jeudi 10 août 2006, par
Après le passéiste et à moitié convaincant Bloodflowers (sorte de palimpseste de Disintegration) et la liquidation du fonds de commerce via la très riche compilation Join the dots, on n’attendait plus grand-chose de The Cure. Même si c’est des géants des années ’80 celui qui a le mieux survécu (une pensée émue pour U2, Depeche mode et Simple minds, RIP...), on avait fait son deuil de la bande à Robert Smith. Et puis la nouvelle a éclaté : ils étaient en studio avec Ross Robinson, le producteur de Korn, Limp Bizkit, Sepultura et autres Slipknot. Alors quoi ? Ils allaient faire un album métal ’djeûns’, comme un Japanese Whispers de sinistre mémoire avait marqué un virage pop qui est rentré dans le décor ?
Et bien non, on a bien une rage palpable sur le morceau d’introduction (Lost et son entêtant ’I Can’t Find Myself’) mais c’est du Cure pur jus. Pas une addition de gimmicks qui consisterait à ’faire du Cure’ en roue libre, non, un vrai bon album. Donc avec de bonnes chansons dedans et un esprit général. Car si on excepte le single The End Of The World et le pop (I Don’t Know What’s Going) On, on retrouve une ambiance plombée, portée par un batteur en grande forme (Never) et des guitares gardant le son reconnaissable entre tous malgré les wah-wah en liberté (Lost, The Promise). Même les titres pouvant faire de prime abord penser à l’opus précédent (Us or them) sont transfigurés par la voix de Robert Smith qui n’a que rarement chanté de la sorte, comme si sa vie en dépendait.
Les gens ont-ls encore besoin ou envie de Cure en 2004 ? Oui, je le pense, et ce ne sont pas seulement les corbeaux d’il y a 20 ans reconvertis en publicitaires qui pourront aborder cet album.
En effet, The Cure est un filtre, jamais suiveur mais pouvant restituer l’esprit d’un moment à travers le prisme d’un son et d’une voix (la plus reconnaissable du rock). Eux seuls connaissent le secret, eux seuls peuvent donner au superbe morceau final (The promise) cette intensité, ces guitares entrelacées, maltraitées.
Si l’autocitation est parfois présente (on croit reconnaître l’intro de In your house sur Alt.end), on a dans les oreilles un album de 2004 qui ne cherche pas les démons du passé. Robert Smith a compris qu’il ne refera pas Pornography ou Disintegration et, de notre côté, on ne les attend plus non plus. Robert Smith et son équipe nous aident à grandir en nous inscrivant à la fois dans notre passé et notre présent. Le temps est seul juge, mais en ce jour du mois d’août 2004, je pense qu’on tient le Wish des années 2000. (M.)
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