jeudi 13 septembre 2018, par
Post-rock et musique de film. L’association semble tellement frappée du sceau de l’évidence qu’on s’étonnerait presque de voir des sorties d’albums du genre sans support visuel. De plus, comme ces escapades restent dans la continuité de leur style, l’exercice de la musique de film n’est qu’un contexte et c’est bien le nouvel album de Mogwai qu’on écoute ici.
Leur style s’adapte donc au sujet, l’exemple le plus frappant étant la musique de la série française Les Revenants. D’une manière générale c’est plus évocateur et plus linéaire que ce qu’on entend sur leurs albums studio. Ils privilégient souvent le clavier pour ces occasions, c’est une particularité qui les distingue des albums.
La formation écossaise est un rare exemple d’un groupe dont on voir se diversifier la palette sonore, dont on a l’impression qu’ils sont en constant apprentissage. Certes, le résultat peut apparaitre comme un peu lisse parfois mais avec leur rythme de parution régulier, on suit leur évolution au plus près.
Les structures du son sur Flee sont assez bluffantes et denses. Ça monte sans jamais devoir enfoncer brutalement les pédales de disto en série. Cela dit, il reste quelques poussées bien senties (Donuts) qui font leur petit effet, la giclée d’euphorie lente que viennent chercher les accros du genre. Ils n’ont en effet pas vraiment besoin d’augmenter le tempo (Guns Down) et ils s’éloignent depuis longtemps des ruptures de rythme ou du loud-quiet-loud qu’ils ont poussé assez loin à leurs débuts il y a 20 ans.
Parfois aussi, on se dit que ça manque un peu d’enjeu même si la tension reste là (Kin) et on sent ici un peu plus leurs inclinations plus romantiques (toutes proportions gardées bien entendu) que, disons, 65 Days of Static, autre formation du genre très à l’aise avec l’illustration sonore.
Comme dans les bonnes histoires, on termine en chanson. Ça ressemble donc à du shoegaze, à de la dream-pop mais avec un son inaccessible aux autres formations du genre, de quoi stopper la carrière de tous les Moby de la planète. Ça s’appelle We’re Not Done et c’est assez idoine.
Comme souvent quand un groupe de post-rock se frotte à l’exercice particulier mais pertinent de la musique de film, on peut se passer de l’image pour parler du nouvel album. Celui-ci se place très logiquement dans la continuité des autres. S’il a une coloration particulière due à l’exercice, il confirme le statut rare d’une formation qui est dans un genre de niche mais a une évolution indéniable et une maîtrise de son sujet qui en font tout simplement une des formations rock les plus importantes de notre époque.
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