vendredi 9 octobre 2009, par
Sablons les oreilles
Parmi les ovnis les plus attachants de ces dernières années, il y eut A Place To Bury Strangers. Ce trio de Brooklyn a débarqué de nulle part il y a deux ans, avec un album autoproduit qui montrait déjà des combinaisons assez inédites qui se retrouvent ici. De l’eau a passé sous les ponts et les voilà maintenant chez un label bien plus confortable, Mute. Ils se retrouvent donc au catalogue avec Moby ou Depeche Mode, mais aussi Nitzer Ebb, Liars ou Nick Cave. Gageons qu’une audience plus large leur est sans doute promise, même si l’âpreté du propos les détournera à jamais de la liesse populaire.
Alors que finalement j’écoute fort peu de musique forte en son, ils m’ont plu tout de suite. En effet, le rock à guitares a tendance à vite me lasser et je n’ai aucune inclinaison pour aucune des variétés du métal. Alors, qu’est-ce qui me rend sympathiques ces terroristes sonores ? Tout d’abord une intransigeance de bon aloi. Ensuite le socle sur lequel repose leur bruit m’est familier puisque c’est dans une tendance sombre des années ’80 qu’ils vont le chercher.
Les mélodies peuvent être sommaires mais très convaincantes (Exploding Head), un peu décalées avec l’ambiance sonore, mais c’est ce décalage qui fait le sel de l’album et du groupe (Smile When You Smile). Avec un traitement plus martial et moins bruyant, ce serait un morceau assez typique de coldwave. Il y a ici plus que sur le précédent un ton plus robotique (In Your Heart). Et s’il manque évidemment les voix sépulcrales, on peut aussi penser à l’hypnose sombre de Sisters Of Mercy (circa First And Last And Always) pour Keep Sleeping Away. C’est donc maintenant la référence cold, plus encore que le spectre de Joy Division qui planait sur l’album précédent. Pour le reste, l’influence majeure devient plus clairement My Bloody Valentine ou Jesus And The Mary Chain. La patine du son travaillé évite cependant les comparaisons trop frontales avec les années ’80. Ils réhabilitent quand même au passage la pédale de flange un peu tombée en désuétude (on n’est plus à l’époque de Faith de The Cure) sur Exploding Head. Aussi complexe et varié dans les influences, je ne vois que Deerhunter, même si le résultat n’accouche pas ici d’ambient lysergique.
APTBS, ce sont surtout des sons de guitare hallucinants. Rappelons que le leader Olivier Akermann a sa propre entreprise de confection de pédales d’effets pour guitares, Death By Audio et qu’il fournit aussi bien U2 (sisi) et Wilco que Nine Inch Nails (pour qui ils ont assuré des premières parties). Il reste encore des sons assez caractéristiques sur DeadBeat ou Ego Death, voire d’authentiques moments de noise débridé (Everything Always Goes). Si vous voulez faire décoller des visiteurs importuns et fans de Carla Bruni, voilà de quoi faire. Mais il faut dire qu’une production plus haut-de-gamme rend le tout moins exigeant que par le passé. Comme on est à des lieues du rock formaté, rien de rédhibitoire. De plus, le tempo enlevé contribue à une intensité d’écoute supérieure. Si vous voulez comparer facilement les deux albums, il y a une nouvelle version de leur excellent I Lived My Life to Stand in the Shadow of Your Heart. Peu de choses ont changé finalement. En ménageant des moments de vraie tension sur la fin instrumentale dantesque, elle en devient à la fois encore plus accessible et plus extrême.
Il y a ces moments où on aime écouter des groupes plus sirupeux qui en d’autres moments nous énerveraient. Il en va de même pour ces joyeux (enfin, pas trop joyeux) faiseurs de capharnaüm auditif, j’en ai besoin de temps en temps pour me dégourdir les esgourdes. Dans la série très limitée des musiques de sous-niche, voici sans doute une référence incontournable. Le mélange d’une furie sonore héritée d’une certaine scène noisy des nineties avec la tension robotique du pan noir de la décennie précédente prend en tous cas des allures toujours aussi fascinantes et sombres.
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Bon ben on y est là : l’année 2011 touche vraiment à sa fin et ça va très prochainement être l’heure des bilans, presque une fin en soi quand on a envie de se nettoyer la tête et de ne retenir, en vue d’un plus lointain avenir, que ce qui aura été digne des plus vives attentions. Histoire d’activer la liquidation des stocks disponibles, je voulais toucher un mot rapide (…)
Pas gagné
Étant entendu que mes goûts tendent à diverger largement de ceux de notre lectorat cible, établis après trois études de marché et une campagne promotionnelle en béton armé, il va de soi que le premier album des Américains de Tennis risque de faire des émules dont je tiens à m’excuser d’avance de ne pas faire partie. Histoire d’éviter de vous faire perdre votre temps et le mien par (…)