jeudi 12 novembre 2009, par
Richesse synthétique
Un des clichés de l’époque veut que les blogs soient en voie d’écrasement. Dans le rayon musical, on constate aussi plus de disparitions que de créations. Lister ceux qu’on suivait et qui ont arrêté ou ont fortement limité leur production pour mille raisons serait cruel mais je m’en voudrais après vous avoir remercié pour votre assiduité de ne pas saluer ceux qui se lancent à contre-courant. Tout ça pour dire que c’est via le blog du Mmarsup (occasionnel pilier de comptoir ici pour le plaisir de la maison) que j’ai découvert Memory Tapes. Il y montrait comme beaucoup son enthousiasme pour ce qui est le produit d’un homme seul de Philadelphie, Dayve Hawk et je dois dire que je lui donne raison pour le coup.
Des arpèges légers introduisent l’album. Les voix sont effacées, très échoïsées, un peu comme chez My Morning Jacket mais en plus discret et c’est une des caractéristique de ce Seeking Magic, les cordes vocales sont là pour participer à l’ambiance et la nonchalance est assez bien installée.
Ce style particulier de musique synthétique me sort de mes références habituelles mais il se trouve quand même plusieurs points d’accroche. Parfois au sein d’un même morceau. Les intonations de Bicycle font songer à The Knife, puis ils enfoncent le champignon avec une basse vibrante pour retrouver sur le final une guitare sortie d’un Cure vintage,et cette somme d’analogies n’est jamais indigeste. Parce que rien ne doit être plus élaboré que la musique à visée légère et qu’on retrouve ici ce je-ne-sais-quoi de pop et digeste. Vous voilà bien avancés.
Tant que je vous tiens, précisons que cette electro-pop au beat occasionnellement nonchalant peut se rapprocher de groupes comme Hot chip ou Junior Boys. Typiquement deux groupes à l’aura critique certaine et qui ne m’ont jamais séduit Au contraire des Talking Heads ou de The Whitest Boy Alive à qui le groove discret de Green Knight m’a fait penser.
Chacun tracera sa ligne rouge et la mienne s’arrêtera en deçà de Stop Talking. Voix éthérées sur fond léger, c’est un truc qui me parle rarement, même sur un album qui m’a plu. Mais cette aversion n’est apparue que sur le refrain. Ouille me suis-je dit in petto alors que jusque là on pensait à une version plus synthétique de Phoenix (bien donc). Mais comme pour empêcher de formuler une opinion tranchée et définitive, la fin de ce long (7 minutes quand même) morceau est de bonne tenue.
Coup de mou de l’album ? Sans doute puisque le morceau suivant (Graphics) repose sur un synthé bien plus saignant et oublie carrément d’être mollasson et ses poussées de fièvre électronique sont même franchement convaincantes. La transition n’est pourtant pas des plus évidentes. Question de dosage et de subjectivité sans doute. On est alors plus proches de projets comme Telefon Tel Aviv que de musique pop orchestrée au synthétiseur.
Et puis il replonge dans une pop plus classique sur Plain Material dans la composition mais transcendée par les sons et la batterie sèche qui l’accompagne. C’est cette production qui ne met pas la voix en avant mais privilégie l’équilibre du morceau qui marche, avec d’étranges samples de voix d’enfants en guise de final.
Et on terminera par un morceau dont les sons semblent piqués à Jean-Michel Jarre mais que les guitares distordues en fond empêche de tomber dans l’hommage. Vous l’aurez donc constaté par la disparité des références et des appréciations, l’écoute reste le meilleur moyen de se forger une opinion sur cet album protéiforme.
Sans l’aide de quelques passionnés (il a depuis été plébiscité par Pitchfork), cet album serait passé complètement inaperçu. Evidemment, beaucoup d’albums ont le même sort dans la pléthore actuelle, mais celui-ci recèle de manifestes qualités et il serait dommage de ne pas répandre la bonne parole. La catégorie de la pop synthétique est certes vaste mais des non-initiés comme moi ont pu trouver du plaisir dans ce riche album.
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