mercredi 7 mai 2014, par
La vie avant tout
Le temps n’a pas la même prise sur tout le monde. A 27 ans, Will Stratton sort son cinquième album et a déjà vaincu un cancer. Il serait évidemment hasardeux de renvoyer dos à dos les deux expériences mais il serait un peu injuste de les oublier. Surtout que cette pénible maladie surmontée ne jette pas un voile morbide sur ce Gray Lodge Wisdom.
Le premier morceau est un peu surprenant par rapport qu’on en avait entendu sur le très bon Post-Empire. On ressent d’emblée cette belle mélancolie mais pas encore d’arpège (ça viendra après) juste un petit riff. Il reçoit pour le coup l’aide du groupe The Weather Station (aaah, la voix basse de Tamara Lindeman) et c’est sans doute ce qui rend le morceau un peu différent et devrait aussi logiquement servir de carte de visite pour encore élargir son public. Et puis un peu de paroles désabusées dues sans doute au contexte douloureux. Ce premier morceau égrène donc une liste de questions comme Why singing about life/while I’m still alive. Il arrive à mettre la distance nécessaire pour que ce ne soit pas une longue plainte mais une méditation. Pourtant, il confesse plus loin I don’t have no wisdow/Wisdom is for those who have time.
Admirateur déclaré de Nick Drake, il déroule dès le second morceau un picking savant mais léger qui confine parfois à la véritable virtuosité (Long Live Hudson River) mais arrive à jeter des ponts avec des bâtisseurs de merveilles comme DM Stith. On retrouve tout le charme de l’album précédent. De la mélancolie un peu sourde mais tellement prenante (Do You Love Where You Live) et quand il y un soupçon de violon (les arrangements sont signés Sarah Kirkland Snider, rien que ça) et de piano, c’est encore meilleur (Yeah, I’ll require Your Love). C’est comme ça qu’il trouve un équilibre encore plus travaillé que par le passé, encore plus facile d’accès. Il peut donc étirer une introduction pour qu’un morceau exhale un maximum de parfum (Fate Song).
Sans doute parce que l’album précédent est déjà passé par là, sans doute aussi parce que son talent est encore plus manifeste et lumineux, cet album de Will Stratton a la carrure des amis pour la vie. En voilà un qu’on avait mis bien haut dans la liste des artistes à suivre et qui confirme de la plus belle des manières les espoirs placés en lui. La vie a vaincu et vibre comme jamais.
http://willstratton.bandcamp.com/
http://willstratton.com/
http://talitres.bigcartel.com/
Après un silence de plusieurs années pendant lequel on avait accepté l’idée que la somme Sunlights and Riverlights serait notre album de référence, il était revenu en 2024 avec un EP assez emballant qui donnait l’espoir d’en entendre plus.
Et s’il a attendu 14 ans avant de revenir avec un tout nouvel album sous le bras, ce n’est pas pour passer par la porte de service mais par la toute (…)
Le circuit court est un principe vertueux qui doit s’appliquer à la musique aussi. Ceci a beau être un premier EP, quatre morceaux étant sortis déjà, la surprise est un peu éventée et l’attente attisée. On attendait cette première publication d’importance pour faire un premier point et il est éminemment positif.
Dans la lignée d’une Phoebe Bridgers qui se confirme comme la figure tutélaire (…)
On vous avait déjà parlé de musiques de films, de séries, de documentaires, de spectacles de danse, d’installations et même de restaurants, on inaugure la musique de cirque. Dans le genre, difficile de faire plus raccord que le premier album de Beirut avec ses cuivres balkaniques. Mais le temps a passé et Zach Condon a consacré énormément d’efforts à sortir ce cet étroit carcan musical. Et ce (…)
C’est un chant doux et du piano qu’on entend sur le beau Mater qui lance cet album. Puis les choeurs évoquent plus le classique contemporain. Ce premier brillant morceau fait plus que planter le décor, il anticipe la diversité de ce qu’on entendra sur le sixième album de la musicienne Belge Valérie Leclerc.
Si les références littérales sont rares, on peut néanmoins la situer dans un (…)