mardi 18 septembre 2007, par
Le vrai génie est discret
Pour une fois, je n’ai pas vraiment envie de rentrer dans le détail, chercher des ressemblances, d’éventuelles influences, d’en préciser morceau par morceau la composition. La conclusion sera la même de tout façon : si vous connaissez déjà vous allez continuer à bien aimer ça. Si vous ne vous y êtes pas encore frottés, il faut le découvrir. Serait-ce une façon déguisée de réanimer les critiques express de l’ancienne mouture du site ? Que non pas. Je vais quand même tenter de clarifier mon point de vue.
Il faut dire les choses comme elles sont : le manque de popularité de Mike Talbot et de son projet Gravenhurst est une des injustices les plus navrantes de notre temps. Alors que les unes sont trustées par des groupes ayant plus de gueule que de talent (non, ne comptez pas sur moi, vous pouvez vous faire une liste à votre guise), des albums commeFire In Distant Buildings étaient bouleversants et ont eu relativement peu d’écho. La faute à qui ou à quoi ? A la discrétion de Mick Talbot ? Il n’est en tous cas pas une de ces éphémères sensations anglaises (ils viennent de Bristol) qu’on doit bruler par paquet de trente pour un Arctic Monkeys ou un Franz Ferdinand dont les seconds albums étaient écoutables jusqu’au bout. Je ne connais jamais la tête des groupes que je n’ai pas vus en concert (eux je les ai vus, c’était un grand moment), je ne regarde pas les clips, je n’écoute que les infos à la radio, donc ce genre de comportement me désole. Voir un très bon concert dans une salle pas remplie est certes confortable pour le spectateur mais aussi un peu déprimant pour l’artiste. Ne noircissons pas outre mesure le tableau, le succès d’estime est réel, les critiques sont souvent très bonnes, ce n’est pas un Van Gogh de la guitare tout de même…
Il faut quand même que j’apporte quelques arguments pour ne pas passer pour le bougon de service, ce qui va un peu contredire le premier paragraphe. La qualité jamais démentie de Gravenhurst, c’est un sens mélodique inouï. Les quelques notes qui surgissent à trente secondes de la fin de Saints sont tellement bien mises, fourniraient un gimmick imparable pour n’importe qui mais ici, non, elles sont juste là pour illuminer la fin d’un morceau et rien d’autre. Car quand on pense à Gravenhurst on pense d’office à la six-cordes, même si d’autres instruments viennent la relever. Evidemment il chante, d’une voix de tête assez jolie, mais il faut le voir comme un complément indispensable à la guitare plus que comme l’instrument qui mène la manœuvre. Donc, quand la voix ne survient pas, on n’est pas déçu tant un morceau instrumental peut être largement assez dense et prenant. Mais ce n’est jamais virtuose, jamais démonstratif. Juste une bonne interprétation d’une composition inspirée. Car si rien n’est fait comme effet de manche, l’intensité est là, présente, entêtante, au détour d’un arpège de guitare désarmant de simplicité.
Il faut attendre la toute fin du disque pour que la distorsion se fasse entendre. Ca partait pourtant doucement, par une de ses habituelles douceurs. Mais bon, de temps en temps, l’envie de lâcher les chevaux se fait sentir sans doute. Précisons quand même que ce n’est jamais mollasson, puisqu’on constate une pulsation velvetienne à Hourglass et même un morceau carrément uptempo (Hollow Man). Bornons-nous à dire qu’il n’y a plus les zébrures électriques présentes sur l’album précédent, pas plus que les longs morceaux. Il revient donc un peu à la manière plus acoustique de ses deux premières réalisations.
Comme prévu, je ne vais pas donner de préférences entre les morceaux, même si j’en ai. Par contre, il faut que je vous prévienne que je n’ai pas trouvé de titre à la traîne du reste. Ce qui est une marque de grand album, qui renvoie à certains classiques du genre comme Spain (Grand Union Canal).
Loin des modes, loin des déclarations fracassantes, loin des groupes qui passent plus de temps chez le photographe qu’en répétition, Nick Talbot trace son chemin pour lui et tous les fans transis de Gravehurst qui retrouvent album après album ce qui constitue une des plus précieuses discographies actuelles.
Ecoutez une interview et quelques morceaux acoustiques sur radiolibre.be
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