Accueil > Critiques > 2024

La Cozna – Ni Nuit Ni Jour

lundi 2 septembre 2024, par marc


En matière de reprises, ce qui importe souvent plus que le matériel repris, c’est la façon de reprendre, le regard posé sur l’œuvre. Le matériau de base est une collection de morceaux très anciens, collectés au XXème siècle par des Alan Lomax hexagonaux. Ils décrivent par la bande la condition féminine rurale de leur époque et sont non seulement des témoignages précieux, mais ont été choisis pour leur écho aux combats féministes actuels. Ce n’est pas une première, on se souviendra de Laïs et son (Houw Uw) Kanneke qui traitait d’un féminicide (ce mot n’existait pas) très ancien mais musicalement, c’était plus convenu.

Les textes anciens et la voix haute et très maitrisée de Clémence Baillot d’Estivaux sont évidemment parfaitement en place, mais la musique va bien plus loin que des arrangements plan-plan et tout risque de joli est évité avec brio. Nommons donc les musiciens Clémentine Ristord (clarinette basse, saxophones, boîte à bourdon), Pierre-Antoine Despatures (contrebasse, percussions) et Benjamin Garson (guitares) parce que cette réussite est la leur.

Les arrangements sont en effet un peu plus aventureux que dans le tradi. Marguerite par exemple un intéressant contrepoint entre une belle mélodie classique et des respirations musicales aventureuses mais jamais rèches. Il faut dire qu’ils s’aventurent au-delà des instruments ‘classiques’ et Les Transformations en devient presque inquiétant. Et ça da des cordes dramatiques de Là-Haut Dedans La Tour à l’électricité sèche de Les Amants Sont Volages.

Une idée originale et aboutie et une exécution, Ni Nuit Ni Jour est un album qu’on aborde par curiosité et sur lequel on revient par conviction. Laissez-vous tenter.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

  • Jeanne Cherhal - Jeanne

    Jeanne Cherhal est une chanteuse moderne. Elle n’a en tous cas jamais reculé devant la dualité entre chansons d’amour et chansons sur la condition féminine, on ne décèle ici aucune déviation de sa trajectoire en la matière. Paradoxalement, c’est le conseil mal informé d’un exécutif de maison de disque qui lui a suggéré que ça pourrait être pas mal, pour elle, d’écrire des chansons féministes (…)

  • Nicolas Jules – Rock ’n Roll Marabout

    “Un disque de rock’n’roll en solo. Tout comme le chanteur sur la pochette n’est pas Chuck Berry, l’oiseau n’est pas un marabout mais un jabiru d’Amérique.”
    Même la lacunaire introduction est du Nicolas Jules pur jus, ça ne change pas. Ce qui change, et c’est une excellente nouvelle c’est que ses albums sont disponibles sur Bandcamp, qui reste une façon efficace de soutenir les artistes et (…)

  • Albin de la Simone - mes battements/Toi Là-Bas

    Normalement, on se concentre exclusivement sur l’aspect musical des choses. Même les musiques de film, série ou danse sont vues pas le simple prisme auditif. On va faire une exception ici parce qu’on l’a lu, Mes Battements d’Albin de la Simone. Et on a bien fait tant c’est un bonheur de sincérité et d’humour. Ce sont des anecdotes, un peu, des histoires courtes, des instantanés écrits et (…)

  • The Imaginary Suitcase – A Chaotic Routine (EP)

    Oui, les choses changent, même pour les compagnons musicaux de longue date. Et même après une dizaine d’oeuvres relatées ici, on constate ce changement dès la pochette. On passera sur le changement de police de caractère pour se concentrer sur les visages, présents pour la première fois. Et puis constater que Laurent Leemans n’est plus seul à bord, même si les autres noms ne sont pas (…)