Accueil > Critiques > 2003

Muse : Absolution

mardi 8 août 2006, par marc


Le troisième album est depuis toujours considéré comme un moment de vérité ; les groupes s’étant imposés commercialement et artistiquement sur leur deux premiers opus se doivent de confirmer, de décider de leur orientation tout en se montrant à la hauteur des attentes. Qui peuvent être énormes et déçues (Oasis). Ouvrage dangereux donc que celui-ci. car les deux premiers albums de Muse (Showbiz et The origin of symmetry - oublions pour ce propos Hullabaloo, composé de lives et raretés) avaient beaucoup plu et c’est peu dire que l’attente était grande, dopée par deux années entières de prestations scéniques à couper le souffle (nous eûmes le souffle coupé, un après-midi de juin 2001 sur le site de Werchter).

Alors, quoi ? Et bien, il faut l’avouer, nous ne sommes pas déçus (je parle en mon nom, je sais qu’il en est des grincheux qui ne sont pas du même avis). Si plus d’une écoute s’impose, force est de constater que Muse est très haut dans le firmament du rock actuel (et bien seul, depuis que les Smashing pumpkins ont jeté le gant) par la profondeur de ses compositions tout d’abord. Du crescendo de Butterflies and Hurricanes (pièce montée désarticulée et prenante dès la première mesure, comme quand grâce à je ne sais quoi on sait d’instinct distinguer la brise du soir de la tempête qui couve) à la douceur de Blackout en passant par la furie de Tsp, tout le spectre des ambiances est représenté. Par la force de l’interprétation ensuite. Il émane d’une fureur rentrée (le single Time is running out), comme un tigre aux griffes limées. Mais pas fatigué, encore prêt à rugir, à blesser tout qui le prendrait pour une peluche. Les arrangements sans faille de Blackout sont somptueux et les guitares crachent des sons insensés. Si d’aucuns trouvent ça trop aseptisé, il faut reconnaître que beaucoup de cette force est rentrée, mais présente, et ce n’est pas une écoute distraite qui pourra déceler dans cet exemple majeur de ce qui se fait de mieux de nos jours. Muse quitte les bancs des bons espoirs et rejoint les tous grands. (M.)

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • The Divine Comedy – Rainy Sunday Afternoon

    Découverts la même faste année 1994, Pulp et The Divine Comedy constituent toujours des repères 31 ans (ouch...) après. Le hasard veut qu’ils nous reviennent tous deux en 2025, dans une bonne forme qui semble imperméable au passage du temps.
    Le côté résolument hors du temps, hors de ce temps plutôt, facilite sans doute la prise d’âge de la musique de Neil Hannon. Le talent faisant le reste. (…)

  • Pulp – More

    Non, je n’aurais jamais pensé critiquer l’actualité d’un groupe comme Pulp (on en avait parlé ici pourtant). On craint d’ailleurs souvent ces retours venus de nulle part tant la fibre nostalgique permet de plans marketing. Personne ne pense une seconde qu’Oasis se reforme sur des bases artistiques et pour proposer du matériau neuf et excitant.
    C’est dans ce contexte un peu suspicieux que (…)

  • Snapped Ankles – Hard Times Furious Dancing

    Dansante et hédoniste, la musique de Snapped Ankles se veut une distraction volontaire, un mécanisme de survie assumée plutôt qu’un aveuglement négation. Et c’est vraiment vital ici et maintenant. La danse comme manière de rassembler et d’évacuer. Pourquoi pas, surtout que ça n’inhibe pas l’action par ailleurs.
    Surtout que sur le cinquième album de la formation londonienne n’est pas (…)

  • Squid – Cowards

    En matière de critique, tout est question de perception. Certes, on tente de définir le contexte, de placer une œuvre dans une époque au moment où elle se déroule (oui, c’est compliqué) mais souvent, on essaie en vain de définir nos affinités électives. Et puis si on n’arrive pas à expliquer, rien ne nous empêche de partager. Ainsi, on a adoré tout de suite ce que faisait Squid. En alliant (…)