vendredi 4 janvier 2008, par
Hors du temps mais pas vraiment
Encore un ovni musical. Enfin, soyons juste, il n’y a rien qui puisse immédiatement dérouter chez Moriarty (le méchant dans les romans de Conan Doyle) en première analyse. C’est quand la variété est révélée, que les subtilités se révèlent qu’on peut appréhender le côté inclassable de ce country-folk qui use des clichés pour mieux s’en jouer. Avec réussite comme nous allons le voir.
Moriarty repose sur un line-up franco-américano-canadien à ce que j’en ai compris, vu qu’ils pratiquent le brouillage de pistes volontaire. C’est sans doute pour ne pas polluer par des considérations biographiques réelles la cohérence de la démarche. Ce qui frappe d’emblée, c’est la très belle voix de Rosemary, pouvant faire passer avec subtilité toute la diversité des ambiances distillées, de la balade faussement gentille (le très réussi Private Lily) au plus inquiétant et tout autant réussi bastringue d’Animals Can’t Laugh (And you’re animal too/Sorry for you y est-il dit).
Dans le détournement des clichés musicaux du sud des États-Unis (voire d’une certaine tradition folk européenne), on pense à Woven Hand mais plus dans l’intransigeance de la démarche que dans le résultat, moins halluciné. Autre point commun, une sensation d’intemporalité qui se dégage. Même s’il faut nuancer la remarque par l’intrusion d’éléments (sushis, pizzas, M16) qui ancrent ces histoires dans notre quotidien. Mais du reste n’est-ce pas une caractéristique historique du folk ?
Evidemment, certains titres paraissent assez classiques (Motel) dans le registre blues mais comme c’est impeccablement exécuté on n’y voit aucun inconvénient. Moins classique est la percussion à la valise qu’ils revendiquent (une machine à écrire fait l’affaire sur Jaywalker). Je ne laisserai de toute façon pas passer l’occasion de vérifier ça. Un univers pareil doit sans doute prendre toute sa saveur en concert si vous voulez mon avis.
On est parfois proche du pantomime (LovelinessE) et c’est cet amour de la performance qui les distingue. On sent qu’on est là pour plus qu’un banal enchaînement de chansons. Mais pas de bonne musique sans l’intensité. Et ils savent comment l’installer. Par exemple en insérant une rampe de lancement instrumentale au très langoureux Cottonflower où la voix montre encore sa capacité à évoluer dans plusieurs registres. Mais aussi en reposant sur des mélodies vraiment faciles comme Fireday. Une petite guitare, une voix, et ce n’est pas minimaliste, juste suffisant
Semblable à de l’américana haut de gamme en première écoute, Moriarty distille au fur et à mesure de la connivence un réel esprit, renforçant les qualités individuelles des chansons. Ils intéressent dès la première écoute mais il faut leur laisser la chance de montrer tout leur potentiel qui se situe au-delà du classicisme de façade.
Pour vous faire une idée, il y a leur Espace et un post sur Radiolibre.be
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