lundi 7 avril 2014, par
Quand c’est oui c’est oui
Etrange évolution musicale que celle de Jeanne Cherhal, commencée dans la queue de comète de la chanson réaliste et qui a viré vers une plus conventionnelle modernité, profitant de son talent vocal pour tenter et parfois réussir l’échappée. Cette fois, elle puise dans le riche passé de la chanson française pour en exhumer quelques bons moments, qui ma foi lui vont très bien au teint. En tous cas, cette façon d’articuler un morceau autour du piano est puissante dès le premier morceau.
Bon, n’allez pas me jeter des pierres tout de suite, mais on sent quelques influences françaises sur cet album. Et pas que des récentes, puisque le souffle des seventies y est présent. Oui, on peut penser à ce que Berger et Sanson on fait. Ce n’est pas la première fois qu’on décèle une nostalgie de cette époque chez un artiste français. Difficile de se retirer ça de la tête une fois que ça y est rentré mais on s’y fait bien vite. D’autant plus qu’elle n’a pas perdu quelques-unes de ses plaisantes spécificités.
Tout d’abord, il y a cette sensualité, présente de façon claire (Bingo) ou plus allusive. D’ailleurs, son air de ne pas y toucher est une vraie arme, et permet d’éloigner quelques étranges surgissements de la gaudriole. Sur Cheval de Feu, on rencontrera ainsi Il fait si chaud dans mon varech/que je pourrais te cuire le steak.
Mais si ce rapport charnel peut servir de fil conducteur, elle n’en élude pas non plus les côtés sombres, notamment au travers du logique mais toujours bon à rappeler Quand C’est Non C’est Non. Pour le coup, elle reçoit le renfort de Camille, Emily Loizeau, Rosemary de Moriarty et La Grande Sophie.
Et puis son ton personnel lui a déjà permis de se frotter avec pudeur aux thèmes les plus graves (le voile, l’excision, ce genre) et elle l’emploie encore pour raconter le drame de Noxolo Nogwaza, assassinée pour son orientation sexuelle dans un coin sombre de Johannesburg. Ne fuyez pas, ce morceau fort, personnel et pas glauque est plus proche de ce qu’elle avait fait sur Astoria d’une anecdote de Juliette Greco.
Même si elle nous a déjà gratifié de reprises traduites, Trop Vieille Pour Mourir Jeune n’est pas une reprise de Timbre Timber mais un petit supplément, une déclinaison légère du temps qui passe, tout comme l’Oreille Coupée est une amusante confession de défauts pas toujours plausibles (on a du mal à l’imaginer en taiseuse par exemple). Sur ce morceau, on entend un bon vieux solo de guitare, habitude qui s’est perdue.
Jeanne Cherhal trouve donc refuge auprès de figures tutélaires un peu éloignées dans le temps (en gros, Berger et Sanson) pour trouver une force et une cohérence purement musicale qui manquait peut-être à ses deux albums précédents. Comme son humour et sa sensibilité n’en sont pas affectées, on est donc très contents de retrouver Jeanne.
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