mercredi 5 juillet 2017, par
Dix ans, il y a déjà dix ans que j’allais au Neumo’s de Seattle voir Malajube et Snowden et que la toute première partie était assurée par un groupe du coin qui n’avait que trois morceaux sur son Myspace (un genre de Facebook sans tes parents) qui en permettait quatre. Je ne m’en souviens que peu, mais j’avais au moins retenu le nom. Quelques mois plus tard sortait un EP brillant puis un album du même calibre et puis ce fut l’ascension verticale, portée par un contexte pour le moins favorable. Mais voilà, dix ans ont passé. Et depuis, leur ancien batteur, Josh Tillman fait une belle carrière en tant que Father John Misty, Robin Pecknold a repris des études et ils ne sont plus sur le mythique label Sub Pop.
Certes, leur Helplessness Blues était très bon, mais l’époque ne semble plus vraiment propice à des formations pareilles. Ce n’est pas important en fait, ils ont su faire fi d’une attente forcément attisée par la longueur. Six ans dans le contexte actuel ou n’importe lequel en fait, c’est plutôt long. On ne cite plus Animal Collective comme référence d’un groupe sur deux, hipster est un mot que même vos parents connaissent (alors qu’il date de la génération de vos grands-parents mais ce n’est pas le propos), Pitchfork ne fait plus les réputations, l’indie est encore plus difficile à définir et puis les harmonies vocales qui avaient connu leur apogée avec leurs premiers albums ne sont plus trop employées. On va donc avec plus de quiétude pouvoir évaluer si ce Crack-Up tient la route.
Ils ont même poussé le sens du détail pour faire repartir le premier morceau de cet album exactement où le dernier de Helplessness Blues avait s’était arrêté et si cette façon d’assurer la continuité peut sembler forcée, l’auditeur qui les connait ne sera pas décontenance. Tout au plus faut-il attendre un peu plus pour que tout percole, que les détails qui font plaisir émergent d’un tout très cohérent. Comme le violon et la belle envolée au milieu de Cassius, les beaux entrelacs de Mearcstapa qui semblent partir en roue libre mais ne quittent jamais la route.
Les harmonies vocales sont toujours là, fières mais c’est surtout la voix de Robin Pecknold qui tient les avant-postes. On dénote aussi du souffle sur Third of May/Odaigahara et Kept Women est une bien belle chose. C’est leur façon unique, qui, à l’instar de celle de Grizzly Bear, rend leur musique légère, presque en apesanteur. Fool’s Errand est un exemple de ces morceaux qui cache une vraie intensité.
Voici encore un album qui plaira majoritairement à ceux qui prennent leur temps. Loin d’être indolent, la troisième réalisation du groupe de Seattle est dense dans le fond en semblant léger de forme. Mais il s’impose assez vite comme une œuvre définitivement hors du temps, détachée du contexte de leurs débuts et confirme leur talent pour offrir des albums à la forte personnalité.
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