jeudi 15 octobre 2009, par
Le vieil ami
Il est des amis comme ça. A peine ont-ils débarqué du bout du monde après une absence conséquente ou à peine revient-on de contrées lointaines qu’on a l’impression de continuer une conversation malencontreusement interrompue il y a quelques minutes. Donc malgré une absence de trois ans, le groupe de San Diego nous sort un sixième album fort opportunément appelé Six (non, ils n’aiment pas brouiller les pistes) qui nous fera assez vite retrouver nos marques.
Paradoxalement, il faut plusieurs écoutes pour apprécier de nouveau toutes les subtilités de ce groupe, alors que la familiarité s’installe tout de suite. Je suis d’ailleurs complètement passé à côté des meilleurs moments lors des premières écoutes. Et d’un autre côté, je sais qu’il est assez improbable que je réécoute ce – bon – album en entier dans l’avenir. Il faut quand même préciser qu’avec ce qu’on ingurgite comme matière musicale, ce n’est pas vraiment un critère de (non) qualité.
La matière brute de The Black Heart Procession, c’est la mélancolie, prise comme une matière friable, plastique, modelable. Ils la pétrissent dès le premier titre (When You Finish Me). Leur grande force, c’est de ne jamais être excessifs. J’ai rarement été bouleversé mais ce n’est jamais le but. C’est aussi ça l’effet de TBHP. Des groupes sombres se doivent en effet bouleverser ou sombrer dans le ridicule. Ils se situent donc dans cet entre-deux, ne cherchant pas à tout prix à tirer des émotions de l’auditeur sans non plus être anodin (et certainement pas ridicule).
Ce n’est jamais exactement primesautier mais il y a quand même des moments d’une mélancolie plus douce et, disons, enlevée, comme Witching Stone. C’est sous cette forme que leur apparent détachement se montre le plus attachant. Ils ont leur propre grammaire, avec ces voix presque systématiquement dédoublées et un piano sobre mais toujours bien emmené (Iri Sulu). Notons que l’effet de surprise n’est pas du voyage et qu’avec un peu moins d’indulgence on peut croire bien des morceaux en roue libre.
On aurait tort pourtant de conclure à l’uniformité parce qu’on passe du rock de bastingue et branque (Back To The Underground) à des vignettes bien plus intimistes (Drugs). On peut aussi y entendre un orgue que ne renieraient pas les Bad Seeds de Nick Cave (Heaven And Hell). Mais on n’y retrouve pas la morgue et l’emphase du crooner crépusculaire australien. Et quand le rock est étrangement noyé (Suicide) pour un effet vocal, ils ne sont pas sans évoquer Ghinzu.
On sait presque toujours par avance ce qu’on va trouver sur un album de Black Heart Procession et quand on y a trouvé ce qu’on cherchait, difficile de faire la fine bouche. Donc ce groupe qui est presque un label de qualité et de constance vient fort à point se rappeler à notre bon souvenir.
On ne peut pas dire que l’exercice de l’album de reprise soit notre préféré. Si c’est amusant à petites doses, l’aspect presque toujours hétéroclite de reprises diverses par un.e artiste ou de rerpises d’un.e artiste par une multitude est souvent rébarbatif. Mais avec une forte personnalité musicale établie avec parcimonie lors de ces 15 dernières années, on savait que la cover était un des (…)
’Cette année c’est la bonne’. C’est ce qu’on s’est dit quelques fois avant d’abandonner l’espoir d’un nouvel album de The Cure. Lequel n’était même pas indispensable, on les sait toujours capables de longues tournées de longs concerts de longues chansons. Et puis l’intégrité de la bande de Robert Smith, pronant le ticket pas cher à l’heure des prix dynamiques ou privilégiant les longues intros (…)
Il est des groupes qu’on écoute encore et pour lesquels on se demande pourquoi on s’inflige ça, déception après inintérêt. Le cas des Tindersticks est un peu différent. Si on ne peut pas prétendre avoir à chaque fois succombé aux charmes d’un album fantastique, il y avait toujours des raisons d’y revenir, de ne pas lâcher l’affaire après 30 (gasp...) années de fréquentation.
Cet album ne (…)
La nature a horreur du vide, l’industrie musicale encore plus. C’est donc une volonté de la maison de disques de propulser le crooner crépusculaire australien au sommet, déserté par des gens comme Leonard Cohen ou David Bowie pour d’évidentes raisons de décès. Et il semble que ça marche, cette sortie est précédée d’un abondant tam-tam. Pour le reste, c’est aussi la connivence qui va jouer. (…)