mardi 23 septembre 2008, par
La puissance de la légende
Autant l’avouer tout de suite, j’ai un peu hésité avant d’acquérir un billet pour ce concert de Wire. C’est qu’après avoir été époustouflé par leurs trois premiers albums, toujours aussi pertinents et percutants trente ans après. Alors, que sont-ils devenus, après une carrière des plus chaotiques, après maints revirements, avec leur réputation d’intransigeance ?
Passons sur Duke Garwood. Ce bonhomme tout seul avec sa guitare pratique un blues tordu et psalmodié. Le public n’est pas venu et on ne peut pas lui donner tort. Dans les meilleurs moments, c’est un peu les épluchures que David Eugène Edwards jette en se disant qu’il écrira des chansons à la place. Ce n’est pas trop long fort heureusement.
Laptop sous le bras, sacoche en bandoulière, Colin Newman déboule avec sa bande, sourire ironique en coin. Car c’est aussi une caractéristique de ces drôles d’oiseaux. Cette distanciation qui les rend à la fois passionnants et humains. Ce groupe, qui passa d’un punk assez rigoriste (morceaux d’une minute…) aux prémices de ce qui suivra, du post-punk à tout ce qui est cold, pratique maintenant un rock tendu, maitrisé de bout en bout et toujours à la pointe. Car rock, la formation l’est vraiment. Le son de basse de Lewis est toujours aussi particuliere, Gotobed est imperturbable et donne une impression de maitrise assez impressionnante. Le line-up est complété par Margaret Fiedler McGinnis. Cette fondatrice de Laika a aussi tourné avec PJ Harvey et son jeu nous fait penser aux Pixies. Tout est en place, maintenant le spectacle. Un groupe qui donne l’impression d’être heureux d’être là, un des meilleurs répertoires de l’histoire du rock, une salle (l’Orangerie) qui est toujours aussi bonne pour le son, tout est en place pour nous rendre ce moment mémorable.
On a eu peur qu’ils fassent à la fois l’impasse sur leur très bon dernier album Object 47 (critique imminente ou toute fraiche, ça dépend) et sur leurs classiques et on a eu heureusement tort. Car ils n’ont fait aucun des deux. Tant mieux pour les vénéneux nouveaux morceaux, quelques extraits de Send et surtout quelques morceaux de bravoure dont ils n’ont pas l’air de se lasser. The 15th, Being Sucked In Again, The Lowdown (liste non exhaustive, je ne prends jamais de notes) ou un virulent 1 2 X U livré en fin de second (sisi) rappel rappellent tout ce qu’on leur doit. Et puis un groupe qui peut se montrer intense quand ils restent tous sur un accord a ce petit je-ne-sais-quoi indéfinissable qui rend unique.
A l’inverse de certains comportements qui deviennent pathétiques avec l’âge (arrêtez Iggy Pop, de grâce…), la froide classe de Wire passe sans dommage la rampe des années. Leur musique n’a pas d’âge, eux oui mais ça ne se sent pas.
Wire n’est pas là que pour faire revivre leur adolescence à certains (ils le font aussi hein) ou pour capitaliser sur un passé glorieux. En défendant sur scène un bon album intemporel et en gardant une fougue incroyable pour défendre des vieux titres, ils prouvent juste qu’ils sont juste ce qu’on aime chez eux, un groupe urgent, incandescent et intelligent.
Un petit supplément d’images pour les amateurs :
http://picasaweb.google.be/marc.mineur/Wire#
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