samedi 17 avril 2010, par
La nuit, sans prévenir
Il aura fallu le temps à ce disque, impossible à se procurer en version physique sur la toile – sinon par l’entremise de la charmante Caroline Gabard – de se retrouver enfin dans les étagères des disquaires. Humpty Dumpty Records est, il faut le dire, un label au goût sûr – ils nous avaient déjà offert l’extraordinaire album de Carl – mais, et ce n’est sans doute pas sans rapport, peu doué pour l’e-commerce. Bref, "And Night Arrives in One Gigantic Step" est arrivé non à pas de géant, mais bien sur la pointe des pieds, et l’attente est plus que récompensée.
Boy & the Echo Choir, c’est d’abord Boy – alias Caroline Gabard donc – qui a enregistré d’autres jolies bricoles dans le duo Tazio & Boy : des dizaines de morceaux faits maison et compilés, un beau jour de 2007, sur le magnifique "Note-Book". Lancée dans une escapade solo pour la troisième fois, Boy – qui est une fille, vous l’aurez compris maintenant – s’est entourée d’une équipe gagnante, agrémentée notamment de la fine fleur de ce que la scène rock bruxelloise compte d’intéressant : l’ex-Melon Galia Aurélie Müller et Thomas Van Cottom, batteur historique de Venus, soit les actuels bailleurs de Soy Un Caballo, ainsi que le trompettiste de Major Deluxe.
Mais rangeons le carnet mondain. Boy, qui est française – c’est l’autre mensonge renfermé dans son pseudonyme – a de bonnes relations des deux côtés de la frontière, mais surtout de bonnes idées des deux côtés du cerveau. Construisant des mélodies au cordeau, essentiellement sur un piano plombé, elle y pose de troublants cantilènes qui soulèvent ses compositions et les soustraient à l’atonie. En pleine lévitation, la musique de Boy immerge dans l’immatériel ; elle sait se faire bulle d’air, plus que voix, plus qu’écho, comme sur le dernier album de Shannon Wright.
Vocalement cela dit, on pense plus souvent à Soap & Skin, soit que Boy se perde – nous perde – dans une mélopée circulaire (Silent Is Your Song), soit qu’elle suffoque de piété (Flower Walk). Une Soap & Skin qui aurait vu la lumière (Into the Light), ou bien une Chan Marshall au cœur de ses brumes éthyliques (Naphtalene), voire encore des Mansfield.Tya qui noieraient leurs visions de sang dans la Seine (Paris). On entend aussi, dans cette façon de hululer ses peines à la lune, la langueur sublimée des nymphes du folk nocturne telles qu’Emily Jane White ou Nancy Elizabeth. On arrêtera là le jeu des comparaisons ; disons simplement que Boy & the Echo Choir allie le meilleur de ces univers et les fond dans un tout glacé parfaitement homogène.
Cette façon de réduire le champ des possibles ne révèle pas plus d’impotence qu’un goût de la routine. On y verra plutôt la volonté de traduire la beauté dans sa plus simple expression, sans négliger de la ponctuer ici ou là par quelques touches de poésie enfantine. D’obsédantes programmations et un accordéon vacillant embaument le pétrifiant A Great Sorrow tandis que sur Nina Jane, c’est un métallophone qui vient, avec tact, recueillir les dernières larmes qui nous restent. On jurerait que Casiotone For the Painfully Alone a trouvé refuge chez Chapi Chapo & les Petites Musique de Pluie et qu’ils regardent ensemble vieillir les étoiles, In the Garden.
La chanson la plus vénéneuse s’appelle Take Me Home : versifiée par une guitare meurtrie et un violon râpeux, elle voit Boy réclamer un foyer. Sans le savoir, la chanteuse a pourtant déjà élu domicile dans les cœurs d’artichaut. Sa nuit est tombée sans prévenir. On s’y lovera chaque fois que l’on voudra fuir l’insoutenable, chaque fois que nos yeux fermés se méfieront du silence. Onze chansons pour autant de chefs-d’œuvre de poche. Si on avait su, l’attente nous aurait consumés avant d’avoir pu y goûter.
S’il n’est pas immédiatement associé à une scène folk historique, le pédigrée de Rufus Wainwright ne laisse pas de doute. Il est le fils de Loudon Wainwright III et Kate McGarrigle (chanteurs folk proches de la scène de Laurel Canyon) après tout et tant qu’à rester en famille ses sœurs Lucy et Martha sont là, sa tante Anna McGarrigle aussi. Mais ce n’est pas vraiment un album familial pour autant, il y a (...)
Oui, Clara Engel nous revient déjà. Mais c’est surtout parce qu’il nous avait fallu du temps pour faire le tour de Their Invisible Hands. On connait maintenant l’univers de l’artiste canadienne et on se sent tout de suite chez nous. Eloge de la lenteur, du recueillement, il pousse à la contemplation et à reprendre le contrôle du temps. Donc il faut aussi la bonne disposition. Tout comme on n’entre pas (...)
On ne va pas se mentir, il faut une petite adaptation à l’entame de ce nouvel album de Dan San. Eux qu’on avait vu évoluer d’un folk ample à un folk puissant avant d’incorporer des éléments plus psychédéliques. La trajectoire vers toujours plus de légèreté ne sera pas infléchie par ce troisième album.
Les voix ne sont plus aussi typées, même si elles poussent encore parfois à l’unisson. On pense même (...)
On n’a qu’une chance de faire une première bonne impression. C’est via un album soyeux qu’on écoute encore beaucoup 20 ans après qu’on a fait connaissance du talent tellement attachant de Leslie Feist et on n’a jamais décroché parce qu’elle ne nous a jamais déçus non plus.
On n’a qu’une chance de faire une première bonne impression. Et c’est avec le délicieusement psychédélique In Lightning qu’elle revient (...)