mardi 25 mars 2008, par
Dans la grande famille des projets de qualité qui ont moins d’écho que des chouchous surévalués, il ne faudrait pas oublier Destroyer. Membre des New Pornographers, c’est cependant en tant que Destroyer que Dan Bejar donne la mesure de son talent. Après un Destroyer’s Rubies qui a eu un succès critique même dans nos contrées, voici ce qui pourrait signer la reconnaissance. Ou risque de confirmer la frilosité de nos contemporains.
Car si Destroyer est surprenant, il n’en est pas moins accessible, ce qui paradoxalement peut faire douter de son originalité au premier abord. Je me rends compte qu’il va falloir que je m’explique. Le fonds de commerce, c’est la balade tordue. Tordue parce que sur des instruments réglés comme pour un rock planant standard, type Pink Floyd récent ou Roger Waters (circa Amused To Death et non, il n’y a pas de chœurs écœurants ici) il y a une voix, un ton qui à la foi tranchent et se mêlent. La conjonction des guitares pleines de réverb qui semblent surannées et d’un chant très particulier fonctionne en tous cas.
Shooting Rockets (from the Desk of The Night’s Ape) est un des tout grands moments qui, à partir d’éléments qui ne doivent rien à l’aspect volontairement artisanal d’un certain indie nord-américain (il vient de Vancouver) arrive à installer une intensité rare dans une mélodie à tiroirs. Ses huit minutes sont un peu la carte de visite de cet album, et l’enchainement qu’il clôture après Foam Hands et My Favourite Year est tout bonnement imparable.
Le chant semble nonchalant, obsédé par l’idée de ne pas sonner commun, mais le léger décalage est indispensable pour ne pas que les orchestrations un peu classiques à priori aseptisent le tout. Il y a évidemment de l’affection, plus encore dans les intonations et la dramatisation que dans le timbre lui-même. Cet expressionisme ramène à certains Bob Dylan, qui constitue aussi un point de comparaison pour la poésie hallucinée ou les mélodies pas toujours nettes (Plaza Trinidad). Car un des aspects qui frappent le plus chez Destroyer c’est la poésie tordue et cryptique de Dan Bejar. Pour comprendre les mots mais pas leur sens dans tous les cas, je n’oserai pas me lancer dans un exercice d’exégèse de ce qui apparaît comme très peu clair.
L’intérêt a beau se diluer un brin sur les derniers titres, il faut parfois attendre la fin d’un morceau pour qu’il s’emballe enfin, le procédé a beau être rendu moins brillant par moments, il n’en reste pas moins que c’est une de mes priorités de ce début d’année. Parce qu’encore une fois, c’est une musique qui fait mouche sans qu’on puisse fournir une liste exhaustive d’arguments. C’est la part de subjectivité qui m’a fait rentrer facilement et complètement dans cet univers, même si j’en sors avec la frustrante sensation d’être passé à côté d’une bonne partie du propos littéraire. Cet album de Destroyer est une pièce maitresse, impeccable de maitrise, dont la flamboyance infuse écoute après écoute.
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