samedi 21 février 2015, par
On est parfois surpris de ne pas l’être. Découvrir un groupe qu’on ne connait pas n’est pas rare, surtout vu le nombre presqu’illimité de formations. Par contre, en trouver un qui additionne autant de points pour attirer mon attention, c’est déjà plus rare. Siskiyou est une formation canadienne, signée sur le légendaire label Constellation (Godspeed, ce genre), formé par un ancien (Colin Huebert) et un actuel membre (Erik Arnesen) des très bons Great Lake Swimmers. Quand j’aurai précisé qu’ils ont aussi invité Owen Pallett, vous aurez compris que je ne pouvais que croiser la route de la formation.
D’ailleurs, comme si ça ne suffisait pas, les défenseurs de cet album qui est en train de se forger une flatteuse réputation brandissent une comparaison avec l’Arcade Fire « d’avant ». N’en jetez plus, lançons-nous tout de suite dans ce Nervous. Et commençons par évacuer cette encombrante référence au couple Buttler-Chassagne. D’accord, quand la voix de Colin Huebert monte pour gorger Oval Window d’intensité, elle peut faire penser à celle de Buttler, mais si elle est vraiment expressive, cette ressemblance n’est pratiquement jamais littérale.
Certes, le petit clavier sur l’excellent morceau Imbecile Thoughts pourrait renvoyer au groupe de Montréal. D’accord, Babylonian Proclivities pourrait figurer sur The Suburbs, mais ce ne sont que de maigres références, bien éloignées des quasi-plagiats exécutés avec plus ou moins de soin (Of Monsters and Men, ce genre). Et puis surtout la musique de Siskiyou est bien personnelle, finalement semblable à elle-même et presque rien d’autre. Dans la même veine, on pense que les fans de Fanfarlo ou Other Lives seront les plus à même de succomber.
Il y a en effet un panache discret qui n’en fera jamais des faiseurs d’hymnes. Peut-être d’ailleurs y-a-t-il une origine médicale à cela. Le chanteur Colin Huebert a en effet souffert d’hyperacousie, condition qui réduit la tolérance à certains sons, obligeant un enregistrement à faible volume. Sans doute est-ce ce qui rend ces morceaux discrets, subtils et équilibrés. Aériens aussi puisque le premier morceau semble être en apesanteur, uniquement relié à la terre par le saxophone de Colin Stetson invité pour l’occasion.
Cette apesanteur se retrouve d’ailleurs à plusieurs occasions dont un très inspiré Babylionian Proclivities, et les rares explosions n’en prennent que plus d’ampleur (Oval Window), et ne cèdent jamais au spectaculaire gratuit. Les guitares de Jesus In The Seventies sont plutôt curesques, amènent un climax avant de rétracter leurs griffes. De même, la tension de Violent Motion Pictures est complètement rentrée. Cette discrétion rappelle aussi le très sous-estimé dernier album de Pulp.
Arrivés à ce point de l’article, vous savez déjà si Siskiyou est pour vous ou pas (si vous ne les connaissiez pas encore du moins). Leur fausse discrétion les réserve sans doute à u auditorat friand de subtilité et d’humanité qui ne se repait pas de clinquant.
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