lundi 8 juin 2009, par
Portrait en creux
Il était là, il n’était pas loin, il suffisait de le considérer. J’ai été tellement près de le manquer que je soupçonne que je manque bien des choses à cause de cette infinité de sorties. Mais pour mon plus grand plaisir, le troisième album de Piers Faccini ne m’a pas évité.
C’est donc l’album d’un pur singer-songwriter dans la mesure où il a élaboré seul et chez lui le plus clair de ces compositions. Faute de mieux, on va essayer de définir son style par défaut. N’attendez donc pas ici la luxuriance d’un Sufjan Stevens pas plus que l’aspect viscéral (caricatural ?) de Sophia. On ne retrouve pas non plus la virtuosité qu’on retrouve chez les violonistes (Patrick Wolf, Andrew Bird ou Owen Pallett) mais une approche humble et humaine comme celle de Joseph Arthur. Tant qu’on en est à citer, on n’est parfois pas loin de la grâce d’un Nick Drake le temps d’un Who Loves The Shade rehaussé de violon. La voix n’est pas impressionnante en soi mais convient parfaitement aux ambiances installées. Sur un Strangers, elle montre qu’elle peut aussi assurer des moments plus détendus, à la limite de la déclamation.
Il faut de solides morceaux pour ne pas sonner anodin. Ca tombe bien, il y a des titres du calibre de Save A Place For Me. Ce qui frappe, c’est qu’on sait à quel point une écriture délicate peut mener à la mièvrerie. Vous connaissez assez de noms de cette mélasse acoustique pour que je n’aie pas besoin d’en ajouter. C’est ce qui rend ce morceau cité en exemple (mais il y en a bien d’autres) tellement indispensable. Et c’est même parfois franchement lumineux (Home Away From Home).
Même s’il faut dire que la tradition est plutôt outre-Atlantique, il n’emprunte pas ses sonorités au country-folk. Il reste européen même sur A Storm Is Going To Come dont les moments plus intenses font songer à des Decemberists qui se seraient rappelé que le prog, c’est souvent lourd. C’est donc très logiquement sur le morceau le plus dépouillé qu’il nous laisse (My Burden Is Light). Il y a d’autres exemples de morceaux plus nus puisque Time Of Nought ne comporte qu’un violoncelle pour appuyer les arpèges de guitare. Précisons tout de même que ce ne sont pas mes moments préférés.
Comme je me fais fort de toujours trouver une limitation dans les albums que je critique, je trouve qu’ici il se cantonne dans le mid-tempo. Mais cette assertion se rétracte d’elle-même quand on constate à quel point il excelle dans le genre (To See Is To Believe).
La délicatesse de cet album, la qualité des chansons prises individuellement m’ont vraiment tapé dans l’oreille dès le début. Cet album modeste dans sa facture est en fait une imparable enfilade de morceaux accrocheurs juste comme il faut, immédiatement plaisants et intimes. Le songwriting pas ramenard de Piers Faccini est un compagnon de route rare et précieux. Si ce n’est pas du conseil, je ne m’y connais plus…
On apprécie toujours le retour d’un ami de longue date, surtout s’il reste empreint d’une grande beauté. Comme on l’avait signalé à la sortie du précédent Years in Marble, il s’éloigne d’influences comme Nick Drake (avec un picking virtuose) pour favoriser un mid-tempo qui coule de source comme South, Brother qui relate ses retrouvailles avec son frère qui vit en Espagne. La finesse d’écriture (…)
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Conor Oberst a aquis très tôt un statut culte, le genre dont il est compliqué de se dépêtrer. Lui qui se surprend ici à avoir vécu jusque 45 ans (il y est presque...) nous gratifie avec ses compagnons de route Mike Mogis et Nate Walcott d’un album qui suinte l’envie.
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Un écueil fréquent auquel se frottent les artistes à forte personnalité est la répétition. Quand on a un son bien défini, un univers particulier, les variations sont parfois trop subtiles pour être remarquées ou remarquables. Si vous avez écouté deux albums de Stereolab vous savez de quoi on veut parler. Si on identifie un morceau de Fink assez vite, il y a malgré tout suffisamment d’amplitude (…)