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65 days of static, Apse , Liars, Ancienne Belgique, 01/11/2007

samedi 3 novembre 2007, par Fred, Marc

La volonté de puissance


Il est des façons plus agréables que d’autres de passer la Toussaint (période de l’année cafardeuse par définition). Un mini-festival par exemple. Au vu de l’affiche, qui proposait Liars, Apse et 65 Days of Static, on ne courrait que peu de risque de regretter les chrysanthèmes de toute façon.

En arrivant à 18h, on ne se doutait quand même pas que le concert de Liars avait commencé. Dans son costume blanc, Angus Andrew a une vague ressemblance avec Nick Cave. Bien entendu, on ne s’imagine pas le ténébreux Australien faire un footing autour de la scène ou prendre des postures de poulet. Car c’est ça aussi Liars sur scène, un spectacle qui rend mieux que les albums la folie de la démarche. L’écoute des cd nous fait en effet passer de l’émerveillement à la nervosité avec une certaine constance. S’ils sont moins déchainés qu’au Pukkelpop, c’est une bonne prestation auquel on a droit, nous faisant penser par moments à la fièvre des Stooges, ou, justement, aux moments les plus torturés du début de la carrière de Nick Cave. Le jeu de scène, le contact avec le public et certainsdes morceau du dernier album nous ont également fait penser à Beck.

Apse aussi avait convaincu au Pukkelpop. Leur post-rock fiévreux avait fait mouche. Il le fera encore ici, mais dans une moindre mesure. C’est qu’Apse alterne le passionnant et le plus anodin. Quand ils créent une tension, sur des murs de guitare inspirés, on passe un tout bon moment. A l’inverse, il y a des moments plus convenus qui déforcent le tout.
De plus la balance variable entre les morceaux rendait très proche l’overdose de basse sur certains morceaux. Et puis il y a ce chant rigoureusement inutile, voire énervant quand il singe Thom Yorke.
Mais ne vous y trompez pas, sur le court set, les instants de pure intensité ne sont pas rares et le constat final est plutôt positif. De plus, ils sont parfaitement à leur place entre les deux autres groupes du soir. On dit deux parce qu’on n’en a vu que deux autres, alors que ce sont bien six groupes qui étaient proposés ce soir. Mais faute d’avoir pu se placer en ordre utile à l’AB Box situé au-dessus, nous avons décliné.

C’est la troisième fois que je vois 65 Days Of Static. Donc l’effet de surprise est largement éventé. Qu’à cela ne tienne, c’est encore un soufflet sur le coin de la face auquel on a eu droit. C’est que les conditions d’écoute impeccables de l’Ancienne Belgique, un album tout en puissance, une belle assurance et un abattage phénoménal rendent l’expérience digne d’être vécue plusieurs fois. Et ici encore, nous en avons pris plein les oreilles. Mais également plein les yeux, les membres du groupe ne ménageant pas leurs efforts et ne cachant pas leur plaisir. Jouer sur des boucles électroniques peut parraître une solution de facilité mais impose une discipline qui force le respect. Car le moindre faute est interdite au quatuor, la machine, c’est bien connu, restant imperturbable.
Là où ça devient encore plus bleuffant, c’est quand le groupe ouvre son set par un symphonie pour machines suivie de 4 de ces morceaux liés par des breaks electros. Plus de 15 minutes de bonheur non stop ne tolérant aucune perte de temps (pour les changements de matériel) et ni temps (dans le morceaux)...
La puissance de feu de 65 Days of Static se situe à l’extrémité de mes goûts musicaux, aux confins de cette dureté indispensable parfois. Car ils manient la caresse et la claque avec une science rare. Parler de ce groupe passe inévitablement par un commentaire admiratif concernant le batteur. C’est sans doute le manieur de baguettes le plus impressionnant de la scène actuelle. Véritable poulpe, il se charge d’emplir de vigueur les compositions très saignantes du quatuor. Des morceaux comme Radio Protector sont toujours aussi spectaculaires. On a beau en connaître tous les recoins, on replonge à chaque fois. Et ce n’est pas le renfort du batteur de Youthmovies (un des groupes à l’affiche de Box) qui va ternir le tableau. Puis, étrangement, le tout dégénère en rave improvisée, le temps de libérer un peu de tension. Et puis le rock reprend un peu ses droits. Et on prend une droite.
Vous avez compris, 65 Days of Static progresse encore et a empêché tout le fervent public de regretter ses « potées ».


Liars


Apse


Apse


65 days of static


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