mercredi 25 mars 2009, par
Un goût de trop
The Crane Wife est sans doute un des rares albums que j’ai acheté juste parce qu’il était mis en évidence chez un disquaire. Autant dire que c’était mon premier mais pas le dernier achat de la sorte chez ce marchand (la petite chaine Sonic Boom pour l’anecdote) tant cet impeccable album figurait haut dansmes préférences de cette année-là.
Honnêtement, je ne connais pas bien la discographie du groupe de Portland, Oregon. Si je l’avais découvert via l’album précédent, je n’ai qu’une connaissance parcellaire de ce qui a précédé. Ce n’est donc pas en fan que je me présente, et je n’étais pas la cible de leurs recueils Always The Bridesmaid qui ont tenu les amateurs hardcore en haleine fin 2008.
Aucun style musical n’est mauvais en soi. On se trouve évidemment des affinités plus ou moins grandes avec chacun mais le rock progressif et les albums-concepts narratifs, soit dit entre nous, ce n’est pas ce qui me conduit le plus sûrement à l’extase. C’est que j’aime les plaisirs simples voyez-vous. Alors le son du synthé de prélude est déjà un programme en soi qui n’annonce rien de bien folichon. Heureusement, les violons viennent à point nommé apporter un peu d’humanité.
Alors, comment se fait-il que The Crane Wife reste un de mes albums préférés alors que celui-ci me laisse plus ou moins froid alors que les deux reposent sur un thème cohérent ? Difficile à dire mais je vais essayer quand même pour que vous n’ayez pas fait le voyage pour rien. Même si je ne suis pas complètement un manche dans la langue d’Obama, c’est surtout l’aspect musical qui m’importe et le propos ici m’est un peu passé au-dessus. Il s’agit encore d’amours contrariées, d’une reine de la forêt jalouse et d’autres choses qui bien franchement me laissent vraiment froid. D’autant que le propos narratif implique trop souvent des lignes mélodiques pas toujours limpides (Margaret In Captivity). Et puis le principe des morceaux en parties, des thèmes musicaux récurrents, des voix différentes pour les rôles, ça va un peu mais en 2009, le charme suranné ne m’émeut pas plus que ça. Est-ce que ce ne serait pas simplement le rock à guitares qui ‘passe moins bien’ ? C’est probable mais il n’en reste pas moins qu’intrinsèquement, les intrusions de riff un peu gras sur A Bower Scene sont un peu datées. Mais l’énergie rock peut aussi très bien passer sur The Rake’s Song.
L’avantage d’un album construit autour d’un thème, c’est la cohérence musicale. S’il reste de bons morceaux, c’est pris individuellement qu’ils risquent d’être moins marquants. La force de la Femme Grue, c’était quand même l’enchainement sans pitié de tous bons morceaux sans que le niveau ne retombe. On avait déjà une uniformité si vous voulez, mais avec une moyenne plus élevée. Il n’y en a aucun que je sortirais facilement pour faire succomber quelqu’un aux charmes des Decemberists. J’essaierais sans doute The Crane Wife pt. 2 ou We All Go Down Together
Il y a quand même des moments où la ligne rouge est franchie. Tout le monde mettra la limite où bon lui semble mais je n’ai pas vraiment goûté les thèmes musicaux récurrents menés par un clavier et une guitare ensemble (The Hasards Of Love Pt 3 mais à plein d’autres endroits, prog quand tu nous tiens), dans le plus pur style ampoulé seventies (The Wanting Comes In Waves et son inévitable reprise). Donc pour apprécier cet album il est paradoxalement préférable d’oublier tous les bons moments passés avec l’album précédent. Tout est un peu too much, jusqu’au final solo de pedal steel. C’est que la sobriété n’est pas leur caractéristique principale pour le coup.
A ce moment-ci de la critique, il est de bon ton de conclure. Et qu’écrire ici ? Que définitivement, la veine progressive et un peu ampoulée n’est pas ce que je préfère dans la musique en général donc pas davantage chez The Decemberists. En cédant un peu de leur folk-rock inspiré pour plus d’ampleur, ils aboutissent à un album cohérent de bout en bout, plutôt bon au final, mais trop connoté dans un style un peu héroïque pour qu’il puisse vraiment me plaire. Il est de coutume de dire qu’un goût de trop est préférable à un gout de trop peu mais ce Hazards Of Love vient faire mentir le cliché.
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