Accueil > Critiques > 2023

Clara Engel – Their Invisible Hands

mercredi 8 février 2023, par marc


D’emblée hantée, la musique de la Canadienne (de Toronto) Clara Engel est taillée pour la fascination. Et on le sait, ce n’est pas un sentiment facile à définir ou tracer. Si vous préférez une description piste-par-piste qui n’en déflore pas le mystère, elle s’en charge elle-même.

Cet album réclame peut-être un peu d’investissement, ou en tous cas un contexte propice. Si c’est une possibilité, ce serait dommage de la cantonner à la musique d’ambiance. On y entend pourtant des ombres de voix avant qu’elle ne prenne les avant-postes. Il s’agit d’une mise en musique d’un poème de Yeats, The Stolen Child.

Il ne faut pas tourner autour du pot, c’est beau, indéniablement. Lent, hanté, lancinant. Quand on retrouve des bribes de violoncelle sur Dead Tree March ou Murmuration, on écoute des morceaux un peu répétitifs, modulé par l’humanité indéniable de la voix de Clara, dégageant une lenteur recueillie (High Alien Priest). Souvent d’ailleurs les instruments n’en sont pas (percussions sur des boîtes à cigare, ce genre) mais c’est l’évocation qui est privilégiée. Ce qui n’empêche pas une belle tenue mélodique (Golden Egg, High Alien Priest), voire une petite pulsation sur Magic Beans.

Le résultat est un peu austère sans doute, très instrumental mais c’est aussi un de ses charmes. On peut penser aussi aux ambiances dégagées par les premiers albums de Lisa Germano mais où l’ironie aurait fait place à la contemplation.

J’espère qu’il y a dans votre existence des moments où ce genre de beauté peut percoler. Loin des plaisirs immédiats, cet album de Clara Engel est long en bouche, pousse à faire un petit pas de côté pour se frotter au monde qui nous entoure.

    Article Ecrit par marc

Répondre à cet article

2 Messages

  • Ella Ronen – The Girl With No Skin

    Fuck Cute/I’m Tired of Cute/Cute has never served me
    Il ne faut pas se laisser tromper par la délicatesse d’Ella Ronen. Si on est séduit d’emblée par les plaisirs doux qui ne sont pas sans rappeler ceux de Marie Modiano (référence ancienne on en convient...), la jolie voix propose une écriture plus profonde, sans doute parce qu’elle repose sur un substrat qui a son content de drames.
    Une des (...)

  • Tomasso Varisco – These Gloves

    Les amis de nos amis (même récents) deviennent bien vite nos amis. En découvrant Stella Burns il y a peu, on ne savait pas que d’autres artistes se cachaient derrière comme Tommaso Varisco auquel Stella Burns prête ici main forte. Si ceci est moins marqué par l’americana mais c’est évidemment ce genre de terreau qui l’inspire. On est donc invités dans un road trip. Mais pas sur la route 66, ce périple (...)

  • Stella Burns - Long Walks in the Dark

    L’influence culturelle des Etats-Unis est telle que même les plus endémiques de ses expressions sont reprises partout dans le monde. Le cas de l’Americana est assez typique, on en retrouve des partisans tout autour du globe et c’est d’Italie que provient celui-ci, nommé Gianluca Maria Sorace mais officiant sous le nom de Stella Burns.
    Sa voix est belle et claire et reçoit aussi le renfort de Mick (...)

  • Harp - Albion

    Si le nom de Harp n’a jamais été évoqué ici, on connait bien l’instigateur de ce projet qui n’est autre que Tim Smith. Lui qui fut jusqu’au sublime The Courage of Others chanteur de Midlake a en effet quitté le groupe de Denton, Texas depuis belle lurette pour se lancer sur un autre chemin, accompagné de son épouse.
    Cette division cellulaire est un peu semblable à celle de Menomena qui a continué sa (...)