jeudi 29 mai 2008, par
Frères d’armes
Une fois n’est pas coutume, ce n’est pas au rayon disque que vous trouverez l’album dont il est question aujourd’hui mais au milieu des bouquins. L’association de l’écrivain Arnaud Cathrine et du chanteur Florent Marchet prend en effet la forme d’un livre agrémenté d’un cd. C’est un objet différent donc, mais le livre ne reprenant que ce qui est chanté, on ne sort pas du cadre strict de ce site.
Nous suivons Florent Marchet depuis le début, et depuis ce temps-là on le défend. Ce n’est pas encore ce Frère Animal qui va nous voir le lâcher. Après un premier album très prometteur, Gargilesse, qui traitait déjà de la vie en province, avec un ton à lui mais pas encore vraiment distinct, il a affiné l’écriture et surtout les arrangements sur Rio Baril, qui l’a désigné comme incontournable dans le paysage hexagonal. L’écrivain, quant à lui, a signé plusieurs livres pour l’Ecole Des Loisirs (livres pour la jeunesse) et sept romans pour les éditions Verticales, qui publient ce Frère Animal. Comme il a signé les textes de quatre titres sur Rio Baril, la transition sera facile pour l’auditeur. Les styles de Cathrine et de Marchet sont d’ailleurs fort proches, naturalistes, directs, et inspirés. Difficile aussi à une oreille distraite de faire la différence entre leurs parties respectives des rôles qu’ils jouent.
Ce Frère Animal est une histoire. Enfin, pas vraiment, plutôt un entrelacs de portraits croisés, d’un portrait de famille (très masculin d’ailleurs). Il y a bien une progression dramatique, mais plus comme dans l’ Homme à La Tête de Chou ou Melody Nelson de Gainsbourg. Le père fidèle à sa résignation, un des fils brillants, l’autre rêveur qui ne veut pas se laisser engloutir par une machine trop huilée, ce sont les principaux acteurs. Pas des figures glamour donc pour cette vie en province, avec ses destins normalement tracés dans une entreprise locale toute-puissante, les indispensables compromis de la vie, les gens détestables ou sympathiques qu’on peut y croiser. Et, comme dans Rio Baril, un burn-out clôture le tout. Evidemment, le ton est plutôt sombre, mais pas le traitement, qui montre toujours une belle vitalité.
Dans ce contexte, isoler un morceau est un peu inutile. Le ton parlé-chanté ne pardonne rien, ne laisserait passer aucune mièvrerie, aucun sentimentalisme. Et de fleur bleue, il n’est pas vraiment question. De sensibilité sans doute, mais pas de sensiblerie. On n’est pas dans la comédie musicale, style qui m’est odieux entre tous (les dialogues ne sont pas chantés, sans quoi je n’en parlerais même pas).
La musique est toujours inventive, très sobre et à haute teneur mélodique (Le Vieil Enfant). Le contraste est parfois flagrant entre la douceur de la La Chanson du DRH et la dureté des termes du protagoniste. C’est en tous cas chaque fois agencé comme une chanson, avec de vrais refrains, et certaines poussent la logique plus loin comme Entre Les Mailles Du Filet et Désolée chantées par Valérie Leulliot (Autour de Lucie).
Le doute n’est plus permis maintenant, Florent Marchet est un des artistes français les plus passionnants du moment. On en sait pas si on le préfère dans ces exercices plus concrets ou dans un format plus courant mais on attend la suite. Sans doute trop âpre dans ses sujets pour aspirer à une large diffusion, son talent d’arrangeur s’affirme encore. A vous d’en profiter.
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