutes rendent franchement perplexes, avant de susciter l’enthousiasme qui est le mien au moment de coucher ces lignes. A l’heure des palylists, où on connait trois quarts d’un morceau pour se faire une idée ou juste un passage éclair sur myspace, qui va prendre le temps d’apprivoiser ça ? Mais pour ne pas avoir plus que de raison l’impression de prêcher dans le désert, je vous conseille d’aller écouter plusieurs fois le morceau posté sur radiolibre.be.
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