mercredi 25 mars 2009, par
Balade dans les champs de blé
C’est sans doute pas le nom qui m’a convaincu d’écouter cet album, ou par curiosité alors comme on va au musée de l’insolite. Les quelques premiers sons distillés dans le casque étaient d’une très bonne pureté acoustique, une bonne mise en conduit auditif, un bon tanin. Voui ! mettez-en une caisse svp !
Après renseignement, il s’agit d’un duo allemand, que l’on affiliera facilement à une descendance germanique de la culture triphop - downtempo, dans la lignée des Kruder&Dorfmeister, Tosca, Terranova (ah oui Terranova, bon souvenir)...
Grains est un album très sympathique qui s’écoute facilement comme musique de fond, d’ambiance. L’attrait est au-delà de l’accroche pop, pas de véritables singles, l’ensemble est parfaitement équilibré et oscille entre morceaux soul jazzy plus finis et d’autres plus introspectifs, plus ambient.
L’ambiance m’a beaucoup fait pensé au film de David Lynch "the Straight Story", quand, sur la musique de Badalamenti, on survolle les champs de maïs ou de blé sous un grand ciel bleu. Je crois d’ailleurs avoir déjà évoqué ce sentiment sur l’album Ma Fleur de Cinematic Orchestra, ce qui est logique car on est dans le même genre de musique, principalement avec le premier titre Flickers.
Apparemment les premières réalisations de Boozoo Bajou était plus dans un style electro dub - electro jazz, ce nouvel album, plus acoustique, montre un autre parallèle avec The Cinematic Orchestra mais également avec Bonobo, auquel on pense sur Big Nick’s.
Le titre Sign est pleinement teinté de Soul et on sent l’irrémédiable pésence d’un Curtis Mayfield dans un style beaucoup moins énervant que le projet retro de Jamie Lidell.
La plage titulaire mélange cette idée de langueur à la Angelo Badalamenti, à l’expressivité vocal d’artistes comme Archive ou encore Sophia.
Boozoo bajou dispense également sur leur album des titres avec voix féminines, qui me font penser à celles de l’album Close The Door de Terranova, peut-être pas au niveau du timbre mais de l’émotion, dans le groove, toutefois je donnerai un léger reproche pour le morceau Messenger où le résultat a un goût "classic21" un peu trop formaté.
Le reste des morceaux évolue dans les terres de l’acidjazz, un style St-Germain, avec une mention spéciale pour le morceau Kinder Ohne Strom dont la basse me fait penser à un classique, pourquoi pas le Circles d’Adam F ou She’s My Lover de KidLoco (au fait, qu’est-ce qu’ils deviennent ?).
Voilà une bonne sortie sur K7records en attendant celle de Tosca toute proche. Grains a des abords un peu classique, sans single au-dessus du lot, mais il y a des joyaux, et il faut s’y frotter un peu pour les faire briller. Donc c’est un album sans prise de tête, sincère et très bien fait, il manque peut-être juste un ou deux morceaux plus aguicheurs pour monter le statut des Boozoo Bajou, mais on se réjouit quand même de les connaitre.
http://www.myspace.com/boozoobajou
On avait déjà croisé le chemin de Sébastien Guérive, apprécié cette sculpture sur son qui dégage une majesté certaine mais sans grandiloquence. Cet album ne fait que confirmer et appuyer cette impression.
C’est le mélange d’organique et d’électronique qui est la plus grande réussite, ce qui permet à la fois de ménager l’émotion et de garantir une pulsation basse, cardiaque qui n’est pas un ajout de beats a (...)
L’EP sorti l’an passé nous avait déjà signalé le talent et la singularité d’Édouard Ferlet. On rappelle donc la singularité de son procédé. Il utilise deux pianos dont un mécanique piloté par une machine semble dialoguer avec celui qu’il manipule en direct. Ce pilotage crée un dialogue, indéniablement, mais s’il permet de se laisser surprendre, il faut tout de même une sacrée maitrise.
Pas de souci à avoir, (...)
Batz est le projet de deux musiciens et producteurs français, Seb Moreau et Franck Marchal et si ces noms ne vous disent rien non plus, ce premier album devrait changer les choses. Surtout qu’ils ont eu la bonne idée d’inviter sur 5 titres la chanteuse Charlotte Savary qu’on avait surtout connu comme chanteuse principale du projet Wax Taylor.
C’est un argument d’appel sans doute aucun, et le très (...)
Un peu de distraction et hop, on laisse passer deux albums. C’est ce qui est arrivé depuis La Chute de Magnetic Rust, nom de guerre du Nordiste Kevin Depoorter. On peut le déclarer maintenant, on ne laissera plus passer l’occasion. Parce que cet album confirme tout ce qu’on en pensait tout en complétant son univers.
Lequel n’est pas si facile à cerner d’ailleurs. Si ce n’est pas frontalement de (...)
Chez Sufjan Stevens, il y a les choses qu’on admire et celles qu’on adore et ce ne sont pas nécessairement les mêmes. Et si chez les fans de la première heure le meilleur était au début, c’est sans doute son fantastique Carrie and Lowell qui a été le plus acclamé et est considéré comme la ‘base’ de son style. Parce que Sufjan, c’est bien plus large que ça, entre albums hénaurmes et risqués, ambient pas (...)
L’album enregistré en Islande semble être un passage obligé pour bien des musiciens. A l’instar de compatriotes comme John Grant ou Low Roar (le regretté Ryan Karazija), Blake Aaron Henderson a suivi les conseils de son ami harpiste Úlfur Hansson et est allé enregistrer son cinquième album sur la fameuse île.
Et comme presque tout ce qui émane de ces terres d’exception, il en ressort une délicatesse (...)
S’il n’est pas immédiatement associé à une scène folk historique, le pédigrée de Rufus Wainwright ne laisse pas de doute. Il est le fils de Loudon Wainwright III et Kate McGarrigle (chanteurs folk proches de la scène de Laurel Canyon) après tout et tant qu’à rester en famille ses sœurs Lucy et Martha sont là, sa tante Anna McGarrigle aussi. Mais ce n’est pas vraiment un album familial pour autant, il y a (...)
Oui, Clara Engel nous revient déjà. Mais c’est surtout parce qu’il nous avait fallu du temps pour faire le tour de Their Invisible Hands. On connait maintenant l’univers de l’artiste canadienne et on se sent tout de suite chez nous. Eloge de la lenteur, du recueillement, il pousse à la contemplation et à reprendre le contrôle du temps. Donc il faut aussi la bonne disposition. Tout comme on n’entre pas (...)
Autoradio
Au fond, peut-être que Dan Auerbach et Patrick Carney ont lu notre critique de “Brothers” et qu’ils ont tenté de suivre à la lettre le conseil qu’on leur glissait à demi-mots : faire plus court et plus pop. On reprochait à leur précédente galette de contenir un tube énorme qui, comme par hasard, était le seul morceau produit par Danger Mouse ; ce coup-ci, Brian Burton est crédité à la (...)
On avance
Avancer dans le désert avant que le désert n’avance sur toi. À ce stade d’un parcours où sa vision du blues ne semble pas avoir dévié d’un grain de sable, Tinariwen continue pourtant d’aller de l’avant. Et jamais le groupe touareg n’a été plus fascinant, jamais sa musique n’a atteint d’aussi hautes dunes de beauté hypnotique. Reconnus aujourd’hui comme citoyens maliens par un gouvernement qu’ils (...)
Fièvre et langueur
Les Dap-Kings sont vraisemblablement à la musique soul ce que Jon Spencer est au rock’n’roll : d’irréductibles résistants qui ont toujours su entretenir la flamme sacrée du genre bien avant qu’il ne revienne en odeur de sainteté, quitte à s’inscrire en porte-à-faux des goûts du jour, jouer les essuyeurs de plâtre pour ne récolter, au final, qu’un maigre salaire pour leur fidélité – (...)
Crac-boum-hue
Ne soyons pas bégueules : Fuck You, le gros carton de la rentrée, est un des meilleurs singles de l’année. Beaucoup moins niais que le tube du même nom chanté par Lily Allen, nettement plus chaleureux que l’invective lancée auparavant par Archive, le majeur tendu de Cee Lo Green possède l’élégance des grands classiques Stax et chercher à y résister relèverait de la pire mauvaise foi. Ce (...)
On le répète souvent parce qu’on est chaque fois surpris de l’omniprésence de la musicienne française Christine Ott. Et sa productivité est aussi surprenante. Ainsi, six mois après le second album de Snowdrops et l’ayant croisé récemment en solo ou avec Theodore Wild Ride, la voici dans un nouveau projet. Ce n’est jamais pareil, seule l’exigence et la qualité sont constantes. Aussi ce mélange de tortueux (...)
La technique ne vaut que par ce qu’on en fait. Ce lieu commun prend tout son sens avec l’Allemande installée à New-York Charlotte Greve. Sa formation jazz est évidemment immédiatement identifiable mais la matière proposée ici en dévie sensiblement, ou plus précisément la pervertit avec une mine gourmande.
Il faut dire que la matière première de cet album, ce sont les voix du chœur berlinois Cantus (...)
S’il est plaisant de découvrir un artistes à ses débuts, de tracer son évolution, il peut aussi se révéler valorisant de le prendre en cours de route, avec une belle progression. On ne décèle pas tout de suite le potentiel de la chose mais il apparait bien vite que le potentiel du compositeur norvégien est indéniable.
Arpy commence de façon un peu douce, mélodique, simple. Mais imperceptiblement, (...)
On a été en contact avec plusieurs albums piano solo récemment, ceci est purement fortuit, et complètement indépendant du concours Reine Elisabeth. Ce qui étonne en fait, c’est la grande variété des moyens et des résultats. Avec ce trio articulé autour de la pianiste Madeleine Cazenave flanquée de la basse de Sylvain Didou et de la batterie de Boris Louvet, on se rappelle que le piano est un instrument à (...)