jeudi 30 avril 2009, par
,bras de bois bras de fer...
Il lui avait fallu un peu de temps pour nous parvenir, mais on avait fini par critiquer le précédent album Close To Paradise du groupe Patrick Watson. Pour rappel, le groupe s’était fait connaître progressivement en 2007-2008 suite à sa tournée européenne. A cette occasion on les avait croisés au Pukkelpop, au Grand Mix à Tourcoing ou encore à l’ABclub. L’album avait même fini par exister dans les bacs des disquaires. La renommée, ils le devaient aussi à la participation de leur charismatique chanteur Patrick Watson aux meilleurs morceaux du dernier album de Cinematic Orchestra ou, dans un autre registre, à l’utilisation d’un de leur morceau à la BO de Grey’s Anatomy (The Great Escape), c’est pas de la référence cinématographique en béton armé, mais tout de même le gage d’une large diffusion. Fort de ce succès, il faut logiquement à Wooden Arms, leur nouvel opus, beaucoup moins de temps pour se faire connaitre.
Cela met les canadiens dans la position classique de l’histoire d’un groupe : après la renommée le surf sur la vague, le Neon Bible du Funeral (quand c’est réussi), bref l’étape de confirmation... C’est dans ce contexte que l’on appréhende Wooden Arms et que les questions se posent. Vendredi dernier, ils étaient sur RadioCanada pour un live, et l’animatrice Christiane Charette demandait "celui qui a aimé Close To Paradise, aimera-t-il Wooden Arms ?", nous répondrons que c’est surtout ceux qui ont aimé les concerts de Patrick Watson qui aimeront ce nouvel opus. Tout l’art de Patrick Watson tient de la performance de l’équilibriste qui doit ici éviter de tomber dans l’excès de mièvrerie, c’est le danger du style balade piano-voix à la base de leurs compositions. Leurs performances scéniques étaient une parfaite réponse à cela et on a justement l’impression ici que c’est leur jeu de scène qui s’est invité sur l’album. C’est d’ailleurs composé sur le flanc de la longue tournée précédente, et il y a bien ce sentiment que c’est avant tout un album de groupe. On avait d’ailleurs entendu des nouveaux titres lors des concerts de mars 2008 et il est fort probable que certains de ces morceaux se retrouvent sur cet album.
On pourra reprocher de sortir ça à toutes les sauces mais il y a beaucoup de drums sur cet album qui font fort penser à une version breakbeat live des programmations drums d’Amon Tobin, corrélation fort probable puisque les deux artistes partagent des sphères musicales communes, se connaissent et se donnent à l’occasion un petit coup de main puisque le génial Brésilien était présent sur trois titres de Close To Paradise alors qu’on peut entendre le piano de Patrick sur Foley Room. D’autre part, il y a eu un travail similaire sur les percussions puisque que, autour de Robbie Kuster le batteur, ils ont voulu redéfinir leur ensemble de percussions en utilisant des sons non conventionnels. Cette particularité on l’a retrouve ici et là sur plusieurs morceaux de Wooden Arms comme sur le syncopé Beijing. Cette évolution de rythme ethnique confère à ce morceau très mélodique une vraie personnalité. Dans un passé récent, Andrew Bird avait réussi ce type de mélange, avec moins d’audace il faut le dire. Ce second album met d’ailleurs le Canadien dans la même catégorie qu’Andrew, à savoir celle d’un songwriting personnel, délicat et de haute volée, à la virtuosité jamais démonstrative.
Mais comme avec tous les auteurs de talent, l’album est subtil, varié, et humain. Le ton délicat et lancinant du chant peut se décliner sur fond de xylophone. On sent d’ailleurs la volonté de transcender le procédé voix-piano, de dépasser ce qui pourrait sous de plus simples atours ressembler à Antony and The Johnsons. (Man Like you), de pousser l’expérimentation un peu plus loin. Outre les percussions déjà mentionnées, on vire presque à la musique de bastringue sur Traveling Salesman, avec son interlude de voix transformées sur fond de cuivres. Dans cette optique, la pièce instrumentale Down At The Beach reprend bien des éléments de l’album (percus, montée chaotique, vocalises) qui assemblés ainsi rappellent certains bons moments des instrumentaux de Pink Floyd.
Autre nouveauté de cet album, ce sont les collaborations, avec Lhasa (Lhasa De Sela) sur la plage titulaire, douce balade dont la mélodie exhale un charme suranné de BO des années ‘40. Mais c’est principalement le titre Big Bird In A Small Cage qui retient notre attention côté collaboration. Ce morceau est avec Beijing une pièce angulaire de l’album, la voix fait penser par certains côtés à celle d’Heather Nova, mais il s’agit en fait de Katie Moore, une autre Montréalaise qui assurait déjà des chœurs sur l’album précédent. Côté potin on signale aussi la participation d’Erika Alexandersson, aperçue avec la formation Loney, Dear, et qui est également la compagne de l’inventif guitariste du groupe Simon Angell.
Après deux albums qui n’ont pas mis le pied chez nous et un Close To Paradise qui a servi de support à une tournée qui les ont fait découvrir, Wooden Arms est la preuve qu’ils ne se reposent pas sur leurs lauriers. Intrigant par moments, fort et subtil en permanence, il montre que c’est bien talent énorme de plus qui nous vient de Montréal. Cet album de garde se pose d’ores et déjà comme une des références de l’année en cours.
Pour en savoir plus, voilà un article très bien fait
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